Aux Sources de l'Animation Japonaise - Partie 3/4

PROGRAMME 5 : Autres réalisateurs des années 30 et 40


Samedi 19 octobre et jeudi 14 novembre 2002

 

Les bonbons animaux (Ameyadanuki) d'un auteur inconnu - muet 1931

 

Le marchand de bonbons aime bien faire un "numéro de cirque" à chaque fois qu'il vend une friandise. Il s'agit en fait d'un renard qui peut se transformer en toutes sortes de choses.

Au premier abord, le dessin est assez désagréable. Pas vraiment joli et très minimaliste. Personnellement je n'accroche pas tellement à ce style. En ce qui concerne l'histoire, c'est enfin la rencontre avec l'ennemi du raton : le fameux kitsune, autre figure célèbre des mythes et légendes japonais. Lui aussi aimant beaucoup se transformer, ça donne forcément des scènes où l'imagination est débordante. Un peu longuet et répétitif, la fin sauve l'histoire avec un retournement de situation assez surprenant.

 

La journée d'une écolière (Chameko no ichinichi) de Nishikura Kiyoji - muet 1931

 

Le soleil se lève au sens propre comme au figuré. Les oiseaux chantent et les aiguilles du réveil tapotent la jeune fille pour qu'elle ouvre les yeux. Le petit déjeuné est tout aussi festif puisque la nourriture se jette d'elle même dans les bouches et que le cartable saute tout seul sur le dos de l'écolière.

Comme le dessin animé précédent, le style du dessin n'est pas terrible mais les idées sont très bonnes. Les enfants voyant cela ne peuvent avoir envie que d'aller à l'école. Ce qui est déjà une bonne chose. Des cours où les énoncés d'arithmétique prennent vie pour aider les élèves à faire les calculs et des textes du cours de lecture sortent littéralement de la page, c'est plutôt engageant.

 

L'amour de Sankichi et Osayo (Genroku Koimoyô - Sankichi to Osayo) de Seo Mitsuyo - muet 1934

 

Sankichi est heureux car il est amoureux mais le problème c'est qu'Osayo pense qu'il n'est qu'un looser et qu'il n'est pas digne d'interêt. Pour la fête du printemps, tout le monde danse et des brigands décident d'enlever Osayo. Mais c'est sans compter sur l'intervention de Sankichi.

Une histoire à la fin évidente dès le départ mais ça reste très sympathique à regarder. Surtout quand Sankichi se bat contre les brigands avec l'aide des oiseaux. Un gros clin d'œil est fait à King-Kong (1933 au Japon) avec l'ascension du chef des méchants en haut d'un arbre et l'attaque des oiseaux qui, pour l'occasion, ont pris la forme d'avion et crache des noyaux.

 

Le renard contre les ratons (Ugokue kori no tatahiki) de Ôishi Ikuo - parlant 1933

 

Le renard se déguise en samourai et part demander à un temple de l'heberger pour la nuit. Mais au lieu d'avoir à faire avec des bonzes, il doit passer la nuit avec des ratons plutôt taquins qui font tout pour le faire fuire.

Cette fois c'est la confrontation entre ratons et renard et on ne peut s'attendre qu'à une franche rigolade. Les uns étant aussi rusés que les autres, le renard découpe le raton en morceaux après l'avoir saoulé au saké. Chaque morceau redonnant bien sûr plein de petits ratons. La lutte sera dure pour les ratons mais c'est un grand plaisir pour le spectateur. Le renard ne reprenant sa vraie forme qu'à la fin, on en vient même à oublier que ce n'est pas un samourai mais ça ne lui enlève rien de sa ruse. 

La chasse au monstre (Bandan.emon bakemono taiji no maki) de Kataoka Yoshitarô - parlant 1935

 

Des monstres terrorisent toute un région. Un jeune samouraï va se dévouer pour aller les chasser. Son cauchemar débute quand il entre dans le temple hanté puisque séduit par une belle jeune femme prisonnière, il s'endort.

Petit problème de reconnaissance de l'animal impliqué. En effet, les organisateurs du MCJP parlent de renards mais en les voyant se tapoter le ventre pour faire de la musique, ça m'a plutôt rappelé une des habitudes célèbres des ratons. Quoiqu'il en soit l'animal n'est pas très aimable avec les hommes et pense surtout à faire la fête à chaque capture. Autant dans Les bonzes mélomanes, ça se finissait bien pour les ratons, autant là le civet est garanti ! 

 

Kintarô à l'entrainement (Kintarô taiiku nikki) de Suzuki Hiromasa - parlant 1940

 

Kintarô, petit enfant bien musclé, organise un combat entre animaux dans la forêt. Chacun a sa caractéristique. Le lapin est rapide, l'ours est le plus fort... Au final, c'est Kintarô qui fait une demonstration de force et bat l'ours.

Le but principal de ce dessin animé c'est de montrer aux enfants que faire du sport, c'est bien. Forcément l'enfant ne pouvait que battre l'ours à la fin même si ça n'est pas très réaliste. Le tout reste gentillet et fait sourire mais sans plus. 

 

La princesse de la lune (Kaguya hime) de Arai Kazugorô et Tobiishi Nakaya - parlant 1942

 

Un couple de personnes âgées assiste à une terrible tempête. Deux lapins se retrouvent bloqués sous un arbre et le vieil homme décide de les adopter. Malheureusement le soir même les lapins meurent. Le vieil homme leur dresse une tombe et vient prier tous les jours. Un an plus tard, la pousse de bambou se met à briller à tel point que l'homme décide de la couper. Il y trouve un bébé qui est pour lui un cadeau de la lune pour remplacer l'enfant que sa femme et lui n'ont jamais pu avoir.

Basé sur un conte très ancien et populaire au Japon (Disponible ici), il est adapté ici en ombres chinoises. L'histoire est assez étrange pour quelqu'un qui ne la connaît pas à l'origine mais est très belle et relativement triste au final. Cela fait clairement penser au style de Rêve par une nuit de neige mais l'auteur n'en ai pas le même malgré les fortes ressemblances. Reste à lire d'autres versions de l'histoire pour mieux percevoir certaines subtilités en particulier le pourquoi de la venue des lapins depuis la lune.

 

PROGRAMME 6 : La production pendant la guerre (1941 à 1943)

 

Jeudi 24 octobre et samedi 16 novembre

Série de dessins-animés qui est à la fois intéressante d'un point de vue historique mais qui laisse un assez mauvais goût dans la bouche au final. Décidément la propagande ça passe toujours aussi mal quelques soient les pays concernés.

 

Vive le nouveau Japon ! (Kaikokutarô-shin nihon rettô banzai) de Suzuki Hiromasa - parlant 1938

 

Tarô quitte le pays sous les applaudissements de la foule. Il s'embarque sur un bateau qui le mène dans les mers du Sud. En cours de route, ils sont attaqués par des requins que Tarô découpe en morceaux et par une baleine qui les propulse sur une petite île. Ils trouvent une population autochtone terrorisée par de méchants lions. En prime, Tarô découvre une mine d'or. Grand vainqueur, Tarô se voit confier par la population les droits d'exploitation de l'or.

On se situe avant le début de la guerre, à la période où le Japon cherchait de nouvelles ressources au dépend des Anglais, Hollandais et Américains (il avait notamment des vues sur le pétrole des Indes Néerlandaises (Indonésie)). Il fallait donc bouter hors de ces pays du sud asiatique les occidentaux empêcheurs d'exploiter en rond. En sachant cela, le message véhiculé par ce film paraît beaucoup plus clair.

 

Notre infanterie de marine (Bokura no kaiheidan) de Kataoka Yoshitarô - parlant 1941

 

La marine recrute pour aller se battre contre les pays ennemis et Saruno décide de s'engager. L'apprentissage est dur mais Saruno se révèle être plutôt doué. C'est l'heure du départ et la foule encourage la marine japonaise. Les manœuvres ne tardent pas à commencer et tout s'accélèrent quand un bateau américain apparaît à l'horizon. La marine a rempli sa mission et revient au port, croisant en route des poulpes et des poissons qui saluent "la glorieuse armée" comme indiqué sur les petits panneaux qu'ils tiennent.

Le patriotisme vu par les Japonais, très fiers de leur flotte marine qui cela dit en passant gaspille ici énormément de munition pour arriver à couler le bateau ennemi. A noter un clin d'œil à Hitler lorsque Saruno salue un bras en l'air et qu'une moustache carrée lui pousse sous le nez. Autre clin d'œil, l'intervention d'une souris en salopette sur le bateau, sans doute pour dire que les Japonais aussi ont leur Mickey national.

Sus aux espions ! (Supai no gekimetsu) de Yamamoto Sanae - parlant 1942

Churchill et Roosevelt décident d'envoyer des espions au Japon pour diffuser de la propagande occidentale, espérant affaiblir leurs convictions et obtenir des informations sur leurs installations militaires. Arrivés sur les territoires, les démons espions mobilisent les autres espions déjà en place. Ils essayent de perturber le travail des ouvriers mais ceux ci se révèlent trop impliqués dans leur travail pour les écouter. En essayant de s'en prendre à une jeune fille qui pose des affiches, ils mettent en alerte la population et l'armée. Les espions tentent de fuir en avion mais celui-ci est touché par une bombe et explose.

Comment développer la parano, la peur et le nationalisme : faire de la propagande sur la propagande ennemie. Celle-ci consistant principalement à encourager le capitalisme et disant aux gens de ne plus travailler et de consacrer plus de temps à s'amuser. En dehors, de Churchill et Roosevelt, tous les espions ont pris la forme de démons aux dents longues et au regard méchant. Tout comme le reste du programme, c'est assez désagréable à regarder mais ça a le mérite d'amener à réfléchir sur les techniques de propagande actuelles.

 

La lutte corps à corps (Tôkyû nikudan sen) de Kuwata Ryôtarô - parlant 1943

 

Les Américains représentés par des singes et les Japonais sous forme de chiens vont disputer un match de rugby.
Les chiens suivent un entraînement quasi-militaire pour se préparer alors que les singes ont plutôt tendance à se laisser aller. Les singes très forts et marque beaucoup de points dès le départ. Mais la situation va s'inverser et les chiens gagner au final.

Encore un film prenant le sport pour cadre. Le problème c'est que non seulement c'est long mais en plus il n'y pas une once d'amusement dans le ton employé. Il s'agit de montrer que les Américains sont des individus impolis, moqueurs et suffisamment bêtes pour perdre le match pour une raison idiote, un point c'est tout. Les Japonais à coté de ça sont toujours très ordonnés et concentrés sur leur tâche ce qui leur assure naturellement la victoire finale. 

 

Nippon Banzaï ! (Nippon banzai !) de Maeda Hajime & Arai Kazugorô - parlant 1943

 

Les Japonais luttent contre les Anglais, les Américains et les Hollandais pour libérer l'Asie du Sud.

Un mélange d'ombres chinoises, de cellulos et d'images d'archives qui est sans doute l'apothéose de ce programme. Le Japon ne se bat plus contre l'oppresseur pour se procurer des ressources comme le pétrole mais pour sauver l'honneur des pays d'Asie du Sud. Entre Pearl Harbour (dont les images réelles ressemblent plan pour plan à celles dessinées pour Notre infanterie de marine) et les images de drapeaux occidentaux brûlés, on ne nous épargne rien pour nous montrer à quel point le glorieux Japon a raison et les autres torts. Churchill, Roosevelt et Chian Kai-shek sont même représentés à la fin sur un radeau où ils perdent complètement la tête. 

 

Le petit Maa et les parachutistes (Maabô to rakkasan butai) de Chiba Yôji - parlant 1935

 

Maa travaille au centre de recherche qui mets au point de parachutes d'assaut plus qu'originaux mais toujours destructeurs . Tout est prêt pour attaquer l'ennemi.

Un petit saut en arrière puisque le film date de 1935. L'idée de faire fuir les occidentaux est déjà bien présente et les techniques d'attaques innovantes décrites ici sont toutes bien étudiées pour faire le plus de victimes avant de toucher le sol. Des cabines pouvant contenir un ou deux militaires armés, des systèmes de projection de balles en grandes quantités ou encore des appareils pouvant provoquer des ondes éléctro-magnetiques de forte puissance sont donc largement testés au front et permettent aux Japonais de gagner du terrain.

date
  • octobre 2002
crédits
Festivals