Interview Thanakorn Pongsuwan

Qu'avez-vous fait avant Opapatika?

Opapatika est mon troisième film. Mon premier film s'appelle Fake, et parle des problèmes de la jeunesse à Bangkok. Mon second film s'intitule The Story of X-Circle, et est un thriller sur fond de déviances sexuels. Je n'ai jamais étudié la réalisation. J'étais simplement fan de cinéma, j'ai fait des stages dans des équipes de tournage.

Où avez-vous trouvé l'idée d'Opapatika?

J'ai voulu faire un film d'action, mais avec une vraie ambiance thailandaise. La croyance bouddhiste est très importante en Thaïlande. J'ai donc voulu mélanger les deux aspects: un film d'action basé sur le principe du bouddhisme.

Avez-vous été influencé par d'autres films pour le style d'Opapatika?

Oui, il y a des films comme Xmen qui m'ont un peu influencé. Mais j'ai aussi lu des livres sur le Bouddhisme. Et c'est comme ça que j'ai trouvé le terme "Opapatika", qui serait la quatrième façon de naître dans le Bouddhisme. Mais cela correspondrait à une renaissance après la mort en fait, et qui confèrerait des pouvoirs spéciaux à ceux "nés" de cette façon. Et selon un principe bouddhiste, ces personnes ont également une malédiction allant de paire avec leur pouvoir.

Visuellement et narrativement, on est assez loin des canons américains en la matière. D'où lui sont venues les idées?

Certains réalisateurs m'ont influencé, notamment Michael Mann, ou encore Tony Scott. Mais je n'ai pas cherché à imiter quelqu'un en particulier, je prends des éléments intéressants chez eux et je mélange cela avec mes idées.

La narration et l'ambiance m'ont pas mal rappelé le Night Watch de Timur Bekmambetov, est-ce également une des influences pour le film?

Vous n'êtes pas le premier à comparer Opapatika à Night Watch, d'autres m'ont déjà fait la remarque. Je l'ai vu en effet, mais ce n'était pas vraiment une influence pour mon film. L'ambiance y est plus Européenne je trouve, alors que mon film cherche vraiment à être Thaïlandais.

PONGSUWAN Thanakorn - by Laurent Koffel

Avec ce style un peu atypique, a-t-il été facile de trouver les financements? Le budget devait tout de même être assez important pour un film Thaïlandais.

Oui bien sûr, le budget était assez conséquent. Mais je n'ai pas rencontré trop de difficultés à trouver le financement. J'ai présenté le projet à la productrice de Ong Bak et elle a tout de suite été intéressée.

C'est votre premier passage dans un festival? Regardez vous les réactions des spectateurs?

Pour Opapatika c'est son premier festival oui, mais Fake a également été sélectionné dans un festival au Canada. Et j'essaye de voir comment le public réagit, ça m'intéresse en effet. Vous en avez pensé quoi?

Personnellement j'ai été surpris par le film, la narration est déroutante, on est loin des styles habituels beaucoup plus classiques dans les films Thais. Et je pense que le film divise beaucoup, il doit y avoir des avis très opposés.

C'est la même chose en Thaïlande en fait, le film divise beaucoup.

Vous préférez diviser et créer des réactions fortes (même si en partie négatives) ou bien avoir des réactions plus consensuels?

Je préfèrerais faire un film qui plaît au plus grande monde. Jusqu'à présent, j'ai fait 3 films, et j'ai simplement cherché à suivre mes idées et à faire ce qui me plaît. Le boxoffice ne m'intéressait pas trop jusque là. Mais je veux faire des films d'action, et pour cela, j'ai besoin de box office, et donc de plaire à un maximum de personnes. Sa productrice ajoute: il faut s'assurer un financement de toute façon, donc sans succès au box office, c'est impossible, il a donc besoin du succès populaire pour pouvoir financer ses prochains films. Et l'industrie du cinéma Thaï n'est pas au mieux en ce moment, nous avons besoin de gros succès pour retrouver une certaine dynamique.

PONGSUWAN Thanakorn - Deauville 2008

Les scènes d'action sont souvent à 1 ou 2 contre 10, 20, 50 adversaires. Est-ce une influence du voisin Hong Kongais à ce niveau?

En fait c'est plus le cinéma américain qui m'a influencé, comme les films produits par Jerry Bruckheimer, les Michael Bay par exemple. J'essaye d'éviter de faire la même chose qu'à Hong Kong, mais c'est vrai que ces films Hollywoodiens m'ont plus influencé. J'ai donc cherché à apporter quelques variations pour éviter de trop ressembler à Xmen par exemple, en utilisant plus d'armes notamment.

Il n'y a pas du tout d'humour dans Opapatika, alors qu'on trouve souvent des éléments de comédie dans les films d'action Thaï.

C'est un film qui évoque des sujets très sérieux, comme le suicide, et la spiritualité avec le Bouddhisme. L'humour n'est pas trop à sa place dans cette histoire.

Une dernière question un peu bête: Jirat avec ses lunettes de soleil, sa coupe de cheveux, c'est Bruce Lee non? Ou alors on a trop regardé ses films et on le voit partout?

Non non, c'est vrai, c'est l'acteur qui a choisi cette allure, c'est vrai qu'il lui ressemble un peu!



Avec nos remerciements à Thanakorn Pongsuwan et au festival de Deauville
date
  • juillet 2008
crédits
Interviews