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All About Lily Chou-Chou

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les avis de Cinemasie

5 critiques: 3.7/5

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30 critiques: 3.88/5



Alain 4
Ghost Dog 3.25 Film en apesanteur mais trop débridé pour convaincre
Ordell Robbie 3.5 une belle saga adolescente de plus pour Iwai
Xavier Chanoine 4.25 Très souvent touché par la grâce
Yann K 3.5 Etonnant mais parfois décevant
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Film en apesanteur mais trop débridé pour convaincre

"I see you, you see me..."

Très belle première heure pour ce film très particulier : des adolescents plutôt transparents ou incompris dans la vie réelle, mais passionnés dans leur vie parallèle, une vie pleine de musique, de rêves et d'échanges virtuels sous pseudo sur des forums spécialisés. Vous ne vous reconnaissez pas quelque peu dans ce mini-portrait, fans de ciné asiatique?

La suite du film est moins intéressante : multiplication de supports numériques quasi-amateurs pour une virée entre potes à la plage, distension de l'intrigue pour atteindre les presque 2h30, ce qui est beaucoup trop long, propos brouillon. Mais la bande-son planante et quelques plans fulgurants de beauté (dont certains travellings arrière ou prises de vues dans un champ) contribuent largement à encourager cette oeuvre qui aurait pu avoir une envergure bien plus conséquente avec un peu plus de rythme et de rigueur.



03 septembre 2007
par Ghost Dog




une belle saga adolescente de plus pour Iwai

Avec ce film sur le fan d'une rock-star nippone nommée Lily Chou Chou plus ou mois inspireé de Faye Wong, Iwai réussit déjà à ne pas se mettre en compétition avec Swallowtail Butterfly. Il ne s'agit pas ici de dépeindre des marginaux et des immigrés mais bien le quotidien de l'adolescent japonais fanatique de rock et qui voit dans les rock stars l'expression de ses espoirs et ses frustrations. On pourrait alors voir dans le film une jonction entre le côté saga rock'n'rollienne de Swallowtail et un pendant masculin et plus triste d'April Story.

Disons d'abord un petit mot de la structure narrative du film: on a au début l'impression que les posts échangés par les fans de Lily Chou Chou ne sont là que pour l'épate alors qu'ils forment un recit parallèle a l'image et les deux se croiseront au concert de Lily Chou Chou, lieu de croisement de tous ces internautes solitaires, qui révèlera les visages cachés derrière les pseudonymes. Ils forment en outre un contrepoint bienvenu à ce récit de tranches de vie adolescentes nippones: gaucherie devant le sexe opposé, vol de disques, cours de kendo, cruauté des adolescentes entre elles, prostitution des jeunes filles, racket, règne de la violence et de la loi du plus fort qui peut déboucher sur des actes inconscients. Outre l'idée des e-mails en surimpression, le film est un festival de belles idées de mise en scène qui creuse l'écart entre un Iwai et le côté clippeux d'une partie du cinema actuel: utilisation maîtrisée de la caméra portée et des travellings brusques -notamment lors de beaux et brefs combats de kendo-, de superpositions d'images, de cadrages penchés et d'accélérations du montage pour souligner les émotions des personnages; même lorsque les personnages partent en vacances à Yokohama, le choix de filmer en digital pour souligner la cassure fonctionne à l'exception de l'idée assez gratuite des gouttes d'eau sur l'objectif.

La photographie de Shinoda Noboru offre également par son usage du flou une intéréssante correspondance entre la forme du film et l'Ether evoqué par les fans de Lily Chou Chou, correspondance qui se retrouve au niveau musical avec le rôle narratif fort des Arabesques de Debussy que Lily Chou Chou décrit comme un des premiers compositeurs ethérés. Cet éther est aussi l'inconscience dans laquelle baignent les personnages du film qui se sont construits une bulle à l'aide de leur idolâtrie, bulle que le film fera progressivement éclater pour montrer l'envers de leur insouciance. L'utilisation de la musique au moment du concert final pour susciter la perte définitive de repères et d'innocence des personnages à ce moment-là est également bienvenue. Le film est un beau document sur la fanatisation que peut susciter le rock chez les jeunes japonais: une discussion sur les mérites de deux artistes rivaux peut déboucher sur une bagarre et l'anonymat d'une foule peut être utilisé comme théâtre d'un meurtre qui sera intégré par les fans à la légende sulfureuse de l'artiste -comment ne pas penser alors au fameux concert des Rolling Stones à Altamont aujourd'hui considéré comme le symbole de la fin de l'innocence des annees 60?-. Certes, tout ce que dit Iwai sur l'adolescence nippone et leur rapport au rock est loin d'être neuf mais cet aspect est compensé par le contenu formel et émotionnel foisonnant du film. Autre point fort du film, son humour permanent, en particulier lors des gags de plage ponctuant le séjour a Okinawa des personnages. Reste que le script est parfois embrouillé.

S'il n'est pas le meilleur Iwai, All about Lily Chou Chou rajoute une réussite belle et émouvante à son oeuvre et a le mérite de réussir a intégrer avec succès l'internet au langage cinématographique. S'il n'a jamais réédité le coup d'éclat Love Letter, il demeure un auteur nippon solide.



20 septembre 2002
par Ordell Robbie




Très souvent touché par la grâce

Ce n'est pas la première fois que la jeunesse japonaise est passée au crible par des cinéastes plutôt prestigieux. Si il y a bien un film parmi les nombreux docu-fictions qui dépeigne de manière plutôt formidable cette décadence totale, c'est Typhoon Club du génial Somai Shinji, démontrée chez ce dernier comme une échappée sans issue vers le suicide et la non-reconnaissance totale de leur image auprès des adultes. Typhoon Club évoque cette génération avec une noirceur et un réalisme redoutables, Somai ayant déjà tâté du terrain avec Sailor Suit And Machine Gun de manière plus ironique, mais dont le propos annonçait déjà son meilleur brûlot social : l'appel de la violence d'une jeunesse aveuglée par la frénésie de l'amour du risque. Chez Iwai, cette jeunesse est dépeinte de manière semblable dans sa finalité car à l'instar de Somai, les adolescents sont particulièrement conscients de leurs actes présents et futurs. Il se laissent aller, jouent avec le feux en se provocant mutuellement, complotent par jalousie, une généralité souvent pointée du doigts par les cinéastes adeptes du film sailor fuku. Mais Iwai se démarque ici en utilisant la thématique du rock et du fan-addictisme, extrêmement intéressante même si développée qu'à l'état formel : les échanges textuels sur un des forums de Lily Chou-Chou apparaissant à l'écran sous forme de pop-up, comme pour marquer le spectateur par ses contrastes quasi aveuglants de noir et de blanc, même si certains tics comme les "loading" ne semblent pas apporter grand chose d'un point de vue narratif. Mais ne nous trompons pas, All About Lily Chou-Chou n'est pas un film axé sur le fan-addictisme, cette technique est simplement utilisée pour marquer le propos, de manière à surligner la chronique adolescente. Pas de parti pris classique de la part d'Iwai, jeunes hommes et jeunes femmes sont passés en revue. Tandis que l'on forcera Yuichi à se masturber dans une décharge juste pour se fiche de lui, Yoko essuiera le viol d'une poignée de garnements sous prétexte qu'elle fait de l'ombre à l'une des têtes de la classe.

Ce constat amer est bien traité par Iwai, usant d'une mélodie douce au piano presque ironique pour accompagner des images effroyables, un procédé non sans rappeler celui de Salo de Pasolini, où une agréable mélodie au piano suit les histoires abominables des prostituées. Le film peut aussi se diviser en plusieurs parties, formant un tout : les 13 ans douloureux de Yuichi, les vacances à Okinawa tournées en caméra numérique, les tribulations de la jeune Yoko, la descente aux enfers de Yuichi lors du concert de fin. Si la présentation de All about Lily Chou-Chou a provoqué un certain cataclysme dans les festivals et marqua visiblement un cinéaste comme Tarantino qui reprendra le sublime Kaihukusuru Kizu de la chanteuse Salyu pour son Kill Bill vol.1, on ne peut pas réellement évoquer une révolution dans le paysage cinématographique mondial et nippon. L'oeuvre de Iwai a beau être par moment d'une irréelle beauté, très souvent touchée par la grâce, elle n'en demeure pas moins trop longue. Et lorsque le film tombe dans la grâce la plus totale (la séquence des cerfs-volants rouges, Yuichi devant l'écran géant à l'extérieur du concert, la fête des écoliers...) il se voit très souvent suivi de passages évoquant clairement une rupture de ton. La caméra admirablement tenue par Iwai, mélange de chaos et de discipline du cadre, oscille entre le -joli- poseur et le délirant amateur (la partie en vacances à Okinawa), tout comme elle semble revenir à l'époque d'un Love Letter lors des passages plus contemplatifs. Cette donne est aussi valable pour la photo et les nombreux décors. Le film ne manque pas non plus d'ironie, surtout lorsqu'il est question de tailler la chanteuse -particulière- de Jpop Shiina Ringo par messages internet interposés, et heureusement Iwai ne tombe pas dans la caricature du film de commande pour mettre en avant l'interprète de toutes les chansons, et accessoirement dans le rôle de Lily Chou-Chou, la chanteuse méconnue Salyu à qui l'on doit le sublime album Landmark. Au final, All about Lily Chou-Chou distille des moments de bonheur absolument diaboliques, et malgré ses légères fautes de rythme, demeure l'une des plus belles chroniques sur la décadence de la jeunesse, accompagnée d'une bande-son absolument indescriptible.

06 octobre 2007
par Xavier Chanoine




Etonnant mais parfois décevant

Le film étonne presque tout le temps, mais on aurait plutôt préféré qu'il détonne. Il surprend d'abord parce qu'on nous raconte l'histoire de fans d'une chanteuse, mais on ne la verra jamais (enfin on résume, sinon ça gâche le film). C'est la meilleure surprise du film. Autre surprise, mais plus destabilisante : la musique de cette artiste est difficile à identifier. On se demande s'il ne s'agit pas d'une pianiste, ce qui jure avec son statut supposé de pop idol. Les autres chansons n'ont pas de quoi se pâmer mais sont supérieures à la moyenne catastrophique des films japonais, que Iwai avait contribué à relever avec Swallotail Butterfly. Le texte du VCD parle d'une musique "Bjork style". N'importe quoi, a se demander si Bjork n'est pas connue via un ersatz là-bas.

Le style, justement, est une autre surprise, mais pas toujours bonne. Il y a incontestablement une lumière Shunji Iwai : naturelle, contrastée, abusant un peu des contre jours mais qui a le culot d'être parfois très sombre, si la scène est réellement "dans le noir". Les flashs noirs permanents, avec le son des claviers d'ordinateur, rythment admirablement le film, qui vise évidemment l'hypnose, l'état "Ether", à la fois enivrant et léger. Par contre, la caméra peine à se trouver une place. Parfois, avec un sens du montage aigu, les scènes sont dans un mouvement permanent, flottant. La cadre peut être très loin, certaines oppositions près/loin ou bougé/fixe sont saisissantes. Mais cela peut aussi être chaotique, énervant, juste pas filmé, comme chez ces branques du Dogme. Il en est de même avec le fond des scènes. Ce sont plutôt des moments, sans but, pas aboutis, frustrants ou étranges. On aime que le film raconte autre chose que la simple relation fan-artiste. Il cherche une vraie vie, quitte à se perdre dans des instants sans intérêts. Mais soyons francs : cela peut virer dans l'abscons total, et quand le style se met aussi à foirer, c'est pénible.

D'autres moments sont sublimes, ainsi le concert de la fin, plongée dans un enfer obscur (c'est vrai, on se perd tout le temps, en concert) qui culmine avec le comble de l'horreur pour le fan (on ne raconte pas...), suivi d'une magnifique scène dans l'école et d'une conclusion brutale. Si tout le film avait été comme ça, il aurait dépassé le cercle des fans à qui il était destiné. Shinji Iwai avait en effet dédié un site à l'artiste imaginaire Lily Chou-Chou et recueuilli les avis sur le chat. Il en a tiré un livre, puis le film. Il aurait pu être un chef d'oeuvre.



20 juillet 2003
par Yann K


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