NINJAOËL 2008 - Chapitre 3

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Aïe ! Noël se rapproche et voici déjà venir le dernier volet de notre trilogie Ninja... Finissons en beauté, voulez-vous ? Ne soyez pas tristes ! Comme dirait Barbie voulant prendre en photo son ami Ken après s'être mangée une porte dans la tronche : "Shuriken !!"

Aujourd'hui, le ninja taiwanais affronte le ninja coréen dans un chapitre 3 assez conséquent, concoté par deux cinémasiens et pas des moindres : j'ai nommé l'expert en ninja du site : Drelium, et notre coréen métis inside : Gilles. Aussi étrange cela puisse-t'il paraître, c'est à ce dernier qu'on doit l'impulsion première de cette série de dossiers. Ce qu'il développe là, il l'avait évoqué, hilare, au détour d'un repas parisien légèrement arrosé entre cinémasiens. La pertinence de l'analyse m'avait fait me dire : "Eh mais ouais, pourquoi pas un p'tit dossier ninja au fait, tiens?". Merci à lui, donc. Quant à Drelium, il est inutile de vous amuser à compter ses mots, en effet il dépasse allègrement le quota autorisé. MAIS, mais-mais, notre camarade ayant tant et tant à dire sur le sujet que, bon, bref : à tout seigneur tout honneur, ces dossiers n'auraient pas été crédibles sans sa participation.

Merci à lui, merci à tous les deux, bravo à tous et, surtout, bonnes fêtes de fin d'année et Happy Ninjaoël !!

Le vrai ninja est coréen (par Gilles)

Quant à moi, je tiens particulièrement à rebondir sur l'un des points cités par Ordell (cf. Chapitre 1), auquel j'ai trouvé une parade. Voici ce qu'il dit :

" 9) Gillesc me fait signe qu’il n’y a pas à sa connaissance de film de ninja coréen répertorié"

Et bien si, j'ai trouvé. Et le pire, c'est que tout le monde connaît ce film. Et non, ce n'est pas le film nord-coréen Jaguar Ninja (que d'ailleurs je serais curieux de voir ; Sonatine faut qu'on se parle), mais un chef d'oeuvre du genre, le ninja des temps modernes, celui qui surpasse tous les autres dans son approche du personnage mythique. J'ai nommé : Locataires.

Alors vous me direz : "Quoi ? Kim Ki-Duk qui fait un film de ninja ? Nan mais muahaha mais je rigole". Et ben détrompez-vous. Kim Ki-Duk a tout compris du concept ninja. Voici les raisons :

1) Son personnage ne parle pas.

2) Son personnage n'a pas de nom.

3) Son personnage est inconnu de tous.

4) Les seules personnes qui le voient sont celles qu'il choisit.

5) Il a une moto (raison à la con, mais une moto, c'est la classe qui sied à un ninja ; d'ailleurs il a un super swing, ça aussi c'est la classe)

De plus, notre Kim Ki-Duk national (ouais, disons qu'il fait de meilleurs résultats en France qu'en Corée, donc c'est un peu le notre, non ?) utilise le thème certes ultra-repassé de l'apprentissage par un jeune apprenti, via des épreuves de plus en plus difficiles, mais d'une manière totalement inédite. Tout d'abord il s'introduit dans les maisons vides (d'où le titre coréen "Bin Jib/Maison vide"), puis enlève la femme qu'il aime avant de se faire arrêter par la police et mettre en prison, où il parfait sa technique grâce au garde qui devient mentor malgré lui.

On retrouve ainsi un autre thème récurrent du ninja : l'amour impossible entre le guerrier solitaire et la jeune femme mariée en quête de liberté. Cette amour deviendra l'objectif principal de notre ninja qui arrivera au bout du compte à maîtriser sa technique à tel point qu'il pourra satisfaire cet amour.

Alors ok, il n'a pas un grand vêtements noir, ok il n'a pas un foulard ridicule pour se cacher la bouche, ok il n'a pas un sabre et ne vole pas au dessus des toits, mais c'est un ninja des temps moderne. Il vit dans la métropole, et à la place des vêtements noir (pour les déplacements nocturnes), il est habillé en streetwear, ce qui lui permet de passer inaperçu dans la rue, même de jour. Alors qu'un mec avec un foulard, c'est moyennement discret sur le trottoir (à part pour les gens qui mettent un masque d'hôpital pour éviter de contaminer les autres mais je m'égare, et de toute façon c'est pas discret). Son moyen de transport est la moto, qui lui permet d'éviter l'écrasement dans le métro ou le bus et de ne pas être arrêté par les bouchons (et puis essayez de sauter d'un gratte-ciel à un autre tiens). Et son arme est un club de golf qui lui sert à lutter contre la terreur et l'oppression. D'ailleurs, on peut dire qu'il est un ninja qui oeuvre pour le bien, car même dans les maisons qu'il emprunte provisoirement (on me souffle le mot 'squatter'), il fait un peu de ménage et répare ce qui est cassé. Il ressent de la douleur lorsqu'il commet une erreur, et l'amour est son moteur, c'est un grand romantique.

Et d'ailleurs Kim Ki-Duk n'en est pas à son premier fait d'arme. Il s'est déjà essayé au genre dans certains de ses films :

- Bad Guy : le gars espionne la fille à travers une vitre sans teint (ninja fourbe)
- Coast guard : le couple passe subrepticement une clotûre de nuit pour passer en territoire interdit et se fait tuer par un militaire (ninja amateur)
- Printemps, été... : le repère du ninja, entraînement physique et psychique, enfance, errements... (la passion du ninja)
- Time : change de visage pour accomplir sa mission (ninja pro)
- Dream : utilise le corps de quelqu'un d'autre pour accomplir ses méfaits (ninja psychique somnambule)

Finalement, on se rend compte ici qu'un réalisateur très controversé comme Kim Ki-Duk, qui raconte régulièrement dans ses films les problèmes inhérents à son pays, est un grand amateur de ninja et a su, dans le cadre de l'un de ses films, rassembler les thèmes propres aux ninjas et en faire le meilleur de tous, celui qui colle à son époque, quand tous les autres se complaisent paresseusement à ressortir de vieilles histoires de grand-mère avec des mecs aussi charismatique qu'un superman avec son slip sur le pantalon. Kim Ki-Duk a capturé cette profondeur psychologique qui fait des ninjas des êtres hors du commun, dotés d'un sens humaniste inégalable et d'une maîtrise de soi acquise grâce à leur abnégation dans la pratique de l'art ninja.




L'attaque du ninja, toute en finesse.




Mode furtif.



Ninja style forever.


Ninja Powa (par drélium)


Alors vu que je suis sensé être le spécialiste des Ninjas, je me dois de tenter de répondre à toutes les questions et les attentes des précédents épisodes… Donc :

Pour ce qui est du "sexe ninjesque", voyez plutôt une scène du classique Shaolin Dolemite (1999)

08 attaque de seins

… avec l’attaque dite « du sein tabasseur. »
 
Ou le grand écart ninja en contre plongée et à poil, tant qu’on y est…
 


… présent dans l’original et grand classique intercontinental Ninja, the Final Duel (1985) .

Ca, c’est fait.

Pour ce qui est "du sang, des révélations, des cascades mortelles, du ralenti ridicule et, peut-être, des femmes ninjas" Le même film cité plus haut ou sa préquelle, comment déjà, ah oui, Ninja, the Final Duel, ou tout autre film taiwanais du début des années 80 avec ninja dedans feront très bien l’affaire. Filtrez bien cependant les ninjas moustachus signés Godfrey HO qui ne sont pas taiwanais contrairement aux idées reçues.

Citons donc aussi et dès maintenant les films de ninja de cette brillante lignée taiwanaise, la meilleure bien entendue, qu’il vous faut dans votre vidéothèque si vous êtes un véritable amateur de ninja au sens le plus noble du terme, vous savez ces films dont beaucoup ignorent même jusqu'à leur existence : Shaolin Vs Ninja (1981) , Mafia Vs Ninja (1983) , Wu Tang vs Ninja (1984) , Ninja Condors (1987) , Ninja Vs Shaolin Guards (1982) , The Super Ninja (1984) , Ninja in the USA (1985) , A Life of Ninja (1983) . Ho mais quelle surprise, un certain Alexander LO Rei est le héros de quasiment tous ces films. Voyez donc le lien ci-dessous pour un portrait consistant du monsieur :

http://drkungfu.free.fr/alexander.htm

Autant le répéter haut et fort, j'aime le Ninja et les Ninjas Taiwanais sont les meilleurs de tous les ninjas .
La majeure partie d'entre eux fut formée au tout début des années 80 par un certain Robert Tai, voyez donc le site ci-après pour de plus amples informations sur le monsieur :

http://drkungfu.free.fr

Tant qu'on est dans ma vidéothèque Ninja idéale, ajoutons pêle mêle les autres indispensables du genre : Five Element Ninjas (1982) , Heroes of the East (1978) , Ninja in the Dragon's Den (1982) ou encore Ninja in the Deadly Trap (1985) , jusqu'à l'inratable Watari the Ninja Boy (1966) en passant par le sommet Turc Death Warrior (1984) sans oublier le fond du fond du nanar Challenge of the Lady Ninja (1983)

Ca, c’est fait.

Passons aux questions plus personnelles :

Comment Ordell peut parler de ninja alors qu’il n’a pas vu Ninja the final duel ?

La réponse est dans la question !

Comment Mickey Rourke en catcheur masqué peut-il être plus intéressant qu’un ninja ?

Mickey Rourke veut faire son intéressant, pas le ninja !

Le film de ninja a toujours été un cas à part difficilement critiquable au premier degré, au même titre que les films de catcheur masqué, souvent placé en dessous même des films japonais de monstres, de robots géants et autres super justiciers en équipe. Vu qu’aucune star ne souhaite incarner un guerrier non seulement totalement masqué mais de surcroît totalement opaque et mystérieux, la mythologie du ninja elle-même se répand où elle peut, c’est à dire en secret et dans les bas-fonds.

Le catcheur masqué a aussi une vie sous son masque (Mickey Rourke va pouvoir se confesser, ça va être génial…), le robot géant est contrôlé par un gamin et une télécommande, l’équipe de héros déguisés sortent ensemble la nuit, les fake-Batman, Batman, dérivé notoire du Ninja rappelons-le, font les pitres avec leur Robin, pas le ninja.

Ninja = mystère, Ninja = silence… Tapi dans l’ombre, le vrai Ninja veille, mortel.

Pourquoi les dessinateurs de comics s’évertuent à imaginer des héros aux pouvoirs sensationnels sachant qu’un ninja aurait pu faire l’affaire pour rétamer n’importe quel salaud en costume ?

Pour varier un peu, si c’était tous des ninjas, on ne les reconnaîtrait pas ! Car bien entendu, tous les super héros en collant sont des dérivés du ninja.

Le Ninja est multiforme et multiculturel qu’on se le dise. Aura comique bas de plafond ou guerrier mortel et intouchable, la culture Ninja est vaste et sait se glisser dans les recoins.
La culture Flash par exemple, et sans aucun rapport, est une très bonne école d’animation où le ninja qui a la classe est très souvent mis en scène. Facile à dessiner, facile à mouvoir, charismatique avec une forme noire simple et deux yeux blancs, le ninja est parfait pour le rough. Sa façon unique de se mouvoir et d’attaquer, points primordiaux qui entretiennent le mythe du ninja, en font un sujet rêvé pour l’expérimentation.

Par extension, la culture vidéoludique (Shinobi, Samurai Spirits, Nina Gaiden, etc…) a considérablement redoré le blason du ninja, de même les animés japonais (Naruto, Ninja Scroll (1994), etc) restent de solides références du genre ninja.

Célèbre label electro britannique, Ninja Tune et son logo « Ninja lanceur de vynils » prouve encore une fois que le Ninja est cool et sait de quoi il parle, il fait partie intégrante de la culture underground.

Et pourquoi les ninjas au cinéma sont si mal représentés ? Pourquoi sont-ils toujours ridicules ? Pourquoi Flic ou Ninja est si mauvais ?

Très peu considéré cinématographiquement, le ninja est bien un genre à part qui agonise depuis plus de 20 ans et n’a jamais réellement supporté les feux du succès. Même au Japon, pays du Ninja où ses racines ancestrales l’ont maintes fois porté sur le grand écran, il n’existe que trop peu de chef d’œuvre du genre ninja, voir aucun, encore moins à l’étranger que ce soit à HK, en Corée, à Taiwan, aux Philippines, en Indonésie, en Turquie, en Inde, en Europe, Aux Etats-Unis, en Amérique Latine, en Australie… Niente.

Le Ninja est donc jusqu’ici bis et malmené, élément comique torturé, sous-fifre invisible ou au mieux guerrier respectable mais fauché. Peu loquace, il pâtit de sa secrète mystique autant qu’il en brille, alors que ses origines d'espion déloyal sont le plus souvent mises en avant. Guerrier secret aux tactiques sournoises, personnalité ultra codifié, le Ninja désigne tout autant un agent furtif, un groupe secret organisé et commandé par une personnalité retors, qu’un justicier solitaire, sorte de Ronin du pauvre.
Passer inaperçu et dans le même temps se démultiplier semblent donc plutôt cohérent pour un ninja, d’autant qu’aucun code Bushido ne vient renforcer ses racines, les premiers ninjas n'étant même que de simples paysans rebelles.

Si tout le monde s’entend pour dire que le ninja de cinéma tel que le public le perçoit le plus largement remonte à KOSUGI Sho en 1979, l’époque où la Cannon et son Enter the Ninja (1981) suivi de ses séquelles, montre enfin un vrai ninja japonais héros d’un film, il est moins clairement établi, et pourtant il faudrait le dire plus souvent, qu’au-delà des America Ninja (1985) et autres ninjas américains dévastateurs pour son image, c’est bien ce diablotin de Godfrey HO Chi Keung qui a définitivement tué le mythe en traînant le ninja dans les fanges des pyjamas fluos et des gweilos moustachus les plus innommables.

Selon IMDB, Godfrey Ho a réalisé 90 films dont approximativement 40 contiennent le mot "ninja" dans leur titre. Autant dire que le bonhomme et ses compères Thomas TANG Kaak Yan et Joseph LAI , ne se sont pas gênés pour rentabiliser les 2 en 1 en bourrant le crâne des masses avec une science chirurgicale du marketing ciblé, participant largement à l’image désastreuse que trimballe le Ninja de cinéma dans l'inconscient collectif. Ajoutez les séquelles de la Cannon (Pray for Death eu autres Ultime violence), nullissimes, n'ayons pas peur de le dire, on comprend mieux pourquoi le ninja se fait rare aujourd’hui jusqu’à l’éradiquer totalement au cinéma.




Ninja Terminator (1985) , énième 2en1 ninja de Godfrey Ho


Donnez moi un titre de film de ninja sérieux et respectable qui ne soit pas japonais ?

Introuvable quasiment.
Hormis deux exceptions Hongkongaises (Duel to the Death (1983) et Heroes of the East (1978) ), j’ai beau scruter même jusqu’en Corée (non, non, pas la peine d’insister avec les nanars de la Cannon François), c’est introuvable. Ninja in the Dragon's Den (1982) de Corey YUEN Kwai qui surfe directement sur la vague ninja japonaise de l'époque (Shogun's Ninja (1980) et autres petites bisseries nipponnes sans grand intérêt...), bien que très recommandable lui, est davantage porté sur la comédie.
Les Ninjas classiques quant à eux ont beau fourmiller au cinéma, ils ne sont toujours que seconds rôles, le plus souvent en grappe impersonnelle et vite entraperçus. Les Ninjas restants font eux dans la parodie tarte (merci les navets Ninja nippons post-2000, Nin x Nin (2004) et autre Red Shadow (2001) ) jusqu’aux délires les plus puérils (le néanmoins excellent Watari the Ninja Boy (1966) , San Ku Kai (1979) , la télé nippone, etc).

Et en effet, nous pouvons aussi considérer le cinéma japonais classique avec des ninjas dedans (Samurai Spy (1965) , Manual of Ninja Arts (1967) , Castle of Owls (1963) , etc) comme très secondaire devant la place du Samouraï ou même du Ronin. Historiquement, un héros se détache tout de même, Hattori Hanzo, le "célèbre" Ninja réputé invincible au service du clan Tokugawa que l'on retrouve dans Kill Bill, le jeu Samouraï Spirits, le manga Basilisk, les films et le manga Babycart entre autres, mais toujours en second rôle, à l'opposé de la ribambelle de héros samouraïs multi-serialisés Jubei Yagyu, Itami Hanzo, Ogami Itto, Nemuri Kyoshiro, etc.


Il n’y a plus alors qu’à considérer le ninja comme situé au dessus des concepts de bons et de mauvais films sinon, c’est la déception quasi assurée. Le Ninja possède une puissante mystique, hélas, de son lourd pedigree historique et de toutes les possibilités visuelles qu’il offre, il s’est vu exploité jusqu’à la moelle, en particulier dans la pire des périodes du cinéma pour se faire exploiter, les années 80.

Oui, le ninja est malmené, mystérieux, mal connu mais songez aux terribles épreuves qu’il a bravement surmonté tout au long de ces longues années de cinéma . Le Ninja dans son éternel mystère cache aujourd’hui ses plus belles pépites patiemment semées au plus profond de toutes les filmographies du monde, tel un Lord of the Underground. Qu’il soit Turc ou Taiwanais, Indien, Brésilien, Français ou Nigérien, le ninja vous attend dans les turbins les plus malfamés et fera toujours le bonheur du gamin qui cherche un brin de baston folle, du shadow kick d’arbres en arbres et des pluies de shurikens qui s’abattent sur une armée de mannequins volants.

Force est de constater qu’à ce jeu là, rien ne surpasse jusqu’à présent la puissance du vrai Ninja Taiwanais à l’oeuvre, le vrai ninja du coin élevé au grain, celui qui se lève à 5h00 et part courir dans la forêt avant d’enfiler sa belle tenue blanche pour tanner du récalcitrant avec le vrai style du Ninja justicier, un vrai respect du mystère, de la magie et des surprises qu’est sensé posséder un ninja, Alexander Lou en ninja en somme. Alexander restera toujours le meilleur ninja car 1) c’est un superbe athlète et 2) il est 10 fois plus charismatique camouflé en ninja que tête nue.



Alexander Lou dans Ninja the final duel


Terminons par une petite ode :

Ô toi immortel et invincible ninja, guerrier mystérieux dont la mystique se répand dans les traditions les plus séculaires, toi qui hante sans relâche les vicissitudes des filmographies les plus reculées, et qui fort de ta magie obscure et colorée, toujours inconnu te glisse dans les cultures cinématographiques du monde entier sans jamais créer de stars ni de remous, tu brandis sans relâche ta devise aux 4 coins du globe : justice de l’ombre !








date
  • décembre 2008
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