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Une Balle Dans la Tête

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les avis de Cinemasie

16 critiques: 4.41/5

vos avis

110 critiques: 4.37/5



Alain 3.25
Anel 4
drélium 5 LE MEILLEUR JOHN WOO !
Flying Marmotte 5 CULTE.... A ne manquer sous aucun prétexte !!
François 5 Film le plus personnel de John Woo, fresque poignante sur l'amitié et grand fil...
Gaetan 4.5 Magnifique, horrible et brillant
Ghost Dog 5 Une extraordinaire histoire d’amitié qui tourne au cauchemar sur fond de ...
Ikari Gendo 4.5 Une descente en enfer et une formidable étude de la condition humaine
Junta 4.5 Beau et poignant.
Marc G. 4.75 To be or not to be … friend
MLF 1.25
Ordell Robbie 4.5 Un des plus beaux films sur l'amitié
Ryoga 4.5
Sonatine 4.75 Aussi sombre et inquiétant qu'un crâne ...
Xavier Chanoine 5 Une bouleversante histoire d'amitié
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LE MEILLEUR JOHN WOO !

Tous les grands films de John Woo sont extrêmes et à la limite de la caricature. C'est bien justement l'excès unique de ses films qui le définit et définit du même coup tout un pan du cinéma HK dont il est un des grands constructeurs, cinéma d'action avant tout, faut-il le rappeler. Le jeu des acteurs fait donc pleinement parti de cet excès tout comme l'enchaînement de situations extrêmes (ment improbables) construit l'empathie du spectateur pour une descente aux enfers inégalée. Tenter de comparer ce Woo en particulier aux étalons classiques du cinéma est à mon avis une erreur. La puissance jouissive d'Une balle dans la tête est évocatrice car elle ne met justement en jeu que les extrêmes et se fonde sur une vision du cinéma elle-même déformée et caricaturale.

Plus profond, personnel, dépaysant et moins gnangnan que the killer, Une balle dans la tête se résume à une plongée vertigineuse de l'amitié au coeur de la violence. D'une petite rix à hong kong à coup de canifs et de battes de base ball, niveau de violence basique pour les compères en question, le chemin tombe irrémédiablement vers l'excès de violence pour mettre à vif les personnages, brillante cristallisation du cinéma de Woo. La révolte qui explose tout d'abord puis l'horreur bien réelle de la guerre et des centaines de victimes civiles, et enfin l'escalade malsaine et unique qui suit ne sont qu'artifices bruts pour faire exploser les limites mêmes du fanatique de cinéma excessif. Dans un tel contexte, qui de l'amitié ou de l'argent sera le plus fort ? Le thème principal des films de Woo atteint ici ses lettres de noblesse les plus sanglantes.

De multiples personnages se croisent, s'entraident et se déchirent sans arrêt jusqu'au final crépusculaire. Les acteurs sur le fil y sont juste scotchants. Les scènes d'action extrêmes (moins chorégraphié que the killer), le rythme très particulier, sorte de course morbide pour la vie sur le fil du rasoir et une tonne d'autres merveilles font de ce film un chef d'oeuvre brutal et sans concession, digne héritier des polars âpres HK du début des 80's et consolidation majeure de son bestial "Hero shed no tears".

"Bullet in the head" est à mon avis le meilleur John Woo simplement parce que il est son film le plus personnel et le plus extrême. Celui où la concession, l'acalmie, le repos n'existent jamais, celui qui va jusqu'au bout du bout de la logique Woo : amitié écartelée, bafouée, densité, violence de l'action et pression non stop. C'est le film (avec "the killer" à moindre mesure) où l'on sent vraiment John Woo à fond, impliqué jusqu'au cou, motivé et donc motivant.

"Il s'agit une fois de plus de ces films dont les imperfections renforcent la dimension humaine de l'oeuvre." En effet, c'est ça aussi qui fait la puissance de "bullet in the head", son côté brut de décoffrage qui respire la sincérité de l'âge d'or du cinéma HK.

30 janvier 2003
par drélium




Film le plus personnel de John Woo, fresque poignante sur l'amitié et grand film.

Une balle dans la tête est un film un peu atypique dans la carrière de Woo. On peut le comparer à Voyage Au bout de l'Enfer de Michael Cimino, dans son traitement "avant-pendant-après" guerre. On retrouve aussi des scènes très ressemblantes dans le camp de prisonniers. On quitte donc le cadre habituel des films de Woo, à savoir la ville, et plus spécifiquement Hong-Kong.

Tout comme le film de Cimino, Une Balle dans la Tête n'est pas centré que sur la guerre, mais développe surtout le thème de l'amitié. C'est à ce niveau le film le plus complet de John Woo. En suivant le destin de ces trois amis sur plusieurs années, Woo développe enfin complètement ce qu'il avait abordé avec Le Syndicat du Crime et surtout avec The Killer.

On retrouve le thème de la perversion par l'argent, et bien sur de l'importance de l'amitié. La fin du film est assez grandiose à ce niveau, avec la scène dans le camp de prisonnier, suivi de LA scène du film, où Ben (magnifique Tony Leung) retrouve son ami Frank (magnifique Jacky Cheung) souffrant le martyr après avoir pris une balle dans la tête. Tout le génie de Woo se résume à cette scène, l'une des plus fortes émotionnellement dans les films du maestro. Autre scène marquante, celle où Ben retrouve Paul (infâme mais magnifique Waise Lee), devenu membre de la pègre.

On ne retrouve pas la vista des gunfights des autres films de Woo, sauf à de rares occasions. Mais le scénario s'y prête moins, et il y a quand même quelques passages impressionnants. L'important n'est pas tant l'aspect visuel que le fait d'être témoin de la destruction de l'amitié entre Ben, Paul et Frank. Woo en profite pour traiter des problèmes historiques de l'époque, et nous livre ainsi un de ses films les plus denses.

En deux mots : chef d'oeuvre. Pour moi, l'un des trois meilleurs films de Woo.



22 octobre 2000
par François




Magnifique, horrible et brillant

Une balle dans la tête est un film très dur et très violent, aussi bien visuellement que sentimentalement : il suffit simplement de voir la scène donnant son titre au film, elle ne peut pas laisser indifférent. Comme souvent, nous retrouvons les thèmes chers à John Woo, notamment le code d'honneur et l'amitié. Les scènes de combat sont magnifiques, le scénario est recherché, en nous montrant 3 amis et leurs réactions face à la détresse d'autrui, l'argent, et eux-mêmes.

Il s'agit d'un film magnifique avec une mention spéciale pour Tony Leung dans le rôle de Ben : à ne pas mettre sous tous les yeux.



22 octobre 2000
par Gaetan




Une extraordinaire histoire d’amitié qui tourne au cauchemar sur fond de guerre du Viêt-Nam. Essentiel.

Pas grand chose de plus à ajouter par rapport à mes confrères, il ont presque tout dit : Une balle dans la tête est un coup de poing dans la gueule, un film choc qui raconte une histoire d’amitié gâchée par l’appât du gain, c’est-à-dire par quelques pièces d’or…

Réalisé par John Woo (qui pour moi n’a fait mieux qu’une seule fois avec The Killer), il est situé dans un contexte très spécial, la guerre du Viêt-Nam, que l’on ne voit habituellement que des yeux américains. Ici, ce sont des civils qui en sont les victimes et dont la vraie nature va se révéler au grand jour en toute impunité : d’où scènes de fusillades d’une longueur, d’une noirceur et d’une violence inouïes. Tout ceci engendre des moments de cinéma grandioses et terribles : les 2 balles dans la tête du copain ou l’enlèvement des 3 potes par l’armée vietnamienne. Véritablement inoubliable.



07 avril 2001
par Ghost Dog




Une descente en enfer et une formidable étude de la condition humaine

Bullet in the head est un film fabuleux à plus d’un titre. D’un point de vue cinématographique tout d’abord : une réalisation de très bonne facture, des acteurs talentueux, des scènes de combats très réussies, un ensemble qui sonne juste.

Mais ce qui fait réellement entrer ce film dans le Panthéon du cinéma est la profondeur humaine du scénario. Suivre la descente aux enfers de ces trois amis qui se trouveront finalement séparés par la cupidité est quelque chose qui ne s’oublie pas. Les réactions des différents personnages face à la détresse à laquelle ils doivent faire face au gré de leur différente rencontres, les choix qu’ils doivent faire, le rapport à l’argent, les liens qui les unissent… Tout semble si réaliste qu’il est très facile de s’immerger totalement dans l’histoire. Quand à la dernière scène, si porteuse d’émotion, elle constitue à elle seule un grand moment de cinéma.

Une remarquable descente au plus profond des sentiments humains, un incontournable.



01 mars 2001
par Ikari Gendo




Un des plus beaux films sur l'amitié

Ce qui sépare un grand film d'un bon film est souvent trois fois rien, mais un trois fois rien qui peut faire passer un film de juste bon à grosse claque et Bullet in the Head en est l'illustration. Les défauts du film sont pourtant aussi béants que ceux du récent Windtalkers. Mais alors qu'est-ce qui explique que le drame sur fond de guerre du Viet-Nam fonctionne là où la fresque sur les navajos rate en partie son objectif?

Parmi les défauts, on a a priori une vision très manichéenne de la guerre si on veut absolument y voir un film sur le Viet Nam (gentils ricains contre méchants Viet Congs qui volent les civils et torturent les prisonniers, la variation sur la scène des prisonniers de Deer Hunter qui s'achève par l'arrivée de soldats américains en super héros), un montage parfois à l'arraché -on sent par moments le charcutage des scènes d'exposition pour arriver à une durée de deux heures-, des personnages pas très loin du stéréotype (Waise Lee->Harpagon, Jacky Cheung->le naïf, Tony Leung Chiu Wai->l'homme droit) joués par des acteurs (Waise Lee et Jacky Cheung surtout) qui en font des tonnes, une course-poursuite finale véritablement de trop et rajoutée pour remplir le quota scènes d'action du film (la fin alternative où l'on montre de façon suggérée Tony Leung tuer Waise Lee est bien meilleure). Ces défauts (qui n'en sont pas totalement, cf plus loin) n'occultent néanmoins pas quelques gros points forts du film: le coup sur la tête pris au début par Jacky Cheung (ainsi que l'assassinat d'une balle dans la tête d'un opposant par le Viet Cong) est d'autant plus frappant au revisionnage, le retour d'un Simon Yam tueur glamour défiguré renvoie à un Fritz Lang qui utilisait cet élément pour montrer la part maudite de ses personnages; Woo utilise son récit de perte de l'innocence pour faire une autocritique de son système cinématographique -vu que l'on s'est totalement identifiés aux personnages, la révélation dans le final de la face cachée de la chevalerie exaltée durant tout le film devient un cataclysme pour le spectateur- et les cadrages sont bien faits. Et les limites que pourrait avoir le film sont largement compensées par un seul point: l'émotion, ce truc dont parle sans arrêt Thierry Rolland mais qui est pourtant la chose la plus importante au cinéma.

Car si Tony Leung Chiu Wai est extraordinaire sans trop en faire (son personnage n'en a pas besoin, c'est le moins "excessif" du trio et Tony Leung lui donne facilement de l'épaisseur par son jeu), Jacky Cheung et Waise Lee se démènent comme des beaux diables pour faire exister leurs personnages et leur donner de l'épaisseur, n'ont pas peur de l'outrance et du ridicule que peut engendrer une prestation premier degré. Et comme leur outrance se semble pas laborieuse et forcée mais un produit direct de conditions de tournage chaotiques, ils offrent ainsi au film une partie de son intensité ce qui fait que la spectateur a envie d'y croire. Le potentiel dramatique des situations est exploité à son maximum par un scénario très écrit (interactions entre les personnages exploitées au maximum qui leur fait dépasser la caricature et donne toute son épaisseur à la question de l'amitié mise à l'épreuve, répétition au cours du film du motif de la balle dans la tête, multiplication des situations où l'on se retrouve à braquer son ami, la scène où Jackie Cheung avale une bouteille d'un trait qui est un modèle de dramatisation télescopant braquages, amitié, romantisme, chanteuse défoncée). Autre point: lors des scènes dans la boîte de nuit, le film joue de façon totale la carte du romantisme avec une chanteuse déglinguée écrasante de glamour qui sucite la chevalerie des héros et qui justifie totalement un acte aussi ridicule que de porter un femme sur l'eau. Quant aux clichés des scènes intimistes, ce ne sont pas ceux navrants du film de guerre us (soldats beaufs, comique troupier) mais une France de carte postale très touchante (donc des clichés qui réhaussent le film): la version instrumentale des Feuilles Mortes de Montand, le poster ensanglanté de Catherine Deneuve.

Le recours au mélodrame n'est pas gênant ici car il ne s'agit pas d'un film de guerre pur mais d'un film où la guerre est le décor qui sera le catalyseur de la fin tragique d'une amitié: en plus de mélanger les genres (mélodrame, film d'action, film d'aventures, western guerrier), l'originalité du scénario est de montrer des personnages qui passent "en touristes" dans une guerre, ce qui justifie le côté très carte postale de ce qu'ils voient. C'est du pur John Woo, un film qui n'a aucune vélléité de réalisme (ce que prouve l'usage de la Woo's touch lors des rares gunfights ainsi que des manifestations réprimées bien plus efficace pour montrer l'horreur de ce qui est décrit que la lourdeur pachydermique du Woo cuvée 2002), ce qui rend caduques les reproches sur sa vision du Viet Nam. Qui plus est, dans un mélodrame, plus les situations sont cliché, plus ça fonctionne vu qu'il n'est pas par définition un genre subtil. Romantisme, chevalerie, clichés francophiles, acteurs concernés, tout cela contribue à créer une dramatisation titanesque qui fait de Une Balle dans la tête une tragédie à l'intensité dramatique unique dans l'histoire du cinéma (et c'est en cela qu'on peut parler de miracle vu que les défauts mentionnés plus haut torpilleraient n'importe quel autre film et ils torpillent d'ailleurs en partie sa fresque navajo).

Quant à la question du montage, la version massacrée de la Soif du Mal a bien fait l'objet d'un culte cinéphile durant plusieurs décennies. Les défauts restants qui sont plus mineurs enlèvent-t-ils néanmoins à Bullet son statut de second magnum opus wooien juste derrière the Killer? Non si l'on considère que certains (dont moi) pensent que le Faucon Maltais est réalisé de façon académique et ne doit son statut qu'au fait qu'il ait mis en place le mythe Bogart, que d'autres trouvent Furyo mal monté, que le jeu de Nicole Kidman dans certains passages d'Eyes Wide Shut (que je trouve agaçant, surtout dans la scène du joint) n'a pas empêché le film de prendre très vite sa place dans l'histoire récente du cinéma, bref qu'un classique (recouvrant l'idée d'oeuvre qui fait date dans l'histoire de son art) n'est pas forcément un chef d'oeuvre (contenant l'idée de perfection). Car sa splendeur tragique et des acteurs en état de grâce font de toute façon de Bullet une oeuvre d'exception dans la filmographie wooienne, un film important parce que un des plus beaux, des plus poignants films sur l'amitié.

Que s'est-il donc passé en douze ans alors que la carrière américaine de Woo montre qu'il est toujours bon metteur en scène au moins rayon action? Tout simplement le fait que Woo n'écrive plus de scénarios originaux -ou qu'on ne les lui laisse plus écrire?-. Celui de Windtalkers n'est pas nul mais il n'est pas sans défauts et pas non plus renversant d'originalité: c'est du scénario de pur film de guerre -faisant que Woo filme la bataille la moitié du temps, chose qu'il ne sait pas faire, je comprends sa volonté d'élargir son registre mais...- là où celui de BITH se concentrait sur l'amitié et était bien plus original de par son mélange des genres -aventures, guerre, mélodrame, film Rebel Without a Cause, film d'action, film de romance- qui lui donnait toute sa puissance et son caractère à part. Donc d'un côté un film de guerre à l'ancienne inégal, de l'autre un film tout aussi bourré de défauts mais bien plus marquant.



14 septembre 2002
par Ordell Robbie




Une bouleversante histoire d'amitié

 John Woo signe déjà en 1990 son chef d'oeuvre absolu et l'une des oeuvres les plus engagées de sa filmographie. Par où commencer lorsqu'on évoque Une balle dans la tête? Il y a tellement de choses à dire sur ce qui représente pour ma part mon film HK préféré et mon film culte. Une histoire d'amitié inoubliable entre trois hommes en sans cesse recherche de sensations, d'argent et de bagarres. La rue n'offre pas le grand luxe, et l'on s'occupe avec les moyens du bord, à dealer ça et là pour se faire un peu d'argent et payer le mariage des copains, bref un quotidien pas forcément emprunt de joie. C'est par une embrouille qui tourne mal que nos trois compères vont être amenés à quitter HongKong et laisser femmes et proches orphelins de leur présence. Direction le Vietnam pour échapper aux représailles et pourquoi pas par la même occasion se faire un peu d'argent, un voyage long et périlleux qui mènera les trois amis droit en enfer. Dans Une balle dans la tête il y a déjà un casting remarquable. Un casting fait de Tony Leung encore tout jeune, mais tellement pro et sincère qu'on ne peut s'empêcher de garder en mémoire ses mémorables séquences de torture et son étonnante facilité à communiquer ses émotions (attachement de ses proches, de sa femme). Il y a aussi Jackie Cheung, dans un rôle fait sur mesure, admirable composition d'un mec aux immenses ambitions, rendu complètement dingue suite à de terribles supplices. Waise Lee, cruel et radin, représentant la mauvaise face de l'amitié, prêt à tout pour ramener un peu d'or au pays quitte à laisser ses amis sur le coin de la touche, ou au pire des cas s'en débarrasser. On finira avec Simon Yam, redoutable en guerrier mercenaire, présent pour la même cause que nos trois compères. Ils forment à eux quatre une bande inoubliable, attachée malgré tout ce qui se passe autour, héroïques et gentlemen par la même occasion.

Une balle dans la tête
c'est aussi l'apologie d'une mise en scène éblouissante, étourdissante, proche de tomber en syncope à chaque travelling captant explosions, villageois en furie et gunfights monstrueux à s'en damner, dans une ambiance surréaliste reléguant les Apocalypse Now et Full Metal Jacket au rang de série TV (en exagérant). Tout est maîtrisé, sur maîtrisé, d'une efficacité à toute épreuve, chaque poursuite fait preuve d'une tension palpable, assommante voir épuisante. On ressort de la projection un peu chose, un sentiment d'avoir passé deux heures devant le travail colossal d'un passionné et d'un mec qui avait quelque chose à dire. Ne vous étonnez pas de revivre la séquence du jeune militant stoppant un char d'assaut à lui tout seul en guise de protestation face à l'occupation militaire américaine. Ne soyez pas étonné de voir aussi tomber de pauvres civiles par grappe entière, sous l'afflux des balles et des coups de crosse, coups gratuits ou non (tortures dans le camp de prisonniers, terribles de cruauté). Woo n'a pas peur de le montrer (formidable vaccin contre la violence, dans tous les cas) et le fait bien. Il n'a pas non plus peur de casser les codes nian nian de l'amitié, réduite ici à un parcours du combattant. Les trois amis vont se déchirer, sans pour autant que cela soit volontaire, loin de là au contraire. Simplement les horreurs de la guerre et l'argent facile font que l'on peut perdre rapidement les pédales. "On rentre tous les trois à HongKong" ne sera pas tenu, c'est foutrement légitime. Comment échapper à un régime puissant et armé jusqu'aux dents? Les mecs chez Woo sont souvent de bons tireurs, il n'y a pas à dire, de véritables machines de guerre même, mais ne nous leurrons pas, ils échoueront. Echouer n'est pas non plus synonyme de mort, c'est évident. Les protagonistes le sauront tôt ou tard.

Même en s'auto déchirant (la fameuse balle dans la tête infligée par Frank), il y a toujours moyen de rentrer au pays sain et sauf, faut-il encore savoir faire quelques concessions. Ainsi, l'amitié se détruit, nos trois amis jusque là inséparables ne le seront plus. Pour quelles causes? L'argent bien entendu. Woo filme alors le dernier acte, un peu comme une pièce de Shakespeare ou à la manière des grandes tragédies grecques, mettant en scène les anciens meilleurs amis du monde face à face pour régler les comptes du passé au Vietnam. Ultra violent, symbolique (le crâne de Paul) et aussi sombre que la mort, nos deux "amis" se mettent sur la gueule comme à la bonne époque, en voiture et aux 9mm. La classe. John Woo aura montré, tout au long de ses deux fabuleuses heures, comment l'homme peut changer selon les situations (guerre, argent). Il y glisse aussi un sérieux brûlot de la guerre, et rapidement ses partis pris (grands soldats US contre méchants soldats vietnamiens), mais on lui pardonnera tant son oeuvre fait preuve d'une maturité inouïe, digne de figurer dans le panthéon des meilleurs films de genre et dans les plus grands drames que le cinéma nous ai conté. Bon sang, peu de films peuvent se targuer de raconter si bien une histoire sur l'amitié et la survie, dans des élans dramatiques à en donner la chaire de poule, le tout accompagné par la bouleversante musique de James Wong, lancinante et au thème inoubliable. Elle restera longtemps gravée dans les mémoires, et n'oubliera pas de dire aux incorrigibles que John Woo fut en son temps l'un des plus grands cinéastes au monde. Un sommet du cinéma mondial, une date à retenir et un film à garder au plus profond de soi même. L'essence même du cinéma. A jamais.



16 août 2006
par Xavier Chanoine


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