Udine 2000

Remerciements à Julien Sévéon pour son aide durant le Festival (East Side Stories)

2000 AD (2000) Gordon Chan

Très grosse déception que cette boursouflure du réalisateur de Beast Cops. Cette coproduction entre Singapour et Hong Kong bénéficie d'un scénario incompréhensible (une vulgaire histoire d'espionnage avec virus informatique et avions à réactions, digne d'un James Bond) et d'acteurs au cabotinage risible (même Francis Ng - très bon acteur - campe ici un Tommy Lee Jones chinois, tout en regards et en rictus; et mention spéciale à Daniel Wu, aussi mauvais que dans Purple Storm). Seules quelques "belles" séquences d'action surnagent dans ce naufrage.

 

ATTACK THE GAS STATION! (1999) Kim Sang-jin

La nouvelle vague sud-coréenne a trouvé son film phare. Quatre jeunes délinquants embarquent pour une nuit d'anarchie en attaquant une station service. Cette métaphore d'une société contestée par la jeunesse sud-coréenne est sûrement l'aspect du film qui en a fait un gros succès en Corée du Sud. Ceci dit, Kim Sang-jin n'évite toujours pas les tics de mise en scène et sacrifie son film à une certaine " mode ". Mais le film reste assez drôle, car le réalisateur traite son sujet, intelligemment, sur le mode de la dérision.

THE BLUE IN YOU (1992) Lee Hyeon-seung

Quel très mauvais film. La présence de la belle actrice Kang Soo-yeon ne sauve même pas le film du désastre. Avec son esthétique à la Besson-Beneix - on retrouve d'ailleurs dans le film les affiches du Grand Bleu et de 37°2, Le Matin - et sa mode années 80 (alors que le film date de 1992), ce véritable navet possède toutes les qualités d'une pub pour déodorant.

EATING AIR (1999) Kelvin Tong & Jasmine Ng

Dans la mouvance de Attack The Gas Station!, le film décrit une jeunesse singapourienne en décalage par rapport à la société dans laquelle ils évoluent. Mais là où le film sud-corréen réussissait (décalage par rapport au propos, personnages forts), Eating Air propose des personnages peu crédibles et la romance qui s'établit entre les deux personnages principaux n'arrive pas à émouvoir. Comme sont titre l'indique bien, durant ce film on "mange de l'air".

 

FIGHT BACK TO SCHOOL (1991) Gordon Chan

Epaulé par Gordon Chan à la réalisation, Stephen Chiau offre avec Fight Back To School un de ses meilleurs films. Même si le film s'essouffle dans sa dernière partie, il n'en reste pas moins un spectacle de très bonne facture aux gags savoureux. Chiau doit enquêter dans une école; il se fait alors passer pour un élève. Le comique est irrésistible dans ce rôle et cela lui permet d'utiliser l'incroyable éventail d'émotions dont il dispose (entre innocence et colère).

 

FLY ME TO POLARIS (1999) Jingle Ma

Quel mauvaise surprise que ce film du directeur de la photographie de Comrades: Almost A Love Story (Peter Chan). Ce n'est qu'un vulgaire remake de Ghost. Un film lacrymale, donc. Seul la présence de Cecilia Cheung, dont la voix est magnifique, mérite un intérêt. Après King Of Comedy elle se révèle, en plus d'être une des plus belles actrices de Hong Kong, avoir de vrais talents d'actrice.

FORBIDDEN CITY COP (1996) Stephen Chiau & Vincent Kuk

Stephen Chiau s'attaque ici à parodier les films en costumes. S'il reste quand même une intrigue à la James Bond, le personnage qu'il campe est assez proche de Wong Fei-hung. Chiau joue ici le rôle de Double-O Fat un agent spécial de l'empereur et surtout inventeur extraordinaire. Ce qui, bien sur, va être l'occasion d'inventions visuelles aussi folles les unes que les autres (le combat d'aimant, la bouche-mitraillette, etc.).

FROM BEIJING WITH LOVE (1994) Lee Lik-chee & Stephen Chiau

Le film le plus faible de Stephen Chiau. A part quelques moments drôles, cette parodie de James Bond est quand même assez convenue et peu inventive au regard de King Of Comedy ou Fight Back To School.

 

GIRL'S NIGHT OUT (1998) Im Sang-soo

Ce film sud-coréen, au ton très libre, narre l'histoire de trois jeunes femmes d'une trentaine d'année à la sexualité très épanouie. Le film démarre par des dialogues très crus où la la gente masculine n'est pas épargnée. On a sûrement jamais aussi bien montré en Corée du Sud la libido féminine. Dans un rôle assez difficile, la très belle actrice Kang Soo-yeon est formidable. Ce film empreint de fraîcheur et de bonne humeur laisse un arrière goût d'optimisme.

GORGEOUS (1999) Vincent Kuk

Fiche du film

THE HARMONIUM IN MY MEMORY (1999) Lee Young-jae

Ce beau premier film est une sorte de 400 Coups sud-coréen; toute proportion gardée, bien sur. Situé en 1963, dans un village reculé, il compte l'histoire d'un jeune instituteur de 21 ans, qui va peu à peu se révéler indispensable à ses élèves. Les bons sentiments sont légions dans ce film qui, avec délicatesse et sensibilité, arrive à concilier drame et comédie.

HOROSCOPE 1: THE VOICE FROM HELL (1999) Steve Cheng

Horoscope 1 est un très mauvais film d'horreur hongkongais. Au lieu de traiter son histoire (des fantômes hantent l'appartement voisin d'une étudiante en psychologie) humblement et sérieusement, le réalisateur s'efforce d'être comique, ce qui nuit au film. Le résultat est un film débile et ridicule.

HYPNOSIS (1999) Masayuki Ochiai

Dans la mouvance de Cure et de Ring, le renouveau du cinéma fantastique est entre les mains des réalisateurs japonais. Ils sont passés maîtres dans l'Art de distiller les angoisses et de provoquer la terreur par le médium cinématographique. Un nouveau venu, Masayuki Ochiai, inscrit son film dans la lignée du Cure de Kyoshi Kurosawa. Mais, si le début du film se révèle assez lent et bavard, la seconde partie, terrifiante et oppressante à souhait fait régner une tension viscérale et le spectateur n'en sort pas indemne.

KAZOKU CINEMA (1998) Park Chul-soo

Une jeune femme voit sa vie et son appartement envahit par une équipe de cinéma. C'est l'idée originale de ce film sud-coréen entièrement tourné au Japon et en langue japonaise. Mais c'est bien la seule idée intéressante du film. Celui-ci se révèle lent, verbeux et ennuyeux et le réalisateur échoue à ne pas travailler son idée jusqu'au bout.


KING OF COMEDY (1999) Lee Lik-chee & Stephen Chiau

Fiche du film

 

 

 

LUNAR ECLIPSE (1999) Wang Quan'an

Voici peut être le plus beau film de cette semaine. Ce premier film d'un réalisateur chinois de 39 ans, diplômé de l'école de Cinéma de Beijing, est proprement hallucinant. Comme il est inscrit sur l'affiche, le film pourrait se résumer par "2 histoires, 1 femme/2 femmes, 1 histoire". L'histoire que nous conte Wang Quan'an est merveilleuse: un photographe tombe amoureux d'une femme qui ressemble étrangement à une femme qu'il a connu. Toutes deux ont une maladie cardiaque et sont jouées magnifiquement par l'actrice Yu Nan (filmée amoureusement par le réalisateur).

Très inspiré par la Double Vie De Véronique de Kieslowski avec des relents de Lost Highway de Lynch (sans oublier la matrice de tous ces films, Vertigo d'Hitchcock), ce premier film sublime, maîtrisé et d'une beauté à couper le souffle est une incroyable surprise.

A MAN CALLED HERO (1999) Andrew Lau

Tourné avec la même équipe que Stormriders, cette suite non officielle du plus gros succès de l'histoire du cinéma hongkongais est assez mauvaise. Elle ne vaut que pour la beauté de Shu Qi et l'apparition de Yuen Biao. Les effets spéciaux sont assez approximatifs (la séquence finale sur la Statue de la Liberté est à ce titre assez ratée), le film met une heure à démarrer (durant laquelle on s'ennuie ferme) et les combats à l'exception de celui contre le maître japonais sont de piètre facture.
Après Stormriders, on se rend compte qu'Andrew Lau n'est décidément pas fait pour filmer des combats. D'où l'utilisation des effets spéciaux pour lui venir en aide (ce qui fonctionne un peu dans Stormriders, mais plus du tout dans A Man Called Hero). On attend toujours la "performance" de l'acteur; mais Ekin Sheng n'est pas Jet Lee et Andrew Lau n'est pas Tsui Hark, et A Man Called Hero encore moins Once Upon A Time in China.

METADE FUMACA (1999) Riley Ip

Quelle réjouissante surprise. Après Love Is Not A Game But A Joke, film amusant mais très décevant, il commence à poindre chez Riley Ip des tics d'auteur. Son sujet est plus ambitieux et sa mise en scène de toute beauté. Eric Tsang est très touchant dans le rôle d'un mafieux qui revient à Hong Kong retrouver son ancien amour (encore une fois la superbe Shu Qi). Il forme avec le beau Nicholas Tse un couple au rapport père-fils que le réalisateur traite d'une manière intelligente, mélancolique et nostalgique. Quelque fois, certaines explosions poétiques de toute beauté perforent le film (le visuel de ces séquences ne doit d'ailleurs pas être étranger au directeur de la photo qui est celui de Fruit Chan).

THE MISSION (1999) Johnnie To

Un excellent polar de Johnnie To qui au fil des films devient un réalisateur de plus en plus intéressant. Une histoire toute simple met en relation plusieurs gardes du corps qui doivent protéger le boss de Simon Yam. Parmi ces gardes du corps se trouvent deux des meilleurs acteurs hongkongais du moment: Anthony Wong et Francis Ng. Entre quelques morceaux de bravoures (des gunfights magnifiquement filmés), Johnnie To laisse sa caméra se poser sur ses personnages et les relations qu'ils entretiennent au sein de ce clan de gardes du corps.

C'est superbement maîtrisé et très personnel : du grand Johnnie To.


MY HEART (1999) Bae Chang-ho

Le voilà le film "à Festival". On dirait que ce film a été formaté pour participer à des festivals. Dans ce film sud-coréen, une femme vieillissante se souvient de ses années passées et raconte son histoire. Le réalisateur expose un assez beau portrait de femme (le rapport qu'entretient le personnage principal au monde, aux hommes et à la modernité est finement décrit), mais sa mise en scène est d'un classicisme déconcertant. On est devant du théâtre filmé et certains plans sortes tout droit d'un guide touristique ou de cartes postales.

 

NANG NAK (1999) Nonzee Nimibutr

Nang Nak est un film magnifique, une histoire de fantôme comme l'on en voit très rarement au cinéma. Nimibutr est un réalisateur prometteur (il a déjà mis en scène un film de gangster) et les qualités formelles qui sont à l'œuvre dans son film sont impressionnantes. Mak quitte son village et sa femme, Nak, pour la guerre; lorsqu'il revient, sa femme est morte en accouchant et il devra vivra avec deux fantômes. Le film est d'une beauté plastique ahurissante et son traitement du son est hallucinant de réalisme. L'histoire et les évènements qui en découlent son tellement limpides que l'on peut se passer de sous-titres et admirer ce superbe poème visuel comme un conte de fée magnifique.

THE PERSONALS (1999) Chen Kuo-fu

Même si le film se révèle dans son ensemble assez moyen, il reste la présence de René Liu pour attirer notre attention. Film du réalisateur taiwanais, Chen Kuo-fu, The Personals montre un personnage féminin qui passe des petites annonces pour trouver l'âme sœur. L'actrice René Liu - véritable révélation du festival (cf. Siao Yu) - campe cette femme délicate qui fait " passer des auditions " à plusieurs hommes dans le but de choisir celui qui lui convient. Si les atouts du film sont la beauté et l'interprétation de l'actrice, la narration est d'un classicisme quelque peu rébarbatif. En effet, le film juxtapose des séquences d'entretiens entre la femme et les hommes qui répondent aux petites annonces, à des séquences qui montrent le personnage féminin au travail. Cela devient très vite répétitif et monotone. Reste la présence de René Liu…

PURPLE STORM (1999) Teddy Chen

Le blockbuster type. D'une stérilité formelle et scénaristique à toute épreuve, ce film de Teddy Chen est aussitôt vu et aussitôt oublié. L'histoire : un terroriste cambodgien est abandonné par son équipe après un acte terroriste ; il est amnésique et on va l'aider à retrouver peu à peu la mémoire. Le film n'est que prétexte à des effets spéciaux qui se révèlent assez laids. Tout comme la mise en scène de Teddy Chen, digne d'un tâcherons de série Z. Les acteurs suivent le mouvement et ils sont donc tous aussi mauvais les uns que les autres. Daniel Wu - dont on peut vérifier le mauvais jeu dans 2000 AD - surjoue à n'en plus finir et doit avoir deux expressions en tout et pour tout dans son répertoire. Quand à Josie Ho, qu'on a voulu nous faire passer pour une actrice, elle a beau lever quelques fois la jambe, dès qu'elle parle (ce qui doit se compter sur les doigts des deux mains durant les deux heures du film) le résultat se révèle assez pitoyable. Qu'elle continue à lever la jambe - elle est assez efficace - et que Teddy Chen arrête de faire du cinéma (et je serai tenté de dire la même chose de Daniel Wu).

THE RING (1998) Hideo Nakata

Ce n'est pas peu dire qu'on attendait The Ring. Ce film qui, en à peine deux ans, a généré deux suites et une série grâce à un gros succès sur le territoire japonais se révèle en fait une très bonne surprise. Adaptant une nouvelle de Koji Suzuki (connu comme le "Stephen King Japonais"), Hideo Nakata se débrouille, avec une économie de moyens, pour nous effrayer avec une rare efficacité. Le réalisateur privilégie la lenteur du récit et une rigueur de mise en scène qui lui permet d'installer une atmosphère digne d'un film de Tourneur. C'est prenant, inquiétant, malsain et tout bonnement effrayant.

Ce qui est assez drôle, c'est que Ring est en fait un film qui prône la piraterie vidéo. En effet, le sujet du film est le passage entre les mains de différentes personnes d'une cassette vidéo maudite. Dès que la personne a regardé le film - très expérimental, au demeurant - qui est enregistré dessus, elle reçoit un coup de fil la prévenant de sa future mort (dans la semaine qui suit la vision de la cassette). La seule chose qui peut enrayer le processus est qu'elle fasse une copie de cette cassette.

THE RING 2 (1999) Hideo Nakata

Avec sa fin ouverte, The Ring s'était facilement mis de côté une pérennité à toute épreuve. Mis en scène par le même réalisateur, The Ring 2 est aussi décevant que The Ring était bon. Ce qu'Hideo Nakata a voulu tenter avec cette suite, c'est de ne pas se répéter. On ne peut pas lui en vouloir, mais le résultat est totalement raté. Cette seconde partie se révèle plate et lassante. On ne sursaute pratiquement plus, excepté une ou deux fois, à la fin du film. La série des The Ring, dès le deuxième épisode, est déjà sur la mauvaise voie. Ce que Ring 0 va définitivement montrer en achevant la série.

 

RING 0: THE BIRTHDAY (2000) Norio Tsuruta

En le sous-titrant Birthday, les producteurs voulaient revenir aux sources du mythe "The Ring". Mais nous avons encore droit ici, comme dans le second épisode, à un film très décevant qui n'arrive jamais a terroriser son spectateur. C'est un autre réalisateur qui est aux commandes. Le film, laborieux, achève le spectateur qui se dit qu'à un autre Ring, on ne l'y reprendra plus. Il ne lui restera en mémoire que le - très beau - premier film de la série.

 

RUNNING OUT OF TIME (1999) Johnnie To

Running Out Of Time, fait partie, avec Where A Good Man Goes et The Mission des trois films réalisés par Johnnie To, en 1999. Autant dire que le réalisateur hongkongais le plus intéressant du moment ne chôme pas. Intéressant, le film de Johnnie To l'est à plus d'un titre. Tout d'abord parce que la rencontre Andy Lau - Lau Ching-wan est explosive, que le scénario est intelligemment agencé (pour un film de commande comme l'a rappelé To) et que la mise en scène est des plus raffinée. Running Out Of Time est plus qu'un honnête polar. C'est vraiment l'aboutissement des recherches du réalisateur sur le genre depuis ces dernières années. Ici, les personnages - dans The Mission c'était aussi le cas - sont d'une épaisseur rare et les deux acteurs qui les interprètent y sont pour beaucoup (Andy Lau en criminel condamné et Lau Ching-wan en flic bourru sont touchants). Certaines fulgurances de mise en scène (et notamment les accélérations qui lient les personnages) font quelque fois penser à Wong Kar-waï. C'est vraiment un étonnant polar, drôle et décalé au scénario inventif de Julien Carbon et Laurent Courtiaud, deux transfuges de la revue HK.
On nage en plein polar d'auteur et c'est tant mieux. Espérons que Johnnie To continue des incursions comme celle-ci dans le genre pour ses futurs films.

SECRET (1999) Yojiro Takita

L'inceste. Un thème où l'on se casse facilement les dents. Le réalisateur japonais Yojiro Takita l'a mêlé au genre fantastique dans son beau Secret. L'histoire est celle de deux femmes, une mère et sa fille, qui sont victimes d'un accident. Malheureusement, la mère décède, mais non sans avoir transféré son âme dans celle de sa fille. Le père devra donc réapprendre à vivre avec sa femme dans le corps de sa fille. Visuellement, le film est assez beau et empreint d'une poésie toute kitanienne (on retrouve deux acteurs d'Hana-Bi et les derniers plans du film de Yojiro Takita font étrangement penser au final d'Hana-Bi).
Le nom de l'actrice principale, une chanteuse pop de 18 ans, Ryoko Hirosue est à retenir. Elle joue avec une justesse étonnante et sa beauté juvénile irradie le film.

SHIRI (1999) Jacky Kang

"Le plus gros succès au Box-office coréen qui a explosé Titanic", "les séquences d'actions surpassent tout ce qu'a pu faire John Woo". Après de tels commentaires, autant dire qu'on attendait le film de Jacky Kang de pied ferme. Et nous n'avons pas été déçu. Shiri est un bon film d'action. Bénéficiant d'un scénario assez élaboré (malgré son histoire mille fois vu de terrorisme) pour un film de ce type et d'un excellent acteur au charisme envoûtant (Han Seok-yu, dont nous reparlerons pour le magnifique Tell Me Something), Shiri est un film assez complet qui alterne scènes d'action et conflits psychologiques des personnages. Les scènes d'action ne ressemblent en rien à du John Woo comme on a pu le dire. Le style de Kang est brutal (les premières scènes du film sont, à ce titre, assez ahurissantes), nerveux et non stylisé, à mille lieu du cinéma de John Woo.

SHOWER (1999) Zhang Yang

Shower fait partie de ces films que l'on ne peut pas ne pas aimer. Il fourmille tellement de bons sentiments, de personnages touchants et surtout d'un traitement qui ne fait pas sombrer le film dans " la larme facile ". Shower raconte l'histoire d'un homme qui retourne à Beijing revoir son père et son frère, attardé mental. Mais lorsque son père meurt, l'homme va rester pour s'occuper de son frère et surtout de l'entreprise familiale, " une maison de thermes ".
Zhang Yang ne tombe jamais dans la facilité. Le traitement du frère attardé mental est juste et touchant. De plus, le réalisateur alterne avec une telle facilité bonheur et tristesse que ce film ne laisse pas indifférent.

SIAO YU (1995) Sylvia Chang

Réalisé en 1995, avec la très belle René Liu et le poignant - mais pourquoi ne fait-il plus de cinéma ? - Daniel J. Travanti, Siao Yu montre les difficultés qu'éprouvent les minorités taiwanaises à s'insérer aux Etats-Unis. Siao Yu et son petit ami sont dans l'illégalité sur le territoire américain. Pour arranger cela, il faut que Siao Yu se marie avec un américain, qu'elle trouve en la personne de Mario (Daniel J. Travanti).
Sylvia Chang réalise ici un film magnifique, à la fois touchant et drôle et d'une simplicité et d'une finesse déconcertantes. Les personnages sont brillamment écrits et les acteurs qui les jouent intelligemment dirigés. Je ne sais pas comment Sylvia Chang a eu l'idée de faire appel à l'acteur oublié Daniel J. Travanti (Capitaine Furillo), mais toujours est-il qu'il est éblouissant dans ce rôle de vieillard italo-américain déchu et bourru. Quant à René Liu, toujours aussi belle, elle représente " l'actrice de la justesse ". Elle est tellement à l'aise dans son rôle qu'elle ne le joue plus, mais le vit intensément.

TELL ME SOMETHING (1999) Chang Yoon-hyun

Le choc de ce Festival. Ce thriller sud-coréen s'ouvre sur un démembrement au scalpel. Voilà, le film est lancé et il roulera jusqu'à la fin, nous tenant viscéralement en haleine durant prés de deux heures. Exit The Silence Of The Lambs. Exit Seven. Tell Me Something est d'une intelligence et d'une beauté qui expédie les meilleurs films de serial killer aux oubliettes.

Des morceaux de corps sont retrouvés un peu partout dans la ville. Le détective Jo (Han Seok-yu) mène l'enquête. Ses soupçons se portent sur une restauratrice d'œuvres d'Art qui connaissait les trois victimes. Avec une rare expérience (ce n'est que son second film), Chang Yoon-hyun nous fait pénétrer dans un univers, sombre, crade et poisseux. La mise en scène est magistrale et l'interprétation de Han Seok-yu ne l'est pas moins. Cet acteur libère une telle énergie et possède un tel magnétisme qu'il nous emporte corps et âme dans cette enquête, synonyme de voyage en enfer. C'est un film magistral.

TEMPTING HEART (1999) Sylvia Chang

Autant Siao Yu est magnifique, autant je ne comprends pas Tempting Heart. Je me demande ce qu'a bien voulu faire Sylvia Chang avec ce film. Il est certain que l'idée de base est intéressante : une réalisatrice demande à un scénariste d'écrire une romance, romance qui se déroule sous nos yeux et qui est en fait basée sur les souvenirs de cette réalisatrice. Le problème est que cette mise en abyme dure pratiquement tout le film et que celle-ci est une resucée de La Boum. Reste le très beau Takeshi Kaneshiro (même avec de l'acné, ça passe) et les très jolies visages de Gigi Leung et Karen Mok.

 

THE TRICKY MASTER (1999) Wong Jing

Tous les ans on peut s'assurer que Wong Jing est un des plus mauvais réalisateur de Hong Kong. Ce Tricky Master le prouve une fois de plus. C'est mauvais, laid et sans intérêt. Même l'apparition de Stephen Chiau est navrante. Un film à vite oublier.

VICTIM (1999) Ringo Lam

Quelle déception que ce film de Ringo Lam. Et pourtant le sujet avait de quoi faire saliver puisque l'inspecteur, joué par Tony Leung Kar-fai, se retrouve face à un Lau Ching-wan possédé par un fantôme. La déception est d'autant plus grande que Ringo Lam n'arrive pas à faire l'alchimie entre les deux genres, fantastique et policier, comme savait si bien le faire Tourneur. Il subsiste cependant une atmosphère assez particulière, avec une efficace scène de visite de maison hantée. Lau Ching-wan a tendance à en rajouter dans l'hystérie (ce qui est très rare chez cet excellent acteur) et Tony Leung Kar-fai a décidément bien changé (physiquement, bien sur).
A noter que la version de Ringo Lam vu au Festival, est bien meilleure puisque, lors du final, dans le cimetière, la fin reste ouverte, le fantôme ne sortant pas du corps de Lau Ching-wan, laissant en suspend la possibilité que le personnage ait pu être possédé.

date
  • octobre 2000
crédits
Festivals