Interview Cho Sung-Hyung

Interview Cho Sung-Hyung

Interview effectuée le 6 octobre 2007 au PIFF Pole au bord de la plage de Haeundae. Lors de cette interview, nous discutons de son premier long métrage, Full Metal Village, un documentaire montrant comment le petit village de Wacken, en Allemagne, co-habite tout les ans avec l'un des plus grands festival de metal d'Europe, le Wacken Open air. Le producteur, Helge Albers, participe à l'interview comme traducteur et apporte quelques précisions sur certains points.

Vous avez étudié la communication de masse en Corée. Pourquoi avoir choisi l'Allemagne pour poursuivre vos études ?


Parce que j'adore l'Allemagne et la philosophie allemande : Nietzsche,... et la littérature
 

Comment avez-vous appris la philosophie allemande en Corée ?


J'étudiais la communication de masse en spécialité, mais je trouvais que c'était trop superficiel et j'avais besoin de plus de connaissances, et de philosophie. C'est pour cela que je suis venue en Allemagne pour continuer mes études. La j'ai fait un magister en communication de masse, et j'ai pris en mineur la philosophie et l'art vidéo.
 

Comment avez-vous eu connaissance du Wacken Open Air Festival ?


J'étais intriguée par ce phénomène, ce choc des cultures. Maintenant, tout le monde parle de choc des cultures, mais finalement je ne pense qu'il y ai eu un tel choc. C'est quelque chose de créé par l'homme. Alors j'ai eu pour idée de me placer entre les deux cultures : les habitants d'un village, et les fans de heavy metal. Ils se rencontrent et il n'y a aucun choc. Deux cultures différentes peuvent coexister.
 

Ce n'est pas également dû au fait que les créateurs du festival sont des habitants du village ?


Oui c'est l'une des raisons. Mais la raison principale est qu'ils ont appris à se connaître mutuellement. Les habitants du village vont au festival et il peuvent ainsi voir l'ambiance qui y règne. C'est le point de rencontre entre les deux et c'est la raison principale de cette bonne entente.
 

Comment êtes-vous entrée en contact avec les habitants du village ?


Très facilement. Ils étaient très ouverts, comme ils ont l'habitude de voir plein de monde venir dans leur village. J'ai fait un an de recherche autour du village, ce qui a donné beaucoup de temps pour se connaître.
 

Avez-vous eu l'occasion de rencontrer des organisateurs du festival ? Le seul qu'on voit a démissionné.


J'ai fait des interviews mais les organisateurs ne faisaient que des déclarations promotionnels. Je voulais des conversations avec les protagonistes, comme on voit dans le film, mais ces personnes ne voulaient pas s'ouvrir à la caméra.
 

Et des fans?


J'ai essayé. La première année où je suis venu, j'ai fais un effort pour les impliquer, mais le problème est qu'ils étaient trop content d'être là, de faire ce qu'ils faisaient, donc il n'y avait pas de chose vraiment intéressantes ni de problème à soulever pour le film. Il étaient là pour s'amuser et étaient trop excités.
 

Que signifie le terme "Heinmat" dans le titre ?


En allemand, c'est un mot très complexe. Ce n'est pas vraiment le lieu d'où l'on vient mais celui où l'on se sent chez soi. Il y avait un genre de film dans les année 50 et 60 appelé "Heinmat films" dont les films, généralement situés en Bavière ou dans les montagnes, étaient très populaires en Allemagne. Appeler le film "Heinmat" est dans un sens ironique, car ce n'est évidemment pas le même genre mais en même temps il se reflète sur le terme qui vient du même sens ; c'est juste qu'il le redéfinit. Je viens de l'autre bout du monde et c'est intéressant de trouver un endroit où me sentir comme chez moi. Et également les fans de Heavy Metal trouver leur Heinmat à Wacken ; ils ne viennent pas de là, ils n'y sont pas nés, mais ils s'y sentent bien.
 

Comment vous êtes-vous retrouvé impliqué dans le film ?


Helge Albers : CSH m'a approché, m'a envoyé son exposé et l'idée m'a plu. Personne ne travaille comme ça, mais des fois vous lisez quelque chose et ça vous intéresse particulièrement. J'ai aimé ce point de vue étranger sur un sujet allemand ; on (Flying Moon) produit beaucoup de films à l'étranger, on fait des co-productions, mais cette fois, on pouvait faire un film en Allemagne, mais d'un point de vue étranger.
 

Vous avez dit après la projection que les Allemands et les Coréens avaient apprécié le film, mais différemment. De quelle manière ?


Dans un sens, le film marche partout, dans la mesure où il parle d'un sujet universel. Par contre, l'approche culturelle pour appréhender certaines choses est parfois absente. Le métal est un genre musical très peu développé en Corée du sud, et cela provoque des confusions, notamment sur les histoires de satanismes, et sur les traductions, comme "black people" ; c'est évident pour les européens qu'il s'agit des amateurs de black metal, mais pas pour les coréens. Avant de faire ce film, je ne savais pas non plus.
 
Il y a beaucoup de choses qui sont si éloignées. Des Coréens se retrouvent ici à regarder un film sur un petit village allemand, et on se rend compte à ce moment là à quel point on est différent. Il y a plein de choses qui sont faciles à comprendre pour des Européens. Par exemple, la scène où le chat vient boire le lait sans que le fermier ne dise rien ; les Allemands étaient morts de rire en voyant ça, mais ici, en Corée, rien. C'est surprenant quand on est habitué à ce que les gens rigolent.
 

Aimez-vous le heavy metal ?


Ma première rencontre avec la musique occidentale fut par mon frère qui écoutais Led Zeppelin, Black Sabbath. Donc j'ai écouté beaucoup de hardrock quand j'étais petite. Maintenant, je n'ai plus vraiment de préférence fixe. J'aime la musique mais je n'ai pas d'affinité particulière avec l'une ou l'autre.


Merci à Cho Sung-Hyung et Helge Albers pour cette interview, et à Lee Jeong-Nam pour les photos
date
  • octobre 2007
crédits
  • interviewer
  • Elise
  • traduction
  • Helge Albers
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