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Clash

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Bastian Meiresonne 2


classer par notes | date | rédacteur    longueurs: toutes longueurs moyen et long seulement long seulement

Labyrinthe des pressions (sociales)

Piqué par la curiosité de voir cette œuvre, que le grand Marco Müller décrit dans son ouvrage "Take 100: The future of film" comme "a mass orchestration intended to produce the illusion of a story that is unfolding naturally, out of anyone’s control. But that is just another way of expressing Diokno’s dedication to the medium as a spectacle that shows us rather than shields us", je me lance donc dans la construction labyrinthique de "Clash", court (61 minutes) film se passant dans les bidonvilles de Manille.
 
Premier constant: à comparer aux plongées abyssales dans les tréfonds  urbaines de de Brocka, Solito, Libiran ou – surtout – Mendoza, "Clash" ne tient absolument pas la route: les décors font un peu toc et les habitants trop "proprets" et figés par rapport à ses illustres prédécesseurs. Renseignement pris, il s'agit d'un décor expressément construit pour les besoins du film et l'ensemble des figurants étant des acteurs spécialement embauchés.
 
Comme dans les autres films, c'est caméra au poing, que l'on suit les principaux protagonistes dans les étroites ruelles, l'objectif s'arrêtant parfois comme au hasard pour capter le quotidien et de capter des bribes de conversation sans importance. Là encore, Mendoza a su faire beaucoup, beaucoup mieux et même la prouesse technique de réitérer le fameux procédé de Hitchcock de "La Corde", à savoir tout tourner en un seul et même plan continu (essai raté) pour en faire un drame en temps réel tourne rapidement à vide.
 
L'histoire, elle non plus ne convainc pas vraiment avec cette histoire des deux frères, l'un obligé de frapper un dernier coup pour espérer se dépêtrer d'un milieu pourri, tandis que son petit frère amorce la descente vers les enfers. Le dénouement est à l'image du film: noire, désespérée, étouffant, sans lendemain. Au fur et à mesure, que les jeunes protagonistes s'enfoncent, l'enquiquinante voix off du maire (celle du réalisateur Celso Ad Castillo) vantant les mérites de sa politique locale se fait plus présente, pressante et même aigue…et le message final lourd…mais pas de sens.
 
Quoique…à le comparer une nouvelle fois aux autres films, le réalisateur Diokno s'attaque carrément frontalement à la politique de son pays. Il oppose donc la voix off d'un élu local à une certaine réalité du quotidien…Des beaux discours d'un orateur invisible, dont les mots ne font pas grand sens dans les petits quartiers…et lorsque l'on se réfère au message du début du film et à son dénouement, on assiste à un véritable brûlot politique: alors que cet élu dénonce les crimes et la violence, il est pourtant avéré, que de plus en plus de politiciens recourent à une sorte de milice secrète, rémunérant des personnes pour "nettoyer" la ville des rebuts en les assassinant…Et là, on se dit, que si le film frappe fort…très, très fort dans un pays où ce sujet est particulièrement tabou…
 
Et l'on vient de s'intéresser à son réalisateur – et là, nouvelle surprise: alors que Solito, Libiran et Mendoza sont tous trois des personnes issus du monde des médias et ayant débuté la réalisation des films à un âge certain, "Clash" est un premier film d'un jeune de 21 ans, qui n'a pas su se payer des études cinématographiques et a réussi par sa seule force de persuasion à décrocher une bourse de 10.000 dollars attribuée par Cinemalaya aux premières œuvres et qui a réussi le pari insensé de mettre ce film en boîte pour 20.000 dollars, en construisant un décor de 2000 m², aux 500 figurants, en tournant pendant 3 mois dans 3 villes différentes. Franchement, le résultat n'est pas à la hauteur des ambitions, le rendu étant assez laid et – encore une fois – très loin de la maîtrise de ses illustres prédécesseurs…mais entre le message extrêmement fort et la réflexion de comment montrer ce qu'il tourne, avec cette descente infernale dans un labyrinthe fait de béton brut, tôle et misère humaine, on ne peut que rester qu'admiratif (surtout qu'à 21 ans, personnellement, j'étais très, très loin de la même démarche, ayant préféré "fuir" mentalement et physiquement ce genre de problématiques et responsabilités).
 
Donc OUI, Pepe Diokno est définitivement un réalisateur à suivre de très, très près, qui embraye actuellement avec un nouveau sujet sur des extrémistes islamistes aux Philippines…
Donc pour une fois, ne comparons pas à ce qui a déjà existé, mais donnons à ce jeune homme la chance de faire ses propres preuves dans son propre petit univers.


29 mars 2011
par Bastian Meiresonne


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