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La Chambre noire

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1 critiques: 2.25/5

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Xavier Chanoine 2.25 De belles séquences charnelles malgré un rythme mal négocié
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De belles séquences charnelles malgré un rythme mal négocié

Pour célébrer dignement son 70ème anniversaire, la Nikkatsu a fait appel à l’un de ses prestigieux artisans, Urayama Kirio, cinéaste solide rapidement remarqué avec son premier film, La Ville à la coupole, en compétition pour la Palme d’or à Cannes en 1962 et apprécié de Truffaut. Récemment, le public français a pu (re)découvrir le cinéaste avec la sortie en catimini du beau et intense Une Jeune fille à la dérive, meilleur film au Festival de Moscou en 1963. Avec La Chambre noire, Urayama Kirio réalise son premier Roman porno pour les studios, et bien qu’intéressant sur certains aspects, on n’y trouvera pourtant jamais l’intensité rebelle où le poulailler en feux d’Une Jeune fille à la dérive, la faute à une lenteur complaisante et une première partie soporifique au possible posant pourtant les bases de cette histoire d’états d’âme.

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Un écrivain évite la dépression, suite au décès accidentel ou non de sa femme, en cherchant autour de lui les éléments qui pourraient éveiller en lui ses plus grands désirs. Et seulement les désirs, puisqu’il refuse d’approfondir ses relations avec les jeunes femmes rencontrées. Il dégage néanmoins une force qui poussera même une lesbienne à coucher avec, malgré son dégoût prononcé pour les hommes, se manifestant par des nausées. L’écrivain accumule donc les aventures sexuelles sans se soucier du futur, tout juste refuse t-il de mettre ses conquêtes enceinte de peur d’être père. La Chambre noire est donc une œuvre quasi philosophique sur le désir, à l’image du carnet que tient Nakata, l’écrivain, recensant la plupart de ses pensées. S’il difficile de s’attacher à la plupart des personnages, force est de constater le goût prononcé pour l’érotisme soft. Roman porno oblige, malgré un cahier des charges bien différent des films roses produits par la Nikkatsu, de part sa monotonie et sa durée élevée, le film accumule les courtes scènes érotiques qui n’ont pas pour but d’exciter mais de s’intégrer avec suavité au récit, prolongement des états d’âme du personnage principal interprété par Shimizu Koji, que l’on a pu voir dans la production ATG biscornue Mandara (Jissoji Akio, 1971) et le Kagemusha de Kurosawa. Mais le fait de jouer l’écrivain tourmenté risque de laisser plus d’un spectateur sur la touche, de par sa conception du monde et sa vision de la sexualité trop théorisée, alourdie par une voix volontairement monotone.

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L’histoire en elle-même a d’ailleurs bien du mal à exploser, se reposant sur un nombre considérable de séquences de discussions peinant à être intéressantes, la faute à une mise en scène jamais « excitante » ou ne faisant que trop rarement corps avec les propos du film. La bonne idée plastique du film est d’imager l’instabilité émotionnelle de l’écrivain par cet interminable puits, ou son recueil d’aventures sexuelles intitulé « La Chambre noire » par une courte série de séquences érotiques en fin de métrage avec une de ses partenaires marquantes, qui ont lieu dans une chambre à la lumière extrêmement tamisée, pouvant ainsi laisser libre cours à ses pulsions, même les plus violentes. Mais Urayama Kirio ne cherche pas à mettre en scène les pratiques douteuses comme un spectacle déviant mais bien comme un prolongement des états d’âme de l’écrivain, débordant de noirceur et de faiblesse. Sa position d’insoumis, ceinture à la main, face à l’une de ses dernières conquêtes serait presque comme une forme de jouissance. Le réalisateur prouve également que son sens du cadre n’est pas tout à fait absent puisque certaines scènes d’intérieurs bénéficient d’une photographie travaillée, lorsqu’elle n’est pas complètement banale, voir anonyme. Ainsi, une petite boîte dorée, une bougie ou encore un vieux spot de lumière sont parfaitement placés à l’écran pour immédiatement sauter aux yeux et créer un beau décalage entre noirceur et éclat lumineux, de curieuses et étranges ambiances dont la musique de Matsumura Teizo souligne avec sobriété les nuances. La direction d'acteurs est également de bonne tenue, surtout chez les personnages féminins, aussi tourmentés que Nakata. Malheureusement, il faudra se cramponner pour apprécier pleinement cette commande adaptée du roman éponyme de Yoshiyuki Junnosuke, (récompensé du prestigieux Prix Tanizaki Junichiro en 1970) malgré une dernière heure plutôt convaincante. A noter que le cinéaste tournera son dernier film pour la Toei deux ans plus tard avant de décéder prématurément à l'âge de 54 ans.



05 janvier 2010
par Xavier Chanoine


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