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Suzaku

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les avis de Cinemasie

5 critiques: 3/5

vos avis

13 critiques: 3.33/5



Ghost Dog 0.5 A la campagne, on se fait vraiment chier !
Ordell Robbie 3 un début prometteur finalement...
Tenebres83 3.5
Xavier Chanoine 4.5 Quelques longueurs parsemées de purs moments de grâce
Yann K 3.5 Moi je trouve ça beau, et une femme réalisatrice, c'est tellement rare au Japon...
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A la campagne, on se fait vraiment chier !

Suzaku fait partie de ces films auteuristes sans vie que je ne peux pas digérer. Il ne s’y passe strictement rien, tout semble fonctionner au ralenti ; les gens parlent lentement, réfléchissent lentement, marchent lentement, comme si un terrible mal (le mal de l’escargot sans doute ?) s’était répandu sur la population du village où se situe l’action. Ajoutez à cela des plans qui s’éparpillent n’importe où (Kawase est quand même formidable, il faut le faire pour filmer un balai en gros plan !!), donnant à la structure narrative du film un aspect décousu fort peu appréciable, et aucun doute qu’un ennui profond vous gagnera rapidement.

Comble du tout, l’image est constamment surexposée par la lumière du jour, rendant les sous-titres blancs forcément illisibles (bravo aux sous-titreurs…). Mais de toute façon, il n’y a pratiquement pas de dialogues, et comme il ne se passe rien, cela achève de rendre la communication impossible, et ce n’est pas les 3 notes de piano d’une mélodie minimaliste qui relèveront le tout. Reste qu’on peut se poser une question : pourquoi ce film, et surtout pourquoi une Caméra d’Or à Cannes 97 pour moi totalement injustifiée ? Je n’ai pas de réponses à la seconde, mais sur la première, je crois avoir compris que notre Naomi voulait décrire la vie quotidienne d’un petit village, en nous rappelant que le temps passe vite même s’il passe parfois pas vite. Eh bien croyez-moi, les citadins ont vraiment de la chance.

PS: Le film suivant de Naomi Kawase s'appelle Hotaru et m'a l'air tout aussi pénible. Sauf que là, il ne fait plus 1H35 mais 2H45!...



21 juillet 2001
par Ghost Dog




un début prometteur finalement...

Suzaku n'est pas un film facile. Et il est vrai qu'au premier visionnage on est surtout sensible à ses défauts. Effectivement, Suzaku est parfois maladroit, de la maladresse exaspérante de celle qui veut trop bien faire. Parmi ces aspects, on a la répétition assez pénible de certains motifs: celui du tunnel et celui du pont en forme de métaphores à la légèreté d'une enclume (ou du Kurosawa Kiyoshi des mauvais jours au choix). Ce martèlement pourrait passer dans le cadre d'un mélodrame, ce genre du "plus c'est lourd mieux ça passe", mais dans un film totalement dédramatisé beaucoup moins. Sinon, on peut aussi constater que la mise en scène synthètise les deux aspects du parcours de Kawase: d'un coté des éléments contemplatifs hérités de ses études de photographie, de l'autre par moments un filmage plus heurté, caméra à l'épaule,hérité en droite ligne de ses oeuvres documentaires.

C'est dans les premiers passages que se situent les défauts vu qu'ils sont parfois étirés un peu trop longuement. Les choix de cadrages et la photographie peuvent également rebuter: si le choix de filmer en été aboutit à des alternances de sur et sous-expositions qui peuvent frustrer le spectateur qui aime voir l'émotion se lire sur les visages des acteurs, il aboutit à ce que l'on a l'impression que les personnages fusionnent dans le plan avec les éléments naturels, ce qui reflète du coup le mode de vie paysan synchrone des changements naturels. Et si les cadrages sont souvent approximatifs, c'est parce que faire du "beau" cadre, du "beau" plan n'est pas le souci de Kawase. Son seul souci, c'est d'etre attentive à ce qui l'entoure. Les moments les plus forts du film sont ainsi ceux où Kawase saisit caméra à l'épaule un visage, une émotion, regarde en tremblottant le soleil, les moments où la caméra se déplace lentement pour finalement déboucher sur une large perspective de la nature -le beau moment où elle passe du visage de la grand-mère aux toits de la maison puis au paysage par exemple-, celui de la disparition progressive d'un personnage dans un sombre tunnel ou encore la scène d'adieux finale. Dans tous ces moments, on sent l'amour de Kawase pour ses personnages et leur environnement. Et en leur étant attentive la cinéaste offre quelques petits moments de grâce.

Sauf que le film aurait pu être beaucoup plus poignant. Suzaku fut en son temps salué comme un film-phare d'un cinéma fondé sur le sensoriel plus que sur la narration classique à l'instar d'un Eureka, d'un M/Other, d'un Millenium Mambo ou d'un Gerry. Mais ces derniers films, s'ils ne progressent pas de façon narrative classique, ont quand meme un film conducteur: le désir de recomposer une famille chez les deux grands cinéastes japonais et le Taïwanais (les rescapés comme famille recomposée chez Aoyama, la famille recomposée classique chez Suwa, les compagnons de virée nocturne comme famille d'après l'explosion de la tradition chez Hou), la quête de la Nouvelle Frontière chez Gus Van Sant.

Or ici il n'y en a pas vraiment et la volonté d'utiliser une narration de type journal intime dans la fiction héritée d'un certain cinéma expérimental -Jonas Mekas entre autres- aboutit à noyer les thèmes forts du film -la disparition du Japon paysan que Kawase veut immortaliser, les rapports monde urbain/monde rural symbolisés par le chemin de fer, les émois adolescents au milieu de la nature- dans des éléments de chronique quotidienne - les scènes de dîner entre autres- qui amoindrissent l'impact du film en créant des temps morts. Au lieu de la belle chronique du Japon paysan espérée, on a donc un premier film assez inégal mais qui contient assez de beaux moments de cinéma pour confirmer les éléments intéréssants entrevus dans ses courts métrages. Depuis, Kawase a fait du chemin et ses documentaires ont prolongé de façon plus convaincante cette intrusion dans la fiction.

En attendant, s'il est assez inégal, Suzaku est une première fiction prometteuse et un témoignage du foisonnement du cinéma d'auteur japonais du milieu des années 90 malheureusement un peu interrompu depuis par la chute de la compagnie de Mr Kawase, Sento Takenori.



04 juin 2002
par Ordell Robbie




Quelques longueurs parsemées de purs moments de grâce

Constamment imprégné d'une aura quasi mystique l'élevant parmi les sommets du cinéma japonais de la fin des années 90, Suzaku est le premier long métrage d'une réalisatrice bien seule dans son paysage. Elle parvient néanmoins à tenir la dragée haute à quelques sensei autoproclamés : en partant de rien (et avec rien), Kawase Naomi filme une famille reformée (entre cousins) lors d'une période de vie relativement courte (l'enfance puis la jeunesse, la maturité et la vieillesse), un épisode d'une vie passé au crible avec un recul suffisamment ample pour ne jamais froisser ses protagonistes. Il est pourtant question d'amour, d'amour interdit (on frôle l'inceste) avec Michiru, une jeune écolière amoureuse de son cousin Eisuke, qui de son côté semble davantage s'attacher à sa tante malade. Pourtant jamais l'aspect tabou de cette relation de proximité ne saute aux yeux tant l'oeuvre de Kawase est très souvent sublimée par la grâce, entre quelques temps morts. Mais cette ode à la contemplation, métronome d'une vie, use de son aura mystique (inexplicable) pour ne jamais ennuyer son audience, et si l'ensemble manque de vigueur et de souffle, son onctuosité purement visuelle (bien que lourde, la symbolique du pont, du tunnel et de la nature s'imposent comme un véritable travail d'orfèvre) rattrape la donne, à Kawase alors d'alterner les plans fixes, travellings, plans séquence et caméra embarquée pour soutenir l'action.

Les longues balades en scooter représentent ainsi les quelques rares moments de liberté d'une famille en proie à la répétition et la solitude, perchée le haut de leur colline. Mais si Kawase rate parfois le coche par son accumulation de séquences répétitives (les ballades, les symboliques citées plus haut), culmine alors la grâce : les shoots vidéo de Kozo (Kunimura Jun, le seul acteur professionnel de l'équipe) rappellent ainsi ce que Kitano entreprenait dans A Scene at the Sea, ou comment de simples personnes qui posent exprès devant la caméra, sourire aux lèvres, peuvent toucher à ce point. La nostalgie et l'amour que l'on porte pour les siens (d'où cet humanisme palpable) sont des thèmes simples mais puissants, tout comme ce formidable rapport avec la nature. Et ce n'est pas cette mélodie lancinante au piano, dramatique et infiniment nostalgique qui nous poussera à dire le contraire, Suzaku est un moment de cinéma des plus superbe.



05 juillet 2007
par Xavier Chanoine




Moi je trouve ça beau, et une femme réalisatrice, c'est tellement rare au Japon...

Il faut de tout pour faire un Cinémasie... moi je garde un excellent souvenir de Moe No Suzaku. le film est il est vrai très lent, parfois abscons, maladroit et ne tenant à pas grand chose. Il manque surtout de cohérence. Mais on sent dans ces images une envie, une urgence, une passion de filmer assez incroyable. Naomi Kawase laisse les gens et la nature vivre. Certaines images (comme celle du père dans le tunnel) sont magnifiques. Je l'ai vu il y a longtemps mais j'en garde un souvenir fort.

Rappelons que la réalisatrice n'avait que 20 ans au moment de faire ce premier film et qu'une femme à la caméra, au Japon, c'est un évènement. Ce pays qui filme tant les femmes a moins de réalisatrices que l'Iran ou la Chine (pareil en politique, d'ailleurs), pourtant pas des pays particulièrement féministes. Naomi Kawase est une exception, d'ailleurs son film a visblement été fait sans aucun moyens. Quand à juger son prochain film par avance... voyez le parcours de Suwa qui, en deux films, a déjà dérouté tout le monde, ou celui de Miike. Il vaut mieux attendre avec curiosité.



31 août 2001
par Yann K


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