Un Shuya de Battle Royale ?

Film coup de poing ô combien décrié, BATTLE ROYALE de FUKASAKU Kenji s’est imposé au sein du cinéma japonais, comme le film phare de ces dernières années.

 
                                       Le Shuya du titre de ce petit dossier (Tatsuya Fujiwara) qui découvre l'horreur...

L’HISTOIRE

Le 21ème siècle. Au Japon, à l’heure où le chômage est en augmentation, la délinquance en croissance constante, au moment où le respect des élèves pour leurs professeurs n’est plus qu’un lointain souvenir, la crainte des jeunes qui s’empare des adultes les pousse à adopter une loi réformant le système éducatif, appelée BATTLE ROYALE.

Alors qu’ils effectuent un voyage de fin d’année tout à fait banal, les élèves de la classe de troisième d'un Lycée japonais se retrouvent entourés de militaires, après avoir perdu connaissance dans un espèce de hangar. Ils vont être amenés à participer à un jeu on ne peut plus spécial.

                                                           Welcome to the game ! On va bien rigoler les amis !

LES REGLES DE BATTLE ROYALE

C’est leur ancien professeur de cinquième (Excellent Beat Takeshi KITANO), qui supervisera le jeu.

1°) Les règles

Elles sont au nombre de cinq :
Tous les élèves d’une classe sont regroupés sur une île.
Des vivres et des armes sont fournies à chaque participant
Toutes les personnes soumises à cette loi doivent se battre en s’amusant et avec combativité
Aucun participant ne doit refuser le jeu ou l’entraver.
Le jeu se conclue par la victoire d’un seul et unique gagnant. (Aucune dérogation à cette règle n’est possible.)

Modernité oblige, c’est par le biais de la télévision et de MIYAGAWA Yuko (la voix d’Asuka Soryu Langley dans « Evangelion ») en militaire piercée, et japonaise nouvelle vague, que nos collégiens vont découvrir le règlement.

2°) Le collier

Chaque élève porte autour du coup un collier électronique permettant à la fois de les espionner, et de surveiller leur pouls (afin de savoir si il vit encore). Ah oui j’oubliais, inutile d’essayer de l’enlever, il exploserait aussitôt.

                                                            
                                                        Un collier antipuces peut être un poil trop efficace.


3°) Le sac

Chaque élève se voit remettre un paquetage digne de l’armée, contenant des vivres, une carte, une boussole, une lampe de poche et une arme aléatoir e, différente pour chaque «candidat», qui peut aller du Pistolet Mitrailleur à l’arbalète, en passant par le couteau papillon, une paire de jumelles et même un couvercle de casserole.

4°) Les rapports

Toutes les six heures, le professeur fera un rapport sur les effectifs restants, et indiquera les zones à éviter, dites "rouges", sous peine de mort. (Boum le collier).

5°) La durée

Le jeu se déroule sur trois jours, à l’issue desquels si il reste plus d’un survivant, tous les colliers exploseront ! Souvenez –vous, il ne doit rester qu’un survivant.

LA CRITIQUE

Tout d’abord, il faut préciser que le réalisateur FUKASAKU Kenji n’est pas connu au Japon pour faire dans la dentelle. En effet, ce dernier a réalisé de nombreux films sur les Yakusas tous aussi violents les uns que les autres, et Battle Royale ne dérogera pas à la règle.

Fusillades, explosions, hémoglobine, les amateurs de films d’action seront servis. Mais me direz vous pour quoi cette violence gratuite, à quoi bon passer sa soirée à regarder des adolescents s’entretuer ? Certes au premier abord, tout cela peut en rebuter plus d’un, mais je

pense qu’il faut pouvoir regarder plus loin que ça, et dépasser cette violence quasi omniprésente tout au long du film, pour découvrir ainsi le message qu’a voulu faire passer le réalisateur au travers de toutes ces fusillades, et de tous ces égorgements.

                                  La survivante d'un Battle Royal précédent et son sourire carnassier de démon ambulant.

Le film montre bien la société humaine. L’instinct de survie : certains tuent pour survivre, alors que d’autres essayent de se regrouper afin de trouver une solution (ex : les filles du phare), Mitsuko («je voulais juste survivre» dira- t-elle avant de mourir).

D’autres prennent plaisir à tuer, comme KIRIYAMA Kazuo, appelé ironiquement «Le volontaire», qui est sur l’île parce qu’il aime ça !

L’héroïsme, le garçon qui fera tout pour sauver les filles qu’il aime, quitte à en mourir.
L’amour, les deux jeunes qui préfèrent mourir ensemble en se jetant dans le vide, plutôt que d’avoir à s’entretuer.

Le dégoût de vivre : Kitano était un professeur qui adorait son métier et heur eux de vivre. L'évolution des mentalités et surtout des comportements de ses élèves (il sera tout de même poignardé par un élève, ou trouvera très souvent sa salle de classe vide), le pousse à en détester la seule chose qui lui restait (sa propre fille allant jusqu' à le haïr cordialement, pour quoi, ça on le sait pas.

L’amitié : certains y ont découvert l’amitié, comme Kawada qui dira «Avant de mourir , je suis heureux d’avoir eu des amis.»
Et vous comment auriez vous réagi dans une telle situation ? Vous êtes vous posé la question ?

Les amateurs de films d’action en auront aussi à se mettre plein la panse, peu de temps morts, des scènes de combat à vous couper le souffle. « Par exemple l’explosion finale, et le combat au milieu des flammes est époustouflant.)

Côté musique, la Bande Originale du film est aussi un élément marquant.

           Kitano, qui dans le film s'appelle Kitano, peint tout comme Kitano. Son art naïf souligne l'absurdité du cynisme ambiant.

Le contraste entre les événements, qui se déroulent à l’écran et la musique qui les illustre marquent bien le désir de FUKASAKU Kenji de faire un effet de style particulier . Il en usera et en re-usera tout au long du film pour notre plus grand bonheur.

D’abord tout en humour, lors d’un réveil sur le «Beau Danube Bleu», de Strauss, mais aussi tout en émotion, quand on perd l’être aimé. Toutes ces musiques qui composent la BO, reprennent de nombreux morceaux du répertoire classique qui intensifient la dimension tragique du destin de ces collégiens.

Tout ceci montre bien un concept de la télé réalité avant-gardiste, qui est aujourd'hui très populaire partout dans le monde et notamment en France. Nos élèves ne se retrouvent-ils pas ici sur une île de la tentation, où il vont pouvoir peut être assouvir leurs fantasmes, leurs envies secrètes, leurs passions ?

Ne vont- ils pas se retrouver également à l' intérieur d' un loft en plein air où chacun choisit d'éliminer qui il veut. D'ailleurs KIRIYAMA n’est-il pas là pour s’amuser ?

L’esprit de compétition, très courant au Japon, où il faut être le meilleur est bien montré ici.
 Le côté voyeurisme de la télé-réalité est ici bien montré. Nous assistons impuissants au massacre de jeunes (avec, ce qui est terrible, le consentement des parents qui ne bronchent même pas de savoir que leurs enfants risquent de mourir à tout instant), et ça plaît, c'est ça le pire...

                                                             Après les classes vertes, bienvenues aux classes rouges !!

Cette volonté de montrer le concept de la télé réalité est aussi suggéré ici par le fait que les "GO" prennent ce concept un peu comme un jeu. En effet , les règles de Battle Royale sont expliquées de façon amusante (en gros "ouais, c' est génial vous allez vous éclater , vous avez vu le superbe Pistolet Mitrailleur que vous pouvez avoir ?" etc...), ou bien alors les petits commentaires de Kitano style, "ouais y a pas eu assez de morts aujourd'hui vous pouvez faire mieux les gars". En fait je trouve, mais c' est mon avis personnel), c' est que Kitano fait très commentateur de télé et notamment commentateur sportif , qui narre les exploits effectués la veille par les concurrents... Il tient aussi le destin de ces jeunes dans ses mains quelque part, car il décide lui-même les zones rouges, et peut les augmenter selon son bon vouloir.

Mais bon BATTLE ROYALE est un bon film, que je conseille à tout le monde de voir au moins une fois. Certes on aime ou on aime pas, le côté violence gratuite en dégoutera plus d’un, mais je vous assure, c’est un film à voir.

LA VERSION DIRECTOR’S CUT :

Une version director’s cut de plus de deux heures est également sortie. A mon sens, elle n’apporte pas grand-chose de plus au film, si ce n’est la petite scène qui raconte l’enfance de Mitsuko à la fin. Mais l’achat du DVD est tout à fait dispensable si vous avez déjà la version originale.

BATTLE ROYALE II

Vu le succès du premier film, la séquelle était inévitable, et FUKASAKU Kenji, malgré la maladie décide de tourner un Battle Royale II.

Les survivants du premier film, ayant voulu dénoncer ce système au lieu de se cacher (BAKAA), sont rattrapés par les dirigeant s du conseil Battle Royale. Une nouvelle classe encore plus violente va être envoyée sur l’île afin de mater ces rebelles. Petite nouveauté, les colliers sont en binômes, en bref, si l’un meurt, le collier de l’autre explose. Du coup ça va beaucoup plus vite.

La maladie ayant terrassé FUKASAKU Kenji, on aurait pu croire que le projet allait avorter, mais il n’en fut rien, et c’est le fils du Maître qui a repris les rennes du projet.

Malheureusement le bonheur des fans a été de courte durée, car ce BATTLE ROYALE 2 n’est pas le digne successeur de l’originale. Film raté, qui se prend un peu la tête, mais je n’en dirais pas plus…

DIGNE SUCCESSEUR
Depuis est sorti le film HUNGER GAMES, tiré d'une saga littéraire en trois tomes de Suzanne Collins. Apparement plutôt bien réussi pour une série pour adolescente. Par contre je ne vous en dirai pas plus car je n'ai pas vu le film, mais il paraît qu'il faut que j'y remédie. Rançon du succès oblige, le deuxième opus doit sortir dans les salles obcures le 27 novembre prochain.

En résumé, BATTLE ROYALE est un film a posséder dans sa DVDthèque ! Si vous ne l’avez pas, courez vite chez votre marchand ! Comment vous n’y êtes pas encore ?
Comme dirais Shuya : « Cours !!!!! »



                                   

Photos empruntées à filmcaptures.com
date
  • décembre 2011
crédits
Films