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Election

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les avis de Cinemasie

13 critiques: 3.65/5

vos avis

61 critiques: 3.61/5



Anel 5
Arno Ching-wan 3.25 Le sceptre du tocard
Astec 3.25 A la proportionnelle...
Elise 4 Faut rester calme
Flying Marmotte 4 Excellent film de Triades
François 3.75 Tous frères
Ghost Dog 3 Dans l’enfer des triades
jeffy 3.25 Déception relative malgré la qualité du film
Junta 4 Qui est le Boss... ?
Ordell Robbie 3.25 Retour de bâton
Tenebres83 3
Xavier Chanoine 3.25 Un polar carré et par moment déroutant.
Yann K 4.5 Un fort To de consécration
classer par notes | date | rédacteur    longueurs: toutes longueurs moyen et long seulement long seulement


Le sceptre du tocard

La mafia, les triades, les yakuzas… Ces gangsters fascinent et les films abordant ces « familles » ont beau se positionner systématiquement en tant que démystificateurs, les gangsters y trouvent toujours de quoi entretenir et alimenter leurs préceptes à deux balles. Le Scarface de De palma est devenu malgré lui la succès story d’un immigré parti de rien, l’histoire d’un type qui aura vécu des tas de trucs de ouf et couché avec Michelle Pfieffer avant de mourir en héros. Il en va de même du Parrain de Coppola, la famille étant cette fois bien mise en avant - et en scène - en donnant du cachet et de l’envergure aux truands plus « sérieux » qu’un Tony Montana cabotin. Plus influencé par l’approche ouvertement cool de Scorcese, To prend ses distances tout en servant la soupe aux triades de HK, notamment au détour du sempiternel couplet sur la création d’emplois découlant de l’organisation. Passons sur ce vide idéologique et amusons nous plutôt. Dans Election, la succession d’un ponte de la mafia nous permet de découvrir les différentes méthodes utilisées par chaque prétendant pour arriver à ses fins, au-delà de l’élection fantoche à proprement parler (à main levée...). « Cé vlément vafoj ! » dirait un polonais, à savoir Vicieux, Abominable, Fun, Odieux et Jouissif. On s’éclate à suivre les délires violents venant du personnage de Tony Leung Ka-Fai, Joe Pescisé façon Casino, tandis que le calme menaçant a rarement trouvé meilleur représentant que notre Simon Yam préféré, ici très inspiré. Expirez après une guerre de rue dominée par Nick CHEUNG Ka-Fai, parfaitement à sa place dans ce rôle d’homme-chien violent, et hallucinez en assistant à un meurtre en cours dont l’issue sera changée par un coup de téléphone aussi burlesque que crédible, une scène dominée par le show poilant de Lam Suet. Enfin, marrez-vous surtout à suivre cette course au bâton du chef rendue aussi puérile qu'un jeu de cours de récré, tous ces mafieux se révélant soudain de vrais gosses n'ayant trouvé d'autre occupation dans la vie que de se mettre sur la tronche.

Malgré une intrigue très prévisible parce que déjà globalement déballée ailleurs, ce sont la forme chiadée, les acteurs et certaines scènes marquantes qui assurent le bon déroulement de cette élection pour laquelle on votera Johnnie To sans hésiter, en attendant toutefois une suite qui, on l’espère, comportera un peu plus de flingues. Bah ouais parce que bon, même si l’arme blanche possède un certain charme, rien ne remplacera jamais un bon vieux pare-brise de bagnole explosé à coup de rafales de kalachnikov hein…Cette remarque relevant, cela va de soit, de l'ordre du second degré.



09 avril 2006
par Arno Ching-wan




A la proportionnelle...

Election, comme Breaking News et nombre d'autres films du réalisateur, est un TO consistant plein d'inconsistances. Mise en forme brillante pour une mise en scène linéaire, rythmes pas toujours maitrisés, discours sociétale critique finalement plutôt convenu vu d'ici mais qui confère par ailleurs à TO, aux yeux d'une certaine critique, un statut d'auteur à part entière. De ce point de vue, dans sa posture discursive (on n'ira pas jusqu'à dire "critique"), le dyptique Election 1 & 2, c'est un peu les articles du Parisien avec la mise en page du Monde Diplômatique... Reste que ce premier volet est au final un polar qui se regarde avec plaisir.



18 janvier 2007
par Astec




Faut rester calme

A première vue, ce film s'apparente à un film de triade de base, ce qui fait un peur. On s'attend très vite à se retrouver face à deux bandes rivales qui se tapent sur la figure pour deux bowling et un distributeur coca-cola. Finalement, le thème vient apporter une touche sympathique puisqu'il montre deux sous-chefs en conccurence pour la présidence du clan mafieux (la société qu'ils disent). L'un est élu, ce qui ne plait pas à l'autre. J'avoue, ce n'est pas forcément très original, mais c'est fait par Johnnie To. Et au lieu de nous montrer l'image des triades très très méchantes qui n'ont aucune pitié pour le conccurent, comme on a l'habitude de le voir, ici on voit déployer des trésors de diplomatie (parfois expéditive il est vrai) pour éviter une guerre entre les triades, là où les autres on plutôt tendance à montrer des escalades de la violence et des ruées sur l'armement. Ainsi, et très agréablement, un grand calme règne autour du film, ce qui soulage par rapport à la première impression. De plus, le style de Johnnie To ajoute à l'intérêt ; en effet on reconnait aisément l'ambiance calme mais un peu tendu d'une situation pas très claire, que l'on a déjà pu voir en outre dans The Mission et PTU. A coté de cela, les deux excellents acteurs que sont Simon Yam et Tony Leung ne font qu'ajouter à la qualité du film. Donc très bon film de triade, dont le scénario est d'un grand intérêt et l'ambiance plaisement calme.



09 avril 2006
par Elise




Tous frères

Election est un film qui rappelle un peu A Hero Never Dies dans son concept: un film de genre qui se veut au premier degré assez classique et respectueux des codes du genre, et très sarcastique au second degré. Là où HND jouait avec les codes de l'Heroic Bloodshed, Election s'attaque à un genre typiquement Hong Kongais: le film de triades.

Une nouvelle fois on retrouve les défauts assez typiques des films Milkyway: un scénario correcte, au dessus de la moyenne locale, mais loin de la perfection. Le film veut montrer l'évolution des triades et leurs nouveaux idéaux au travers d'une histoire de changement de de "chairman". Et c'est bien cette histoire qui pêche par manque d'intérêt, tout simplement. Les personnages sont un peu trop nombreux, on a un peu de mal à suivre qui travaille pour qui, surtout pour le spectateur occidental moyen pour qui les noms sont plus difficiles à mémoriser.

Autrement on retrouve les qualités des productions du studio HKongais. Johnnie T n'est pas réputé pour être un grand directeur d'acteurs, mais on relève peu de fautes de goût à ce niveau dans sa carrière. Simon Yam et Tony Leung Ka-Fai n'ont aucun mal à interpréter des rôles qui leur conviennent parfaitement. Johnnie To insiste sur des rôles à contre emploi pour Louis Koo le charmeur et Nick Cheung le comique. Si Louis Koo s'en tire correctement dans un rôle très sérieux, c'es surtout Nick Cheung qui impressionne dans son rôle de tête brûlée à l'opposé des rôles insipide qu'il avait jusqu'alors. La musique est également choisie avec soin et participe à l'ambiance.

La réalisation de Johnnie To est une nouvelle fois très soignée et délivre quelques scènes de vrai cinéma qui élève le film à un autre niveau. Et à nouveau on repense à Hero Never Dies qui évitait la facilité de la parodie pour réussir sa démonstration. Et c'est ce que réussit Election à nouveau en mettant en scène le plus sérieusement du monde des bagarres de gamins rivalisant de sales coups pour récupérer un simple bâton. Le film dénonce de fait tout l'hyprocrisie d'un système prétendant s'appuyer sur une tradition qui n'a plus aucune signification.

On pourra simplement regretter que le récit sur lequel s'appuie la démonstration ne soit pas plus réussi, mais le succès étonnant du film au box office Hong Kongais démontre la pertinence de sa démonstration auprès du plus connaisseur des publics. Au premier degré, Election est un film plaisant de par ses quelques scènes très réussis, mais sûrement pas un film passionnant. Incrit dans son contexte culturel, il prend beaucoup plus de sens et vient figurer en bonne place dans la filmographie du studio Hong Kongais.

09 avril 2006
par François




Dans l’enfer des triades

« A Hong-Kong, il y a 20 triades représentant 350 000 personnes. Vous avez de la place pour les mettre tous en prison ?», balance le vieux Teng au commissaire de police chargé des triades… Réponse ? Non, bien évidemment. Résultat, tous les mafieux s’organisent comme ils veulent, luttent pour le pouvoir, se tabassent et se dégomment entre eux comme au bon vieux temps du Moyen Age. Cela nous vaut quelques scènes violentes bien senties comme ce dévalement de colline dans une caisse en bois (et 2 fois plutôt qu’une) ou cette partie de pêche sanglante. Pour le reste, l’amateur de films de yakuza ou de Scorsese évoluera en terrain connu avec Election, dont l’intrigue et la mise en scène sont au dessus de la moyenne mais ne sortent pas franchement des terrains battus du genre. La multiplicité des personnages fait qu’on a parfois du mal à s’y retrouver, ainsi qu’à s’identifier à un gangster quelconque. Johnnie To s’est cependant appliqué sur ce film, lui qui avait souvent tendance à bâcler ses précédents ; on lui reconnaîtra au moins ce point.



24 septembre 2006
par Ghost Dog




Déception relative malgré la qualité du film

Objectivement Election est un film qui ne présente guère de faiblesses. Le scénario est plus solide que celui de Breaking News, même si la profondeur qu'il donne repose un peu trop sur la compexité de l'écriture plutôt que sur celle des personnages. Et si Johnnie To reste toujours aussi impeccable dans ses cadrages, ses raccords et la fluidité du montage, il manque néanmoins quelque chose au film, et ce quelque chose c'est tout simplement le climat qui pouvait caractériser des films comme PTU ou The Mission. Election donne un peu trop l'impression d'hésiter entre film de triade pur avec l'action qui s'en suit et le film d'ambiance. Ce choix intermédiaire n'est pas désagréable pour autant mais il aurait beaucoup gagné à un montage plus long où les personnages colatéraux auraient pu être un peu plus développés.

Coté acteur, Simon YAM Tat-Wah tient parfaitement sa place avec la distance qu'on lui connait. Si Tony LEUNG Ka-Fai se sort bien de son rôle, on reste néanmoins un peu sur sa faim en le voyant endossé pour la nième fois un personnage au profil psychologique un peu trop limité. Quant à Louis KOO Tin-Lok, il est malheureusement un peu trop rare à l'écran. Dans l'ensemble, le film laisse un peu un goût d'inachevé. Il faudra juger sur la suite que Johnnie To compte donner au film, qui pourrait expliquer les manques dans le traitement de certains personnages du film (celui de Louis Koo) par exemple. Quoi qu'il en soit, l'esthétique du film n'étant pas suffisante pour justifier à elle seule son propos, ces carences laissent une impression de trop peu pour un maître du genre. Reste à attendre de voir quelle pouvait être l'intention de Johnnie To à terme.



09 avril 2006
par jeffy




Retour de bâton

Cela avait pourtant démarré sur les chapeaux de roue. Certes, les informations narratives sur les personnages, les stratégies de clan distillées au compte-gouttes par le script pourraient risquer de perdre dès le début le spectateur. Mais il s’agit une fois de plus pour To de poser à la va vite des enjeux narratifs vieux comme le cinéma de genre. Soit un monde des triades ramifié comme une multinationale et régi par un code d’honneur ancestral, le moment d’une succession au sommet avec les rivalités qu’il implique. Rivalités entre figures en apparence respectueuses de la tradition (Lok) et jeunes loups désireux de faire des vagues quitte à la malmener (Big D), grands chefs mafieux tombant sous les yeux des médias et de la police. Rien de moins que le terreau usuel de bon nombre de sagas mafieuses. Avec s’ajoutant à cela un bâton symbole de pouvoir pour lequel chacun s’entretue, un de ces objets mythologiques excitant les convoitises en forme de little Faucon maltais. La série B selon To, c’est encore ici tenter d’utiliser comme catalyseur créatif un passé, des codes, des situations usées du cinéma de genre.

Les idées narratives Milkyway habituelles se déploient, l’événement le plus anodin ayant toujours les conséquences narratives les plus significatives. Entre autres une caisse renfermant des mafieux tombant d’un fourgon, un mafieux arrêté fuyant une menace physique d’un collègue menottes en main ou un refus d’un mafieux de quitter une voiture au feu rouge… Et To emballe cela avec la maestria des grands jours, celle de The Mission ou de PTU. Il n’a pas son pareil pour filmer ses gangsters comme des pions, des figures abstraites, pour ordonner une course poursuite ou pour dynamiser les parties dialoguées du film. Il s’offre même le luxe de très bien recycler un usage du clair obscur vieux comme Le Parrain pourtant rouillé à outrance par trois décennies de cinéma de genre. Et un score fait d’arpèges entre style chinois traditionnel et blues fonctionne ici très bien. On peut juste déplorer que le film se perde alors parfois narrativement dans ses sous-intrigues ainsi que les exçès cabotins du jeu de Tony Leung Ka Fai.

Mais un coup de théâtre fonctionnant très bien sur le moment va ruiner les 30 dernières minutes du film. Du brillant jeu sur le genre et ses clichés le film va alors passer à la tentative d’offrir une vision extrêmement noire des triades et de la cruauté derrière leur fort rapport à la tradition. SPOILERS On découvre en effet que derrière son visage de «bon successeur» Lok est finalement tout aussi arriviste que Big D, plus malin que lui mais tout aussi peu scrupuleux. Beau retournement sur le moment qui sera lourd de conséquences une fois la partie «ascension» de Lok achevée. Car To va à partir de là tomber dans les travers jusque là évités. La façon dont Lok va asseoir son pouvoir par le sang est catapultée par des artifices narratifs légers comme un tank. Comme ces allers-retours entre passé des triades et rites présents, cette métaphore coup de massue de la pêche à la ligne symbole de destins croisés des deux rivaux ou cet enterrement des rivaux comme on «enterre» ses fautes pour ne pas faire de vagues et se maintenir au pouvoir en forme d'Affranchis du pauvre. Le vrai visage de Lok esquissé précédemment se voit dès lors asséné à coup de massue, en tentative de tour de force/baudruche se dégonflant très vite. FIN SPOILERS

On se souvient qu'un remake du Parrain était l'un des gros projets personnels de To. Projet dont on pourrait voir Election comme une concrétisation, surtout qu'un Election 2 arrive bientôt. Mais un To brillant couturier de la série B se révèle ici incapable d'égaler les modèles hollywoodiens (Scorsese, Coppola...) pour ce qui est d'offrir une vision ambitieuse du gangstérisme.



09 avril 2006
par Ordell Robbie




Un polar carré et par moment déroutant.

Ouf, Johnnie To s'est enfin ressaisi depuis son Breaking News décevant et surestimé. Fini cette désagréable sensation de surfait et d'impersonnel au possible (lorgnant entre un Besson et un Tsui Hark) qui lui faisait défaut dans son polar mainstream, ici l'on y trouve une ambiance, une odeur et un climat inquiétants. Le scénario est basique mais assez profond pour que l'on s'y intéresse pleinement, mettant en scène deux têtes de la triade Wo Shing Society qui s'affrontent afin de marcher sur la plus haute marche du podium et ainsi brandir le "sceptre", symbole de puissance et de respect.

Plutôt classique dans son déroulement, jusqu'à reprendre carrément la trame linéaire de tout bon film de genre, Election évoque les heures sombres des Triades avec ses membres avides de pouvoir, soumis à leurs avatars hiérarchiquement au-dessus. Derrière leur carapace de dur à cuir se cache un père de famille somme toute banal, comme quoi ces mafiosi sont des personnes normales, pas plus importantes dans la société que le citoyen moyen. Simplement le statut d'appartenance à une Triade développe tous les sens (éloquence, respect, force, etc...) aussi absurdes soient-ils. On y trouve alors des règlements de compte ridicules, tout ça pour accéder au pouvoir suprême, quitte à supprimer ses amis proches. L'élément le plus intéressant de l'oeuvre de Johnnie To se trouve sans aucun doute au niveau relationnel puisque l'ensemble des personnages s'avère être intéressant. Le vieux boss, la recrue montante, les traîtres et autres crapules jouent tous dans la même cour, prennent des risques et se retrouvent avec les pinces au beau milieu d'un repas. C'est ça le risque!

On retiendra aussi l'excellence de la réalisation, tout bonnement exemplaire. Atmosphère dark à la PTU (décidément le vrai point d'orgue dans la période post Running On Karma, grand polar nocturne), ombres pièges et qualité d'éclairage surprenante accompagnent la montée de Lok (excellent Simon Yam), qui dans un final étrangement glauque dévoile son vrai visage. N'oublions pas ce casting féroce avec des têtes bien connues du public de To, comme le génial Lam Suet, ou encore Tony Leung Ka-Fai. Et puis quel plaisir de retrouver Lo Tayu (The Big Heat) à la bande-son, nous délivrant une partition formidable de justesse. La suite au prochain épisode.

Esthétique : 4/5 - Carrément sombre, dans un scope pourtant lumineux. Les douces joies du paradoxe. Musique : 4.25/5 - Comme quoi une guitare acoustique peut faire son petit effet... Interprétation : 4/5 - Des gueules qu'on n'oublie pas au service d'une interprétation sérieuse. Scénario : 4/5 - Le faux pas est synonyme de mort. Certains s'en sont vite rendus compte.



29 novembre 2006
par Xavier Chanoine




Un fort To de consécration

descriptionA peu près tous les cinq films, Johnnie To se dit : "Bon, là, je le chiade, j'y passe une semaine de plus que les autres". Et le To qui se creuse un peu plus la tête que d'habitude, cela écrase tous les autres suiveurs quand ils se déchirent les méninges. Election se range donc aux côtés de PTU ou The Mission au rayon "prestige". D'autant plus que le plus grand rénovateur du polar HK a revu ses classiques. C'est tout con, le cinéma, finalement : prendre le temps de filmer des acteurs, cadrer, éclairer, ménager des plages de silence, saupoudrer de musique, lancer un rythme pour mieux le briser. Seuls une poignée de réalisateurs font encore cela, un cinéma qui s’épanoui des années 40 aux années 70. Election, c'est une de ces innombrables sagas au scénario à la fois hyper compliqué (machin embrouille bidule qui a trahi trucmuche qui est le frère de l'autre qui s'associe avec machin) et hyper basique. En gros, c'est de l'athlétisme en ligne droite, qui aura le bâton, qui va passer la ligne le premier. Donc l'histoire on s'en tape un peu, seule compte l'envie de la raconter. Et Johnnie To les aime, ses personnages, pour leur donner autant d'espace dans le cadre, pour les laisser autant parler, pour ne jamais les écraser, les isoler souvent sur un fond nu. Sa mise en scène a enfin trouvé son équilibre entre la modestie et le formalisme, et un homme qui trouve son équilibre, c'est comme un costume classe qui tombe bien. Alors la musique devient de l'épure, quelques notes de guitare et du tambour. Pas la peine de faire du bruit, les scènes de combat ne contiennent aucun coup de feu mais on le proclame pas plus que ça.

Et puis subrepticement se glisse un raccord démentiel, un plan hyper composé. Sous ses dehors de gentleman dandy, Election est traversé d'étranges éclairs. Ainsi, dans un film à 99% masculin, il n'y a que trois-quatre scènes avec des apparitions de femmes, une au début, hilarante, et une à la fin, d'une extrême violence, entre les deux la femme ont été symbolisée comme un vide immense, la grande frayeur de ces hommes qui comblent leur angoisse par la frénésie. Mais Johnnie To fait aussi des petites pauses. Un break. Un gueuleton dans Breaking News. Ici, en profitant d'un arrêt au passage à niveau, il tripe cinq minutes sur des feux de signalisation. Comme ça. Fabuleuse suspension du temps, moment jouissif de pure mise en scène gratuite.

Aux trois quart du film surgit une des transitions les plus trash du cinéma, comme si un vieux conte chinois s'était incrusté dans PTU. Et puis quelques minutes sont tellement joviales que ça fait tache, ça running on karma mais tout en restant cohérent, car avec ces ruptures successives à l'approche de la fin, Johnnie To nous emmène où il veut vraiment aller : conclure sur une épure glaçante, résumer son style en quelques points de montage sidérants et rendre le plus bel hommage à l'ultra-violence sèche de maître Scorsese, un de ceux qui fait le mieux ce cinéma «40-70» précité. Sachez qu'il y a un Election 2, déjà tourné, qui peut démarrer sur la seconde d'après la fin du 1 ou dix ans après, ça nous donnerait autant envie.



14 mai 2005
par Yann K


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