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Jade Warrior

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Arno Ching-wan 3.5 Descendre du temps
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Descendre du temps

En Finlande, un artisan forgeron, désespérément amoureux d'une femme, crée le Sampo, un objet mystérieux supposé être la source même du bonheur. Le Sampo réussit à appeler la femme tant convoitée mais attire également un démon chinois, qui voit dans cet artefact l'occasion de régner sur Terre…

Antti-Jussi Annila, réalisateur : « J'ai grandi en regardant des films de kung fu et d'action chinois. C'était un de mes rêves d'en réaliser un. Depuis, je n'ai plus regardé un seul film de kung fu parce que j'en ai sorti un moi-même » (ohmygore.com, avril 2009).

Avec ce premier film finlandais sorti sur les écrans en Chine, le réalisateur réussit, certes modestement mais il y réussit quand même, à construire un beau pont entre sa propre culture et celle du Wu Xia Pan.

A travers son héros incarné par Tommi Eronen, son acteur fétiche si l’on en croit sa présence dans son très bon second long métrage Sauna, on découvre un wu xia warrior finlandais qui évoque autant un Leslie Cheung à fleur de peau que notre Mathieu Amalric national. Il joue en effet à merveille l’homme torturé, blessé, mal dans sa peau. Et d’évoquer le regretté Leslie nous oriente immédiatement vers Les cendres du temps de Wong Kar Wai davantage que les fantaisies colorées de Tsui Hark, loin, bien loin de cette épure de wu xia. L’épée sert le mélodrame, l’action figure le bouillonnement des cœurs et le mélange des époques souligne l’universalité du propos.

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Co-écrit par Iiro Küttner, qui suivra sur Sauna, et, entre autres, par Petri Jokiranta, qui a plus récemment  participé à l’écriture de Père Noël Origines, Le guerrier de Jade illustre l’affrontement contre ce mal qui se trouve en chacun de nous. Pour ce faire, les auteurs ont pioché dans la mythologie finlandaise du Kalevala, anthologie d'anciennes légendes qui date du XIXème, en particulier le dixième chant dédié au Sampo et à son forgeron éternel, le damné Ilmarinen, de quoi donner du corps et des résonances au métrage. Voici un film qui, comme le suivant, ne cherche pas la facilité. Les quelques chorégraphies, orchestrées à la fois par des chinois et des finlandais, sont pleines de poésie, avec comme vrai climax non pas le final, certes correct mais par trop dans l’ère du temps pour convaincre pleinement, mais une parade amoureuse qui se révèle aussi splendide qu’émouvante. Au milieu d’un village, une femme, Pin Yu, incarnée par la très belle Zhang Jing-Chu, s’oppose à l’homme, Sintai (Tommi Eronen) avec à la clef une botte somptueuse, superbement filmée, qui en remontre aux tentatives à la limite de l’auto parodie de Zhang Yimou (Hero). Cette danse, qui n’a rien à envier à toutes celles que l’on a pu voir dans le genre, dispose qui plus est d’une vision horrifique très proche de l'univers de John Carpenter quand, sur le visage d'une témoin de cet affrontement, au-dessus d’un regard noir désespérément fixe, surgit soudain un cafard qui se promène sans que l’œil ne scille. La haine nait-elle de l'amour ? Glaçant.

Le final post Matrix et ses quelques effets de styles ancrés dans une époque (ralentis, poses) pourraient jouer en sa défaveur si ce n’était le soin tout particulier accordé aux chorégraphies et à la présence sur l’écran d'acteurs qui donnent une ampleur nécessaire au climax. Et le sauvent, parfois, du ridicule. Ainsi, le regretté Markku Peltola (L’homme sans passé de Aki Kaurismaki) campe solidement un agent Smith tout ce qu’il y a de plus crédible au sein de cette mythologie fusionnelle parfaitement retranscrite. Il y a du Highlander dans cette fresque où les époques se juxtaposent avec une narration fluide tout bonnement parfaite. On y trouve également une certaine poésie issue du romantisme, palpable tout du long, très joliment entretenue par une musique lancinante signée Samuli Kosminen et Kimmo Pohjonen. La photographie grisée - et grisante ! - de Henri Blomberg, que l’on retrouvera encore plus en forme dans Sauna, participe aussi grandement à la petite réussite de ce petit film, qui sut canaliser une large ambition pour ne raconter qu’une petite histoire dans la petite, un malin recentrage en regard d’un budget raisonnable mais restreint. Descendre aux cendres, il ne reste que poussière.

A priori négatif j’avais de ce film parce que son titre, Jade Warrior, me fit d’abord penser à toutes les chinoiseries en toc que l’on trouve en vente, beaucoup trop chères, aux quatre coins du globe. Erreur, il vaut mieux que ça, bien mieux. Je retiendrai les grands yeux de Zhang Jing-Chu (plus que ceux, je l’avoue, de l’estonienne de naissance Elle Kull), qui sort alors à peine des Seven Swords de Tsui Hark, mais aussi cette ambiance flottante, comme la belle odeur d’un encens mystérieux, tout en restant très agréablement surpris devant autant de respect quant à une culture que les chinois eux-mêmes peinent encore à exporter correctement à l’ouest. Pour exemple, voyez en quoi Ronny Yu (Jiang Hu) transforma le wu xia avec son Magic Warrior. Imputons cette faute à des producteurs américains moins courageux que ne le furent des finlandais, qui confièrent là, comme pour Sauna, les rênes d’un projet difficile à un réalisateur qui sut, lui, de son côté, mener sa barque avec une volonté de fer associée à un réel talent de conteur. Né en 1977, il n’avait pourtant que 29 ans à la sortie de ce premier film. La naissance d’un grand ?

19 février 2012
par Arno Ching-wan


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