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Amer Béton

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3 critiques: 4.33/5

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Arno Ching-wan 5 Ce que t’appelles l’enfer, moi j’appelle ça chez moi
Ordell Robbie 5 Noir. D'une grande audace artistique. Marquant.
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Ce que t’appelles l’enfer, moi j’appelle ça chez moi

T’as un coup de barre, t’as mauvais mine ?… PRENDS TON COUP D’BARRE A MINE ! !

Le manga Amer Béton de Taiyo Matsumoto n’a pas usurpé son statut de BD culte. Feuilletonesque en diable, son scénario se compose d'une suite de chapitres ou pamphlets collés les uns aux autres sans transitions directes évidentes. On y suit deux enfants terribles d’un Tokyo fantasmé, deux gosses exclus d’une société malade, deux malades qui ne le sont qu'aux yeux de ceux qui tendent le doigt pour définir la menace. Car même si « Blanko le naïf » nous bousille le cœur quand il regarde avec envie des enfants s’amuser dans une cour d’école pour se faire jeter dans la foulée par un gardien, on ne peut s’empêcher d’être admiratif devant son comportement hors norme ainsi que celui de son frère de rue, "Noiro le cruel", qui s'en ira lui, dans la foulée également, exploser le gardien pour venger Blanko. Par la force des choses, oui, ils sont hors piste, mais parce qu’ils ne suivent pas ce chemin « mainstream » de l’univers Gakuen cher à ces hordes mangas se passant dans des écoles - pour, ne nous y trompons pas, interpeller la majorité d’une jeunesse au pouvoir consommateur de papier évident -, leur liberté est telle qu’on ne peut, paradoxalement, qu’envier leur existence. A priori éphémère, forcément, mais qu’importe, elle est de celles qui, même courtes, contiennent tellement de vie que les vieux, anciens gentils écoliers, en seront toujours jaloux. A ces papis alors de tendre un doigt mesquin.

Le manga flirte souvent avec le fantastique, puis finit par s’y engouffrer totalement et franchement avec bonheur. Les aficionados savent que ce sont ces œuvres là qui sont les plus perspicaces quant à la réalité des choses. Elles en exacerbent certaines pour que l’œil les discerne mieux, titillant une bribe de cervelle peut être encline à s’éveiller, sait-on jamais. Cette nuée de bâtisses qui constitue la ville est purement décalée, les marchés et autres entreprises dantesques aux ramifications mondiales, inconnues mais prégnantes, envahissent la ville à la manière d’un Dysneyland qui déploierait son cancer généralisé, immeuble par immeuble. Aussi croit-on sans effort que les dirigeants de cette chose sont des extra terrestres tant une vision à ce point globale du monde est inhumaine, tant un tel recul par rapport aux évènements ne peut pas – c’est impossible – être envisagé par un homme. Une telle perspicacité de la part de Matsumoto ne peut qu’être saluée, l’œuvre se révélant non pas être de l’anticipation mais bien une analyse dépouillée et clairvoyante de notre temps, une définition des grandes mégalopoles destructrices aux rêves d’abondance illusoires, qui vous offrent d’une main technologies et distractions quand l’autre vous choppe les couilles. Car il s’agit bien là de castration, en démontre ce manège qui va jusqu’à remplacer un bordel sous les yeux dépités d’un vieux yakuza. L’histoire est inhabituelle et le trait suit le tracé, flinguant les perspectives pour mieux retranscrire l’aspect vertigineux des immeubles infinis et les vols libérés de nos deux marmots. Comme si nous assistions aux visions d'un poisson naviguant dans les eaux troubles d'une mer de béton. La technique du "Fish Eye" n'a jamais aussi bien porté son nom.

Ce bouquin vous prend aux tripes comme rarement, vous tire les larmes sans en faire des tonnes et vous bouleverse comme pas deux. L’anime de Michael Arias ne transposera que très partiellement cette leçon de vie formidable, un bras d’honneur libérateur, car il est bien là le « retour de l’enfant massacre », seulement personne n'a envie de le voir, personne n'a envie de savoir. Pour soulager sa conscience, à chacun de s’acheter des œillère en forme de divertissements, des faux fuyants d’un pathétisme confondant. Et si le cinéma en fait partie, alors comme tout le monde j’en suis le consommateur premier. « Amer Béton » est un chef d’œuvre, un vrai de vrai, qui te dit qu’il t’aime tout en te secouant comme un prunier. Un pote, quoi.



02 juin 2007
par Arno Ching-wan


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