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A Toute Epreuve

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les avis de Cinemasie

17 critiques: 4.38/5

vos avis

112 critiques: 4.35/5



Alain 3
Anel 4.5
Arno Ching-wan 4.25 "Woo done it" dans un hôpital
drélium 3.5 Une séquelle de the killer regardable mais pas l'électrochoc dont j'entend parl...
Flying Marmotte 4.5 Du grand John WOO
François 5 Le summum du polar d'action, au scénario plus profond qu'à première vue, et à l...
Gaetan 5 CYF à l'hôpital : gun-fights en perspective
Ghost Dog 4.25 Gunfights démentiels sans aucun souci de réalisme, Hard Boiled est une référenc...
jeffy 4.75 attention chef d'oeuvre
Junta 4.5 Gunfights dantesques pour un film culte !!!
Marc G. 4.5 Explosif !!
MetalSeb 4.5 Une tuerie !
MLF 4 Une lueur d’humanité au cœur de la violence
Ordell Robbie 4.25 Eau tiède mais marquante
Ryoga 5
Sonatine 4.75 Le film d'action parfait.
Xavier Chanoine 4.25 Du polar tranchant. Superbe adieu.
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"Woo done it" dans un hôpital

… et là je spoile : le coupable, c’est Antony Wong, avec du C-4, dans la cave de l'hosto. Antony Wong et sa tronche de psychopathe notoire, Antony Wong et son regard halluciné... Antony Wong, qui exècra son rôle et ce film comme le scénariste italien Luciano Vincenzoni exècra ceux de Sergio Leone, un autre formaliste génial adepte de l'épure. Antony se lâche : « A toute épreuve ? Vous rigolez ! C’est de la merde ! Epouvantable : je n’ai rien à faire dans ce film, je ne joue même pas (…) A toute épreuve, beuark. Le réalisateur était nul. Il ne répondait à aucune question, il n’avait aucune idée de ce qu’il faisait. Il ne savait que faire exploser des trucs partout. C’était minable(*). »

Le talent de John Woo peut énerver en cela qu’il réclame parfois peu des autres. Nul besoin, c'est accessoire. L’exercice a ses limites, mais ici elles n’en furent pas, notre réalisateur les balaya d’une rafale de pistolet mitrailleur et… bon, bref, j’avoue, ce tout petit texte n’a pour seule raison d’être que la blague du titre. La honte m’accable. C’est grave docteur ?

(*) HK mag n°13.

08 novembre 2008
par Arno Ching-wan




Une séquelle de the killer regardable mais pas l'électrochoc dont j'entend parler ici.

Un remix assez moyen de "the killer", plus violent mais sans raison, la scène finale de l’hopital étant d’un sadisme innommable (est-ce parce qu’il fallait faire plus choquant que the killer ?).

D’une façon générale, il y a bien moins d’impact que dans ce dernier tout simplement parce que tout ce qui était révolutionnaire alors devient déjà vu ici. Comme le dit Kame, on a constamment l'impression de suivre gentiment le tout sans pour autant rentrer vraiment dedans, et ce à aucun moment, ce qui est tout de même très gênant. Comme si le manque d'implication et plus encore d'inspiration de Woo contaminait le spectateur.

Mais bon, ça se regarde, du bon gros gunfights à placer loin derrière les incomparables the killer et une balle dans la tête.

Et encore, 3.50, ça me semble beaucoup tant l'originalité est faible dans ce film.

Un adieu à hong kong plaisant mais loin d'une révolution.

17 janvier 2003
par drélium




Le summum du polar d'action, au scénario plus profond qu'à première vue, et à la réalisation virtuose

Attention, chef d'oeuvre !!! Avec un scénario wooien, des personnages archi-classiques (le flic casse-cou, le flic infiltré, le vieux chef de la pègre, et le jeune loup aux dents longues), tout n'est que prétexte à de gigantesques gunfights. On retrouve les quelques thèmes chers à John Woo, mais moins que dans ses autres polars chinois. 

C'est un film 100% gunfights, donc il faut au moins un chargeur à bout portant pour abattre un homme, on ne recharge jamais les Berettas et tout ce qui est touché par une balle explose dans tous les sens. A côté d'A toute épreuve, les fusillades de Piège de Cristal ressemblent à des réunions Tupperware. Les scènes cultes abondent, de la fusillade dans un hangar à un hôpital, siège du plus gros gunfight de l'histoire du cinéma. Trois quarts d'heure de fusillades démentielles, de face à face de folie (notamment entre Tony et Phillip Kwok le borgne), de scènes cultes (Chow Yun-Fat qui sauve le dernier bébé, le fameux plan de 3 minutes sur deux étages (en fait coupé en deux, cherchez la transition : ).

On trouve tout de même au milieu de ce récital de mouvements en tout genre les thèmes préférés de Woo, avec le vieux mafioso qui souhaite se retirer, respectueux de certaines valeurs, alors que le jeune loup ne respecte rien (et qui mieux que Anthony Wong pourrait interpréter ce personnage abjecte ? :-) Il n'a même pas à jouer... :-). Au milieu, Tony Leung interprète brillamment le meilleur rôle du film, et nous livre la meilleure scène du film, lorsqu'il doit abattre son patron qu'il respecte. En un regard on ressent toute la douleur qu'il dissimule pourtant avec un sourire. Magistral Tony...



22 octobre 2000
par François




CYF à l'hôpital : gun-fights en perspective

Une rencontre explosive entre Chow Yun Fat et Tony Leung, orchestrée par un John Woo au mieux de sa forme. Cela nous donne des gunfights démentiels où le rechargement des armes n'existe toujours pas.

Comme à l'habitude, un film de John Woo n'est pas un simple film d'action : le scénario est recherché et nous montre les relations entre deux hommes que tout semble opposer, mais qui sont pourtant si proches. Nous retrouvons avec plaisir les thèmes chers à John Woo : code d'honneur, réflexion sur soi. Il suffit de voir les introspections du personnages de Tony Leung, notamment par le biais des origami.

Un excellent film de John Woo à ne manquer sous aucun pretexte.



22 octobre 2000
par Gaetan




Gunfights démentiels sans aucun souci de réalisme, Hard Boiled est une référence, parsemé parfois quand même de scènes assez ridicules...

Qu'on ne s'y trompe pas, Hard Boiled est un film de guerre, pas un simple film policier de plus. Comment expliquer sinon le nombre hallucinant de morts par balles à la seconde durant tout le film, et notamment lors de la scène de l'hôpital? Et comme d'habitude, ce sont les innocents qui trinquent: aucun ouvrier, aucun malade n'a d'importance aux yeux des triades de Hong-Kong, qui feraient n'importe quoi pour des armes et du fric. Woo nous le prouve dans des scènes de gunfights démesurément longues, aux allures de jeu vidéo, avec balles illimitées et un chargeur vidé par mec tué. Et pourquoi pas après tout, on est au cinéma non?

Mais je dois vous avouer que je ne porte pas spécialement ce film dans mon coeur. Je l'ai revu très récemment et j'ai été un peu déçu. Quelques scènes assez ennuyeuses - le coup des bouquets de roses -, d'autres vraiment ridicules - le coton dans les oreilles des bébés...- empêchent d'adhérer totalement au film. On sent que Woo est conscient de tourner son dernier film à Hong-Kong, et qu'il y a fourré un peu tout et n'importe quoi de sa filmo, de passages d'une folie furieuse (Bullet in The Head) à d'autres relevant plus de la comédie (Les Associés). Le résultat manque un peu de cohérence et de raison.

Pour se régaler malgré tout, on pourra se rabattre sur l'interprétation de Chow Yun-Fat, très bon, et surtout sur celle de Tony Leung Chiu Wai, qui surclasse son partenaire de son talent au point de lui voler la vedette. En flic infiltré en mal de reconnaissance, un peu à la Donnie Brasco, il illumine littéralement chaque scène où il apparaît (ah! ce petit sourire à son patron les larmes aux yeux alors qu'il vient de descendre un de ses « collègues »...). On comprend mieux pourquoi Wong Kar-Wai l'a repéré et en a fait son acteur fétiche !

Hard Boiled est à mon avis un film assez inégal, mais je ne peux pas le détester, c'est quand même lui qui m'a fait découvrir le cinéma de Hong-Kong lorsqu'il a été diffusé par Canal + en 1995 !! Hautement conseillé donc...



22 octobre 2000
par Ghost Dog




attention chef d'oeuvre

selon les jours je prefererai the killer a hard boiled ou l'inverse. aussi indispensables l'un que l'autre. je ne vois pas comment on pourrait faire mieux un jour dans le genre.

01 janvier 2003
par jeffy




Une lueur d’humanité au cœur de la violence

A toute Epreuve témoigne avant tout de la puissance de John Woo au moment où il réalise le film. Sa valeur n’est pas dans le scénario où la forme générale du film qui ne sont au fond que du déjà-vu. Dépassons cet aspect presque caricatural qui persiste dans le film et prouve une fois de plus que le système John Woo est avant tout une recette qu’on applique tel quel pour plaire à son public. Que serait un John Woo sans les artefacts, les tiques de mise en scène et les stéréotypes du réalisateur ? Simplement une grosse déception. Le public dans sa majorité ne vient pas voir A toute épreuve, mais le dernier John Woo, ou un John de plus (selon l’époque où on découvre le film) et cet élément change toute la relation que le spectateur entretien avec le film. Ses attentes sont fortes et John woo se doit de faire du John Woo ou risque de perdre une partie de son public… et quel public !

Lorsque Woo réalise le film, le potentiel de son cinéma n’est plus à prouver. A l’époque du Syndicat du crime (1986) et de The Killer (1989), il avait du s’opposer à son producteur avec force et volonté pour tenir son projet jusqu’au bout (Tsui Hark trouvait les idées de Woo mauvaises mais du se résigner compte tenu de l’accueil fait par le public). Le succès de ces deux films a levé les barrières et derrière la commande d’un gros film d’action, John Woo est désormais libre de faire comme il lui plait. Sa seule vraie contrainte, l’exigence de la part de la producteur d'avoir un gunfight final exceptionnel. Les attentes sont dépassées et nul ne sait si c’est par naïveté ou provocation que le gunfight dure la moitié du film. Mais le fait est là et passée la première heure servant à poser le cadre de l’histoire, le film explose en un affrontement violent qui s’achèvera dans un bain de sang juste avant de laisser la place au générique de fin.

Une pure violence qui avec le temps fait penser à une anticipation du déchainement de certains jeux vidéo comme les FPS autres jeux d’action qui, une fois posés leur petite introduction, ne sont plus que des machines à tuer. Un personnage, pourvue d’armes de guerre aux réserves de munitions infinies et d’une vie virtuel, évolue en un espace citadin et de la vie courante massacrant tout ce qui se présente à son regard et suivant les gestes compulsif d’un joueur, protégé derrière sa manette concentré sur l’écran et prêt à « faire feu » au moindre mouvement apparent, au moindre signe de vie. Et les lieux du carnage sont bien choisit, quoi de plus rassurant que sont petit chez soit ou le calme d’un hôpital. L’hôpital, ce lieu où les corps blessés viennent chercher de quoi se ressourcer et qui ici est le cœur de tous les maux.

Sortir vivant de l’hôpital ! Voici bien le souhait de tous ceux qui entrent dans un hôpital, mais sa valeur ici est d’une autre dimension. Celle d’un environnement où sont regroupées des ordures sans humanité, sans identité, juste là pour tenter de maîtriser une situation, de tuer et bien sûr de se faire tuer. Ces ordures sont la pâture anonyme que contrebalance les policiers, tout aussi anonymes sous leur masques, et qui participent tous de ce jeux de massacre où les vies ne comptent plus.

Mais dans ce monde de violence, cette boucherie folle et démesurée, persistent des brides d’humanité. Le bar par exemple, véritable havre de paix à l’ambiance jazzy, dont le propriétaire est interprété par Woo lui-même, et a toujours des conseils plein de sagesse. Contraste curieux que de s’accorder le rôle de l’homme de paix, de l’homme en paix alors qu’on est l’orchestrateur de cette frénésie sanguinaire. On peut aussi noter Mad Dog, personnage miroir à celui de l'inspecteur Woo et aux talents inouïs qui loue ses services à la mafia sans en faire véritablement partie. Cet homme de tous les dangers, obstacle insurmontable qui se désiste de sa mission pour des raisons d’éthique, d’honneur et meurt de la main de son boss pour sauver ses idéaux.

Mais surtout, et par-dessus tout, il y a ce bébé que Chow Yun Fat prend dans ses bras et protège. Il ne le protège pas seulement du danger de mort qui l’entoure, mais de tous les stigmates qui participent à la présence de ce danger. Il ne s’agit pas seulement de protéger le bébé d’un coup de feu qui lui hotterait la vie en un instant, mais de protéger ses oreilles de l’horreur des cris et du bruit des armes à feux, de protéger son regard de la vue du sang et des corps qui tombent, le protéger de tous ces artefacts qui incarnent la violence. Ce geste de douceur de ce flic brutal et machiste prenant le bébé dans ses bras pour lui dire tout bas en le berçant « chut, interdit aux enfants ». Ce court passage est probablement le plus beau moment d’humanité du cinéma de John Woo et parvient en un seul plan, avec un minimum de superficialité et d'effets à exprimer un ensemble vaste et complexe. Ce geste, filmé en un simple plan américain est tout à la fois un signe du public visé par le film (n âge de voir cette violence), une blague adressée au spectateur (sur le principe de classification) et une critique de l’hypocrisie d’un monde violent que l’on cache au regard des gens. Pour ce bébé, il ne s’agit pas d’un film, puisqu’il fait partie du film. Si une balle le touche, il meurt, c’est la réalité de son personnage et il ne peut y échapper.

A toute épreuve dépasse de loin les modalités du polar ou du film d’action et devient un geste en soit. Un geste critique qui présente toute la sauvagerie du monde et son désir de sauvagerie. Car si le film est si violent, c’est avant tout parce qu’on l’a voulu violent. Les producteurs et les spectateurs attendent cette violence qui n'existe que parce que quelqu’un (le réalisateur) l'a porté à l’écran. Mais cette violence que nous avons voulu, que nous avons créé, porté par le mouvement de ces personnages qui meurent comme à l’abatage pour notre seul plaisir, nous ne voulons protéger "l'innocence de nos enfants.

A toute épreuve est ainsi un film à toute épreuve. A l’épreuve de la violence, tant il a répondu aux attentes funestes et macabres de son public en transformant le lieu où on sauve la vie en lieu où on l’hôte ; à l’épreuve d’une certaine critique , tant il nous renvoie en miroir à notre propre manque d’humanité, au plaisir sordide que nous prenons devant une telle violence ; enfin, il est à l’épreuve  de la morale tant il dénonce clairement notre puritanisme hypocrite à vouloir protéger le regard de nos enfants de ce que nous désirons tellement, de ce qui provoque en nous plus qu’une satisfaction… un certain plaisir.



26 août 2008
par MLF




Eau tiède mais marquante

L'excellent documentaire A l'Epreuve du Temps présent sur le DVD HKvidéo du film permet de résumer ce qui fait que Hard Boiled n'est qu'un excellent John Woo. Et c'est John lui-même qui résume bien les choses: alors qu'il souhaitait faire un polar ultraréaliste et sec en forme de Dirty Harry à la hongkongaise, les conditions de tournage ont très vite fait revenir la fameuse signature wooienne contrairement à ce que Woo avait promis à Chow Yun Fat. Du coup, cette routine prenant le dessus fait qu'Hard Boiled, s'il est un film d'action aussi minutieux et maîtrisé que la fabrication d'une montre suisse, ressemble plutôt à une montagne suisse: imposant mais manquant de la dimension humaine capable de faire que certains films soient uniques malgré de gros défauts cinématographiques (en termes cinématographiques purs Hard Boiled est bien meilleur que Bullet in the Head mais il ne saurait mériter le qualificatif d'unique contrairement à la poignante tragédie vietnamienne de Woo) ou de transformer un film au-dessus du lot en classique (plus maîtrisé que le Syndicat du Crime, ce Woo a aussi beaucoup moins de moments de cinéma touchés par la grâce ce qui fait que les deux films se valent). Après un the Killer les contenant à parts égales, le Woo mélodramatique et le Woo cinéaste d'action virtuose ont fait scission et l'on ne retrouve ici malheureusement que le second, le premier étant resté au Viet Nam.

Bien sûr, le film comporte son lot de scènes d'anthologie: le générique d'ouverture scandé par la tequila suivi de Tequila jouant un morceau de jazz entrecoupé d'inserts de titres de journaux et de plans d'enseignes de boites de nuit tout droit échappés d'un polar de Raoul Walsh le tout suivi du gunfight d'ouverture par exemple. C'est virtuose, cela porte assurément la marque d'un grand cinéaste capable de poser avec maestria un sujet (la coolitude du personnage de Tequila, l'explosion de la criminalité à Hong Kong avant la rétrocession, l'idée d'un film d'action dont la progression serait fondée sur le rythme et le montage plus que sur la psychologie).

Le regard de Woo se fait ici plus posé mais il fait regretter l'amour intense de ses personnages/créations qui transparaissait dans The Killer ou Une Balle dans la tête. Chose qu'on pourrait aussi dire de l'arrivée de Tony Leung Chiu Wai en décapotable ou du fameux gunfight du hangar. Désirant ouvertement faire un film pour le marché américain, Woo renonce à son traitement mélodramatique des rapports humains. Les thèmes wooiens sont néanmoins bien présents dans le film: la disparition de l'honneur, la fidélité au clan, les amitiés viriles entre gangsters. Mais débarrassés de leur traitement unique qui leur donne leur profondeur, ils sont dilués par le film et deviennent de simples clichés mille fois vus dans le film noir et le buddy movie. Le fait que ces thèmes trouvent surtout leur expression dans les petites sous-intrigues (à l'exception de la scène du hangar) renforce cette impression.

Sauf qu'il y a un hôpital qui réhausse le film sur la fin. Pourquoi? Parce que Woo s'est retrouvé à travailler dans l'urgence et sans scénario pour cette dernière partie. Du coup, le voilà obligé d'improviser, d'emmener le film ailleurs. Une porte d'ascenseur qui ne se ferme pas et voilà un Chow Yun Fat obligé d'improviser une scène où il charge son revolver nerveusement, un gunfight dans un couloir filmé de façon continue et voilà du coup l'humain, l'imprévu qui s'invite dans le film. John Woo intègre alors l'héritage du jeu vidéo au cinéma sans tomber dans l'imitation servile. Auparavant, la mécanique s'était déjà grippée mais pas suffisamment longtemps: les scènes entre Woo et Chow Yun Fat où transparaissait la sincérité de leur amitié hors écran ou les moments comiques concernant la collègue de Tequila fonctionnant bien mieux que ceux des Associés.

A ce propos, l'interprétation est de très bon niveau mais sans génie: Chow Yun Fat excelle dans la coolitude, Tony Leung Chiu Wai offre une performance réussie en flic infiltré, Anthony Wong est très bon mais n'arrive pas à exprimer totalement son élégance crasse. Malgré tout, on peut reconnaître un vrai mérite à Woo: réussir à captiver pendant près de deux heures le spectateur avec trois fois rien. Parce qu'Hard Boiled n'a pas un canevas de départ extraordinaire, c'est même du déjà vu mille fois. En outre, une grande partie de la durée du film ne se compose que de peu d'évènements: le gunfight de la maison de thé, celui du hangar et le final à l'hôpital. Dès lors, on se retrouve en face d'un film d'action qui tire sa force non de sa psychologie et du spectaculaire de ses explosions mais seulement de son montage, de son agencement rythmique. Dès lors, sous couvert de faire un film calibré pour le marché américain, on se retrouve devant une approche nouvelle du film d'action.

A Toute Epreuve fait donc asurément date. Toutes proportions gardées, il serait un peu le la Mort aux trousses de John Woo: du cinéma terrassant de maîtrise formelle mais bien plus admirable qu'aimable. On lui préfère donc l'équilibre maîtrise/force émotionnelle d'un The Killer, son Sueurs Froides à lui. Voire même la beauté bancale d'un Bullet in the head...



24 décembre 2002
par Ordell Robbie




Du polar tranchant. Superbe adieu.

Pour son adieu à l'industrie du cinéma HK, John Woo signe peut être son film le plus spectaculaire. A l'époque où le cinéma Hongkongais connaissait quelques bévues, John mit tout le monde d'accord en délivrant son opus ultime. Sans doute pas le plus émouvant, mais dans d'autre domaine le plus définitif. C'est toujours avec plaisir que l'on retrouve la bonne bouille de Chow Yun-Fat, campant un rôle de flic aux méthodes vite expéditives, sans peur et franchement sans reproches au vu de la froideur avec laquelle il bute les hommes de la pègre locale. La séquence de fin dans la maison de thé en est le plus bel exemple.

Mais A toute épreuve n'est pas qu'un actioner brutal (encore que) sans touche sentimentale. Il faut dire que la relation du binôme Tequila/Tony fonctionne à merveille, non sans rappeler celle de Li/John pour The Killer. John Woo avouait d'ailleurs sa préférence pour le chiffre 2. N'oublions pas l'excellente performance de Chow Yun-Fat, Tony Leung et Anthony Wong, spécialiste de la Catégorie III.

Si le métrage de Woo retient autant notre attention, c'est sur le fait qu'il ne propose pas de spectacle bavard ou pseudo intello' de comptoir. Guère de discussions interminables, guère de niaiserie indigeste dans la relation d'amitié des deux flics ou de celle qu'entretient Tequila avec sa femme et collègue. Ca castagne dans tous les sens, des rafales à droite, à gauche, de derrière, de devant, dans un festival pyrotechnique quasi aveuglant. Quoi de plus normal à vrai dire lorsque l'on voit l'arsenal démentiel de Tequila et consort, c'est simple tout y passe : armes de poing, fusil à pompe à balles explosives, Uzi rafle', Lance-roquette...il manque le lance-flamme et la bombe nucléaire et on aura réellement fait le tour de toutes les armes sur Terre. J'exagère bien sûr, mais Woo en fait tout autant. Du moment que le plan est stylisé au maximum, on garde.

Magnifique mise en scène en sans cesse mouvement, donnant un aspect Live aux gunfights innombrables et apportant une profondeur telle que l'on s'y croirait. Filmé de près, souvent au raz du sol, l'objectif contemple la sauvagerie comme si elle faisait partit intégrante du décor, comme si elle était un personnage à part entière. La maison de thé, le règlement de compte dans les locaux portuaires, et l'hôpital sont autant de lieux physiquement aptes à scruter et à mettre en scène toutes les plus grandes folies de Woo. La dernière demi-heure ressemble à s'y méprendre à certaines séquences du célèbre Time Crisis avec des mouvements de caméra étrangement ressemblants.

Hard-core Boiled est une magnifique lettre d'adieu au genre.

Esthétique : 4.5/5 - Plastique d'enfer pour une mise en scène qui atteint des sommets. Musique : 3.75/5 - Assez banale, mais les sonorités d'époque sont pleine de charme. Interprétation : 4/5 - Un duo moins digne que celui de The Killer. Mais l'ensemble est touchant. Scénario : 3/5 - Très classique, l'essentiel se situant dans la monstruosité des gunfights.



22 juin 2006
par Xavier Chanoine


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