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Le Serpent aux mille coupures

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Arno Ching-wan 3.75 Qu'un sang impur abreuve nos sillons
classer par notes | date | rédacteur    longueurs: toutes longueurs moyen et long seulement long seulement


Qu'un sang impur abreuve nos sillons

"J'ai appris seul. Leng T'che, c'est le nom chinois de ce châtiment, la mort par les mille coupures". (Le tueur Tod, incarné par Terence Yin).

Si vous avez lu le polar de DOA, vous savez à quoi vous en tenir, et l'on ne saurait trop vous conseiller de découvrir celui qui a précédé, Citoyens Clandestins, si vous souhaitez en savoir un peu plus sur le mystérieux protagoniste incarné par Tomer Sisley. L'adaptation frôle la perfection. Eric Valette fait bien monter la sauce (tension, humour noir gonflé, personnages forts...) jusqu'à un gunfight final qui crache bien. Le métrage est interdit aux moins de 16 ans, surtout pour des scènes de torture - dont une d'anthologie - et de nudité explicites. Des séries comme GoT, Hannibal ou Walking Dead le sont, ça se tient. Terence Yin est une révélation : il incarne un bad guy franchement épatant, à savoir le serpent du titre. Malgré quelques prestations de vilain notables dans Colour of the Truth, un très bon cru Wong Jing qui date déjà de 2003, et le Life Without Principle de Johnnie To, il n'avait pourtant pas, jusqu'alors, marqué les aficionados du ciné HK. La "faute" en revient sûrement à son arrivée post 2000 et sa participation à des films qualitativement déclinant par rapport à l'âge d'or pré-rétrocession. Il a bien évolué depuis son boys band Alive, Terence, où il côtoyait alors son ami Daniel Wu (Hit Team, One Night in Mongkok, Purple Storm...), que beaucoup connaissent maintenant à travers la série bourrine Into The Badlands.

C'est sans doute à une grand-mère Allemande que Terence Yin doit son physique surprenant. Allié à sa prestation droite, inquiétante, à des lentilles bleu clair et à un rictus aussi mémorable que glaçant, il renvoie à certains jeux de Mads Mikkelsen (Hannibal, Casino Royale). A croire que le rôle a été écrit pour lui.

Qu'un tel foutoir international débarque à Moissac surprend autant qu'il amuse, et l'on comprend que le concept ait plu à un Eric Valette originaire de Toulouse. Moissac - Toulouse = 70 bornes. Le cadre est pour le moins charmant.

L'intrigue et son traitement évoquent le western, "cow-boy sans nom" inclus. Le français Total Western, déjà un bon défouloir campagnard d'Eric Rochant, n'en est pas si éloigné. La vraie fraîcheur du film se trouve là : pas de thriller domestique - enfin - ni de canevas post-Charles Bronson avec un type s'en allant remonter la chaîne alimentaire pour venger qui sa soeur, qui sa femme, qui une énième prostituée maltraitée ou encore un chien. En-fin ! Non, on a affaire à un polar, un vrai, de ceux qui ne se font plus, ne se vendent plus parce que sans doute qu'ils cherchent à prendre leur distance par rappor à un contexte délétère justifiant ce palliatif. En ces temps troubles, la protection de la famille et la vengeance guident les instincts. 

On peut s'étonner de ce hasard faisant jouxter cette trame autour de la ferme à celle du Logan de James Mangold, chipoter sur quelques rares jeux d'acteurs approximatifs - pas Tomer Sisley, eh non, débarrassé de son tic de langage de dandy parigot, le voilà sacrément crédible - et un ultime duel que j'aurais personnellement aimé un poil plus long, mais en l'état c'est de la bonne came, au budget serré optimisé - elle n'est pas coupée - et tournée en 34 jours de tournage seulement. Vu la gueule du ciné de genre français actuel, l'exploit relève quasiment du miracle. A charge (?), sur Télérama.fr on peut lire : " (...) quelques autochtones, au milieu de cette violence mondialisée, en sont encore, les imbéciles, à attaquer un fermier parce qu'il est noir... On est en pleine furie irréaliste, dans une France américanisée à la Jacques Audiard." et retourner ce même constat à l'avantage du film. Encore que juger irréaliste que des paysans attaquent un noir, c'est occulter le passé de notre glorieux pays, ignorer certainement des fait-divers actuels et, pourquoi pas, être dans le déni quant à un avenir tout proche. Ce thème, agencé avec d'autres placés au même niveau : pardon, communication, mais aussi cahier des charges propre au genre (violence, sexe, ambiance...) participe d'un polar aussi fun qu'intelligent et bienvenu. 

04 avril 2017
par Arno Ching-wan


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