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Le Col du Grand Bouddha

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les avis de Cinemasie

2 critiques: 3.88/5

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7 critiques: 3.93/5



Ordell Robbie 3.75 une belle entrée en matière
Xavier Chanoine 4 Une fresque parfois précipitée, mais de belle tenue
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une belle entrée en matière

Cette première partie de la série se caractérise par une structure très feuilletonnesque, Uchida se permettant de nombreuses digressions vers des personnages secondaires, offrant une multiplication des points de vue déjà entrevue dans Le Détroit de la faim. Le premier duel au sabre est ici bref et filmé à distance. A une époque où le cinéma de sabre montrait des coups nets et précis, ceux du personnage de Ryunosuke sont efficaces mais rendus grotesques par la lourdeur de leur exécution. Dès lors, ce dernier point encourage à voir le film d'Uchida comme une oeuvre réunissant le sens de l'ampleur et la somptuosité visuelle de l'ère classique avec la vision plus cynique du cinéma de sabre de l'après-Le Garde du corps. Cette alliance se retrouve au niveau de la mise en scène avec les superbes plans panoramiques du col en scope, le sens de la durée des plans, leurs cadrages théatraux, le sens de la profondeur de champ d'Uchida, ses habituels plans en grue très amples mélés à des arrets sur image saccadés évoquant le polar de cette époque-là. Le personnage de Ryunosuke ne pouvait que plaire à Uchida car c'est un personnage d'orphelin comme beaucoup de ses héros et qu'il est prisonnier d'un passé qui se rappelle toujours à lui (la femme qu'il héberge évoquant la compagne qu'il a tuée). Cette introduction divertit le spectateur tout en offrant de belles promesses au niveau du développement du récit.



07 juillet 2002
par Ordell Robbie




Une fresque parfois précipitée, mais de belle tenue

Adaptation synthétique du Daibosatsu Toge de Nakazato Kaizan, comptant 41 ouvrages, Le Col du Grand Bouddha est un film en trois parties réalisé par Uchida Tomu pour les comptes de la jeune Toei. De par son ampleur et ses thématiques synchrones de son époque, le film s’inscrit dans la veine du « retour du Jidai », qui permit au studio de vivre des jours heureux, avant un nouveau bouleversement au cours des années 60 avec la lente disparition du Jidaigeki au sens « classique » pour l’instaurer à une époque plus contemporaine.

Devançant la version de Misumi Kenji, réalisée pour les comptes de la Daei, l’œuvre d’Uchida Tomu est un classique du studio et du cinéma japonais. Première version colorisée donnant une ampleur sidérante à la direction artistique de Suzuki Takatoshi (déjà responsable des décors du Mont Fuji et la lance ensanglantée), la première partie du Col du Grand Bouddha explore la sombre intériorité d’un samouraï maudit, sans seigneur, dans un Japon où le moindre conflit moral ou physique se règle par un coup de sabre et où la corruption semble écraser les convictions. Rarement aura-t-on vu pareille liberté du geste, l’introduction est à ce stade effroyable, un sabreur impassible tranche un pèlerin alors qu’il n’a fait de mal à personne. Ce sabreur n’est autre que le personnage principal du récit, un certain Ryunosuke, errant à travers le pays pour purger sa soif de sang, guidée par un amour infaillible pour le sabre et la mort. Le destin va l’amener à rencontrer plusieurs personnages sur son chemin, comme sa future femme qu’il aimera et anéantira malgré lui.

Entre une multitude d’histoires annexes, comme la vengeance d’un jeune maître sabreur ou encore la nouvelle vie d’une orpheline, parmi d’autres encore, l’œuvre d’Uchida n’en oublie pas ses principes : donner au spectateur ce qu’il est venu chercher. A savoir une aventure feuilletonesque tentant d’être à la hauteur du monument littéraire qu’il adapte, parsemé d’épisodes mélodramatiques comme d’autres plus violents, ancrés dans une théâtralité que l’on connaît déjà chez le cinéaste. Ainsi, sa mise en scène est à l’image du personnage menaçant de Ryunosuke (interprété par le vétéran Kataoka Chiezo, impressionnant), réfléchie, lente, parfois désarmante dans ses procédés. Les quelques affrontements au sabre annoncent en partie la théâtralité du western spaghetti par leur longue mise en place, leur brutale conclusion et leur approche peu réaliste. Ce qui n’empêche pas Uchida de soigner ses plans au Scope, allant jusqu’à retranscrire avec talent la noirceur de l’esprit de Ryunosuke, rattrapé par ses démons lors d’une séquence effrayante : au second plan, derrière un pan de tissu, le pèlerin du début revient le hanter par le son de sa cloche, puis des apparitions successives qu’un sabre ne peut évincer, pour finir dans un décor symbolisant le néant, les ténèbres. Au lieu de précipiter les évènements et les époques, le film aurait pu se terminer par cet élan de bravoure. Mais le second épisode reprendra la trame avec énergie, ce qui manquait sans doute ici pour en faire un incontournable définitif.



27 janvier 2010
par Xavier Chanoine


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