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Les 14 Amazones

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les avis de Cinemasie

4 critiques: 3.81/5

vos avis

19 critiques: 3.47/5



Anel 3.5
drélium 4.25 Kill them all !!!!!
Ordell Robbie 3.5 Casting et morceaux de bravoure compensent une forme juste potable.
Xavier Chanoine 4 Kubrick a son Spartacus, Cheng Kang a son 14 Amazones
classer par notes | date | rédacteur    longueurs: toutes longueurs moyen et long seulement long seulement


Kill them all !!!!!

Les 14 Amazones, récit historique connu de toute la Chine et monument guerrier de la Shaw Brothers met à l'honneur les femmes, force de la Chine, les Tigresses de la Shaw comme on les surnomme, les premières véritables héroïnes des films martiaux Hong Kongais, pour une vengeance sans pitié ni sauf conduit faite de sacrifices pour la patrie et pour la famille Yang qu'elles représentent toutes, étalées sur 5 générations, liées par le même sang du courage qui coule dans leur veine. Nous sommes sous la dynastie Sung et les Mongoles, barbares impitoyables menés par une famille de 5 guerriers sanguinaires, percent la frontière nord de la Chine et déciment la seule armée assez courageuse pour leur faire face, menée par le valeureux général Yang. Mauvaise pioche, c'est sans compter sur la soif de vengeance et le patriotisme sans égal et historique des 14 femmes de la maison Yang qui, armées de leurs lances et d'une petite armée de quelques centaines de loyaux sujets vont braver les pièges et les dangers jusqu'à la mort si il le faut, et ce en dépit du pouvoir molasson qui souhait plutôt les décourager à partir guerroyer.

Étalé sur un an de tournage et supporté par un budget colossal pour l'époque, qui transparaît surtout de par le nombre de figurants à l'écran et les décors intérieurs, de la maison Yang finement ornementée à l'énorme château des vils mongoles, il n'est point question ici de récit historique réaliste, de philosophie ancestrale ou de s'attarder en parlottes politiques. Les Amazones ont les crocs et que le résultat soit kitch ou pas, une chose est sûre, rien ne les arrêtera. Le cast réunit une très belle brochette féminine de tous âges, qui a aussi faite la légende du film, menée par la sagesse de Lisa Lu Yan, une extraordinaire Ivy Ling Po gonflée à bloc et une Lily Ho électrique, jeune fougueuse et impétueuse sensée être le jeune fils de la famille Yang (et donc la seule à ne pas avoir de maquillage), mais aussi un cast masculin bien connu de la Shaw réunissant entre autres Tien Feng, un superbe Lo Lieh archer d'élite, Paul Chiang, Wong Hap ou même le mastodont Bolo Yeung déjà au maximum de ses capacités, tous terribles mongoles et généreux ricaneurs. Beaucoup de seconds rôles soutiennent aussi nos Amazones. On retrouve ainsi le parfait défenseur de la gente féminine, Yueh Hua en valeureux esclave qui se joint bientôt aux tigresses ainsi que Fan Mei Sheng ou Goo Man Chung, duo classique toujours prêts à apporter un brin d'humour en plein milieu de la vengeance la plus sanglante.

14 Amazons est avant tout remarquable par son rythme endiablé. Nous sommes en 1972 et Cheng Kang à la réalisation, aidé par son fils, le jeune Tony Ching Siu Tung aux chorégraphies, impriment un rythme aux combats tout bonnement incroyable, et plus généralement un spectacle qui ne s'arrête pas en chemin. Même si la précision technique des chorégraphies est encore loin des perles HK, que les zooms forcenés font encore partie intégrante des trademarks Shaw, la rage présente à l'écran et surtout un montage particulièrement serré et inventif imprègnent au film tout entier une patte unique en son genre, ponctuée de quelques mouvements de caméras qui feront date (zoom arrière + travelling au sol). Étiré sur 2 heures de métrage fortement connoté péplums US, tout va pourtant à 200 à l'heure puisque l'assaut reste le vrai fil rouge du film, avec de courtes pauses pour respirer et admirer la motivation de ces dames. Toutes proportions gardées (c'est la Shaw et Cheng Kang, pas Universal et Stanley Kubrick quand même), 14 Amazons rappelle les aventures héroïques à la Spartacus ou à la Ben Hur, pourtant très simple (voir simpliste) dans son déroulement et s'étalant sur une très courte période, nettement séparée en 6 grosses parties : la mort du Général Yang et la décision des 14 femmes de mener elles-même leur revanche patriotique ; le camp des barbares mongoles d'où s'échappe Yueh Hua, l'embuscade culte au canyon du dragon qui se poursuit en embuscade généralisée, le vol du riz aux mongoles ; le cultissime passage sur le pont de bois enflammé ; et finalement l'attaque finale.

Je pourrais relever les invraissemblances évidentes, les extérieurs un peu trop désertiques, vous parler des myriades d'instants kitchissimes comme les costumes traditionnels mongoles qui laisse l'impression d'admirer une armée de pères noël moumouttés en plein été, le mur de bois de 2m carré qui fait office de barrage retenant un fleuve gigantesque, le massacre des esclaves par les gardes mongoles qui n'en finissent pas de s'acharner sur les morts, ou insister sur l'invraissemblable, sublime et furieusement surréaliste technique du pont humain, mais cela ne servirait qu'à mettre en valeur la fabuleuse énergie qui se dégage de cette aventure héroïque et jusqu'auboutiste par excellence. La barbaque ne fait pas peur au public Hong Kongais, surtout à cette époque où Chang Cheh Triomphe. Ainsi, la violence est omniprésente et la peinture rouge typique de la Shaw, les décapitations et autres sectionnages en deux répondent présent, contrastant à merveille avec les femmes qui se battent sans pitié à l'écran. Pas de traitement de faveur pour ces dames, les cascades, roulés boulés, coups de fouet, jetés à terre et autres tortures sadiques transmettent parfaitement la rudesse de l'épreuve qu'elles traversent, la tête haute et le regard fier de leur famille, raffinée mais surtout guerrière de génération en génération.

Avec une violence digne de One Armed Swordsman Return, une énergie enragée qui rappelle Eight Diagram Pole Fighter au crépuscule de la Shaw, qui est d'ailleurs lui-même une préquelle libre à l'histoire de la famille Yang, un cast féminin dopé, au jeu théatral prononcé, une magnifique charette d'idées folles et un montage surprenant d'inventivité et de nervosité, même pour le plus endurci des fans de la Shaw, 14 Amazons se pause directement en classique instantané et précurseur de l'action HK, à réserver aux afficionados qui aime les récits directs et sans chichi, ou l'aventure passe par le visuel et l'énergie du cast à l'écran.

En bref, 14 Amazons, c'est un spectacle héroïque effréné, une boucherie fabuleusement kitch et flamboyante comme seule la Shaw sait si bien les faire.

17 mars 2006
par drélium




Kubrick a son Spartacus, Cheng Kang a son 14 Amazones

Si Les 14 Amazones peut figurer dans le panthéon des productions Shaw Brothers les plus épiques, c'est parce qu'il représente le meilleur, par petites doses, des grands artisans du genre que sont King Hu ou Chang Cheh. Pourtant l'oeuvre de Cheng Kang étonne avant tout par sa personnalité absolument hors du commun, témoignant de son attachement pour la gente féminine et l'image qu'elles représentent en Chine. A cette époque, faire combattre une femme pour son Empire était synonyme de risée auprès des clans adverses et surtout de faiblesse. Cheng Kang nous prouve qu'il est aussi possible de livrer un spectacle purement jouissif lorsqu'il est orchestré par une dizaine de femmes déchaînées, patriotiques (Mu Kuei Ying de dire qu'elle préfère sauver son pays plutôt que son fils, violent!) et avides d'une vengeance quasi suprême puisqu'un des leurs s'est fait lâchement assassiné. La vengeance est donc ici un plat qui se mange froid et dont les couverts ne sont que des sabres et lances, dans la plus pure tradition des repas guerriers et barbares puisque ici on privilégie clairement les affrontements en masse, gores (non sans une certaine inspiration Chang Cheh), limite improvisés (les rochers en mousse, le pont humain, les têtes décapitées) ce qui peut les rendrent parfois craignos mais ils assurent au moins le spectacle comme rarement.

La principale force des 14 Amazones c'est aussi ce formidable récit, épique, guerrier avec un semblant de grand film d'aventure dans les tripes qui surgit à chaque instant. La variété est de mise, les séquences variées à l'extrême témoignant d'une fluidité juste impeccable : tandis que l'on assistera à un assaut sur une montagne afin d'éviter un barrage de pierres, les prochaines minutes seront à mettre à l'actif d'une récolte de grain pour se nourrir, les mongoles s'en rendront compte et poursuivront leurs hôtes, ce qui entraînera une séquence tragique qui réveillera encore plus l'ardeur des amazones, tout ceci dans une dimension frénétique aboutissant à un final de grande classe. Les 14 Amazones ne cesse donc de grandir jusqu'à l'issue finale, proposant son lot de scènes effrayantes (le pont humain, bien qu'improbable, est une merveille de tension) et ses moments héroïques comme sait proposer la Shaw Brothers (l'esclave Lu Chao contre cette masse de gladiateur, le duel Loh Lieh/Ivy Ling Po, grands moments Shawesques en perspective!). La performance de certaines actrices, notamment la géniale Lily Ho, est admirable puisque et l'on réussit à s'attacher à elles malgré leur nombre important, la séquence d'intro pouvait effectivement en décourager plus d'un par la présentation de chaque personnage (une grosse quinzaine). Si le montage de l'oeuvre manque de souplesse, de folie et de rigueur (King Hu était supérieur sur ce point, mais à armes égales avec Chang Keng pour le spectacle), ses excès héroïques et son sérieux penchant pour la violence signée Tony Ching Siu-Tung envoient un joli vent à Chang Cheh qui finissait déjà par tourner en rond au début des années 70 (même si l'on reconnaît à peu près tous ses excellents travaux). Une oeuvre ample et généreuse, brave et jouissive comme jamais, que l'on peut aisément placer sur le haut du podium des meilleurs Shaw.



18 mai 2007
par Xavier Chanoine


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