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Dolls

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les avis de Cinemasie

10 critiques: 4.15/5

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70 critiques: 3.83/5



==^..^== 4 Un film qui demande une certaine concentration, mais pour un superbe résultat
Drexl 4.75 Radicalisant encore plus son esthétisme onirique, Takeshi Kitano réunit trois h...
Ghost Dog 4 A fleur de peau
Junta 4 Mon Dieu que c'est beau, mon Dieu que c'est lent...
Marc G. 5 Emouvant et cruel tout a la fois
MLF 2.75
Ordell Robbie 3.5 Poupées Amères
Sonatine 4.5 Little dolls, little dolls touched my heart.
Tenebres83 4.25
Xavier Chanoine 4.75 Touchant, boulversant et terriblement fort.
classer par notes | date | rédacteur    longueurs: toutes longueurs moyen et long seulement long seulement


Un film qui demande une certaine concentration, mais pour un superbe résultat

Un vrai plaisir pour la tête et les yeux! Ces trois histoires qui se suivent et s'effleurent, nous transportent dans un monde presque intemporel. On ne se rend presque pas compte de la véritable époque où vivent les protagonistes. De plus le rythme du film et les silences permettent de s'évader et de penser un peu à soi, à ses sentiments personnels voire même à faire des rapprochements sur des expériences vécues. C'est tout le contraire d'un film d'action où l'on est sans cesse emporté vers la scène suivante. Le seul petit problème, c'est qu'il faut être prêt à faire l'effort de suivre le film sinon on risque assez vite de décrocher. Autrement dit, ce n'est pas bon après une journée de travail harassante.

La dimension visuelle du film surpasse encore d'un cran sa réalisation. C'est une véritable effusion de costumes tous aussi colorés et époustouflants les uns que les autres. Et le parc avec ses arbres en fleurs est le summum des paysages, eux également tous aussi bien choisis et symboliques que tous les autres aspects visuels du film.

En conclusion, un film poétique par ses couleurs et les destins de ses protagonistes.



08 mai 2004
par ==^..^==




Radicalisant encore plus son esthétisme onirique, Takeshi Kitano réunit trois histoires d’amour déchues d’un singulier fil rouge sentimental et frappe là où on ne l’attendait pas : en plein cœur.

Matsumoto part en plein milieu de son mariage de raison pour s’en aller rejoindre Sawako, son réel amour bloqué dans un autisme forcené depuis sa tentative de suicide. Malgré son état, il s’enfuit avec elle pour une interminable balade qu’ils termineront enchaînés l’un à l’autre par une corde rouge. Hiro, vieux yakusa sur la fin de sa vie, bascule progressivement en plein spleen et part en quête de celle qu’il a abandonné des dizaines d’années plus tôt au profit de sa “ carrière ”. Nukui, otaku (fan hardcore) voué corps et âme au culte de la jeune idole pop Haruna, commettra l’irréparable pour rencontrer sa Lorie nippone. Et tandis que les deux amants poursuivent leur marche, l’automne se répand inexorablement sur l’image, phagocyte les récits croisés avant de disparaître d’un mouvement orchestré… Gérant de la façon la plus personnelle qui soit l’après Aniki mon frère, Kitano donne ici chair et poses à un triple conte, trois romances accidentées se fondant dans des décors de plus en plus ouvertement irréels, à peine balayés d’un souffle de vent leur donnant vie. C’est la part la moins accessible de son univers que le cinéaste explore ici, faisant se succéder avec une fluidité aérienne les séquences contemplatives, instaurant un rythme déconstruit pour mieux faire parler ses silences. Kitano avait déjà instauré une ambiance éthérée similaire dans son A scene at the sea, étrange romance déjà bercée de cette amertume s’insinuant peu à peu dans la durée pour se transformer en mélancolie précieuse. Il enrichit ici ce canevas a priori rédhibitoire d’un souci esthétique touchant au perfectionnisme rare, accordant les mouvements de sa caméra au rythme du flamboyant changement de saison. Si le cinéaste ne se met plus en scène, il n’en efface pas son style pour autant, et s’impose une discipline narrative où l’exigence picturale transcende son sujet avant de s’effacer avec grâce derrière ses personnages. Les marginaux que Kitano nous décrit s’enferment dans leur obsession sourde, accusent le coup d’une lourde erreur passée qu’ils essaient de rattraper en un ultime sursaut de passion. Leurs quêtes respectives se teintent d’une douce ironie, scandée de ces actions anecdotiques répétées à l’envi chères au cinéaste, avant de se laisser envahir par la tristesse mordante des combats perdus d’avance. D’une densité à faire pleurer n’importe quel sémiologue, Dolls frappe avant tout par sa langueur hypnotique, effaçant presque naturellement ses (nombreux) éléments symboliques pour se focaliser sur cette mélancolie galopante frappant droit au cœur, montrant notamment combien un sourire peut être tragique…

26 mai 2003
par Drexl




A fleur de peau

On a d’abord peur de l’ennui face à cette histoire d’amour tragique qui fait intervenir trahison, tentative de suicide, amnésie, repentance et reconstruction du couple comme l’illustration d’une œuvre de bunraku présentée en introduction ; le rythme est en effet assez lent, et certains tics de mise en scène ne sont pas particulièrement du meilleur effet (symbolique trop lourde du papillon, courtes ellipses gênantes). On a ensuite peur du film à sketches inégal quand viennent s’imbriquer 2 autres histoires d’amour tragiques dans le récit. Mais Kitano est décidément très talentueux, parvenant au bout du compte à émouvoir avec un sens inné de la subtilité, de l’esthétique et du style. Les amateurs de contemplation de magnifiques paysages, les fans de vêtements originaux signés Yamamoto Yohji ou encore les aficionados de jolies jeunes filles comme Kanno Miho ou la chanteuse pop Fukada Kyoko y trouveront leur compte, tout comme ceux qui aiment sortir les mouchoirs à la fin…



28 février 2005
par Ghost Dog




Poupées Amères

Trois ans séparent Dolls d'un Aniki mon Frère qui après Kikujiro semblait malgré ses qualités confirmer la difficulté de Kitano à gérer son statut de "phare" du cinéma japonais hors de l'archipel consécutif à son Lion d'Or vénitien. Un peu comme Eastwood, Kitano s'était forgé un personnage qu'il trimbalait dans ses films et ceux des autres (Gonin par exemple) mais dont il était à deux doigts d'épuiser le potentiel cinématographique. Outre d'avoir utilisé ce silence pour tourner dans le brulot jouissif Battle Royale, Kitano semble l'avoir mis à profit pour se lancer dans un projet qui serait susceptible de le faire évoluer cinématographiquent. En effet, meme si Dolls contient de nombreuses citations de ses films précédents, il n'en demeure pas moins une oeuvre de rupture dans la filmographie kitanienne. Ce dernier aspect explique sans doute les violentes controverses suscitées par les diverses présentations du film chez les critiques et les fans du cinéaste, certains criant au nouveau chef d'oeuvre tandis que la majorité parlait d'enfantillages, de film glacé et esthétisant, de monument d'ennui. En effet, si Hana Bi devait son coté mélodramatique au seul score d'Hisaishi, Dolls est la première incursion du cinéaste dans le mélodrame pur.

Tout d'abord parce qu'au commencement du film il y a cette soufflante séquence de bunrakus, cet art de marionettes utilisé dans des spectacles racontant des histoires d'amour impossible et où l'agitation des marionettes et les chants compensent par leur pathos souligné l'inexpressivité de leurs figures: par l'usage de travellings brusques, d'un montage sec et de plans rapprochés, Kitano pose magistralement son sujet en faisant ressentir le caractère violent de la passion amoureuse. S'en suit une scène où l'on voit deux amoureux liés par une corde déambuler sous les regards moqueurs des passants parce que vivre un amour total, c'est défier le cynisme des rieurs, ce dernier étant aussi l'attitude moderne du public face au mélodrame pur. On peut dès lors soit chercher comme le fait brillamment Todd Haynes à adapter le genre à ce public soit choisir l'option kitanienne très casse-gueule de traiter des histoires contemporaines comme du mélodrame japonais classique en toisant les rieurs.

Justement, le premier récit du film sur un jeune homme qui décide sur un coup de tete de renoncer à un mariage d'intéret avec la fille d'un businessman arrangé par ses parents pour s'enfuir avec celle qu'il aime et qui a tenté de se suicider, du Chikamatsu parachuté dans le Japon contemporain en somme. Cette histoire d'errance tragique des amants au rythme des changements de saisons devait à l'origine constituer tout le film. Vu qu'elle était trop courte, Kitano y a superposé deux histoires. Mais ce qui pourrait etre une facilité va se révéler une force du film au travers des croisements de ces trois récits. Parmi les croisements utilisés, il y a bien sur les croisements de protagonistes dans le plan qui permettent aux passages de se faire de façon naturelle, le jeu sur les couleurs de l'environnement naturel qui permet aux inserts ou aux passages brusques d'un récit à un autre de se faire de façon fluide, la correspondance entre une sonnerie de portable et la musique d'un autre récit, un peu comme si ces trois récits ne constituaient in fine qu'une seule et meme histoire d'amour tragique rythmée par les saisons. SPOILER Ce téléscopage passé/présent est aussi à l'intérieur du récit vu que les personnages peuvent revoir au travers d'une vitre un évènement de leur passé ou encore croiser comme le yakuza son ancienne maitresse qui ne le reconnait pas alors qu'elle l'attend sur un banc depuis une éternité. FIN DU SPOILER

Mais dans un meme mouvement l'éclatement narratif du récit rend compte de l'état d'instabilité psychologique des etres qui veulent vivre leur passion en quittant la société (le bonheur étant chez Kitano hors de ce cadre-là, cf Hana Bi). L'autre intérét des deux autres récits est de renouveler la fameuse approche kitanienne de la violence: lors des flash backs concernant le passé du yakuza, Kitano évoque par le son une fusillade dont on aurait vu des étincelles dans ses autres films, montre seulement le commencement ou le résultat de la violence (et non plus le surgissement subit de la violence suivi de son résultat) inséré de façon fluide dans le déroulement du film. SPOILER De meme qu'on ne verra qu'un cutter pour représenter le désir d'un fan de se crever les yeux afin de pouvoir rencontrer une pop star qui ne veut plus etre vue suite à un accident. FIN DU SPOILER Kitano ne s'intérèsse plus à l'acte de violence mais à la violence comme élément qui fait partie de l'ordre naturel de l'univers de la tragédie. Quant aux liens amoureux, ils sont scellés par des objets simples rudimentaires tels qu'une corde, un harmonica jouant une chanson fétiche ou un casse-croute.

A ce propos, il a souvent été reproché au film sa symbolique peu subtile -les papillons aux ailes brisées, les angelots, les jouets- qui plus est répétée plusieurs fois au cours du film: pour ce qui est du manque de subtilité, les symboliques à gros sabots font partie des éléments qui contribuent à la force émotionnelle des mélodrames (cf par exemple dans En Chair et en Os la poelle qui prend feu au moment où le couple Rabal/Molina est dans l'impasse sentimentale); quant à la répétition de certains motifs, elle contribue à les charger d'une force dramatique plus grande à chaque reprise. Certes, on me répondra que le lyrisme du film est un lyrisme doux et pas flamboyant, que son score n'est pas un score pathétique mais le mélange de ces deux éléments avec la répétition permet de créer un crescendo dramatique progressif sans emphase. Qui plus est, ces plans ont un coté naif, primitif qui fait écho à l'attitude des amoureux dans le film pour qui ces éléments sont les seuls moyens d'exprimer leurs sentiments retenus. Pour ce qui est du choix des costumes de Yamamoto, ils sont tout sauf esthétisants vu que les costumes peuvent créer de la correspondance ou du contraste avec le décor voire les deux mélés (le costume dont la couleur constraste avec celle du décor naturel mais dont les motifs évoquent la nature). Ils créent également une impression irréelle, de théatralité qui nous ramène aux bunrakus.

De ce point de vue, certains voient dans cette déréalisation un obstacle à la force émotionnelle du film: au contraire, le choix de l'artifice permet de rendre acceptable pour le spectateur une histoire qui ne fonctionnerait pas avec un traitement réaliste (entre autre parce que les mariages arrangés n'existent plus au Japon et que l'amour-passion-destruction ne correspond plus à l'époque actuelle). Quant au choix des couleurs, il n'est pas non plus gratuit vu que le film se caractérise par une annexion progressive de ses plans par la couleur rouge, incarnation de l'automne mais aussi symbole de la religiosité dans la culture japonaise donc du lien à l'au-delà, avant de basculer dans le blanc symbole de mort. Un autre reproche au film serait son coté prétendument vide mais Kitano suscite ce genre de réactions parce que plus personne n'a l'habitude des films d'amour qui ne sont que des films d'amour: pas de commentaire social ici, juste un désir de montrer la passion amoureuse et sa violence comme un élément constitutif de l'ordre naturel, de se situer dans une tradition japonaise d'histoires mélodramatiques où les femmes sont pretes à se mettre hors la société pour vivre des amours impossibles, SPOILER où leur amoureux se retrouve obligé de partager leur folie et leur déchéance (très évident dans l'histoire oedipienne de l'idole J Pop) et où la tragédie n'est jamais loin une fois l'amour concrétisé (la superbe séquence finale dans la neige). FIN DU SPOILER Venons-en maintenant aux citations d'autres films de Kitano: outre les flash backs du yakuza, le film contient à foison les fameux plans de bord de mer qui font partie de la Kitano's touch mais s'intégrent ici parfaitement à une narration d'écoulement saisonnier et les personnages masqués qui terrorisent les amoureux ne sont pas sans évoquer par leur grotesque (ici bien intégré vu qu'il est question de peurs primitives type contes de fée qui ont cette dimension-là) certains personnages de Kikujiro.

Parmi les défauts qui empechent un film marquant un renouveau de l'inspiration du cinéaste d'égaler ses grandes réussites d'antan, on a l'usage peu inspiré sur une scène enneigée de la caméra portée, le pathos un peu forcé de Kanno Miho lors du flash back sur sa tentative de suicide, l'insupportable passage J Pop -on me dira que la chanson a un role de commentaire du récit, que le fait que le personnage soit précisément une star de J Pop légitime l'idolatrie de son fan et qu'il faut bien présenter cet état de faits, n'empeche cela ne justifie pas de torturer l'oreille du spectateur-, un récit concernant le fan moins réussi que le reste. Ainsi qu'un score très décevant de la part d'un Hisaishi Joe, les nappes éthérées de synthés lui réussisant beaucoup moins que le lyrisme ou les pianos à la pureté cristalline. Vu que ce sont les grands scores qui font les mélos marquants (ceux de Lowell Lo ou d'Alberto Iglesias entre autres) il y a de quoi avoir des regrets surtout que le score ne satisfait pas non plus Kitano. Surtout, le film a parfois trop tendance à se reposer sur sa lenteur. Lenteur moins appropriée ici que dans d'autres Kitano vu que la lassitude à laquelle elle fait habituellement écho chez le cinéaste est ici thématiquement bien moins présente.

En attendant, bien loin de marquer l'essoufflement de Kitano, Dolls lui permet d'inaugurer une seconde manière. Du coup, on trépide d'impatience en attendant son incursion dans le chambara...



12 avril 2003
par Ordell Robbie




Touchant, boulversant et terriblement fort.

Kitano nous narre trois histoires différentes, toutes tragiques, au sein d'un même film : Dolls.

Inspiré de spectacles de marionnettes japonaises, Dolls est une merveille du genre. La première histoire, Matsumoto et la sublime Sawako se voient séparés momentanément suite aux pressions de leur famille quant à leur futur mariage. Sawako fera une tentative de suicide et échouera in extremis. En apprenant la nouvelle, Matsumoto découvrira son amie dans un état d'autisme. Il fera tout pour lui redonner le sourire et le goût de la vie. La seconde histoire, Hiro et Riyuko sont deux jeunes amoureux. Malheureusement, en tant que petit ouvrier, Hiro ne veut plus de cette vie et décide de tout plaquer afin de trouver un meilleur job. Il promet à sa compagne, Riyuko, de revenir un jour ou l'autre. Cette dernière, comme à l'accoutumer le samedi, l'attendra sur un banc accompagné d'un plateau repas. Trente ans plus tard, Hiro devenu alors boss Yakuza revient comme il l'avait promis. La troisième histoire met en scène Haruna, une jeune chanteuse Pop alors au sommet de son art. Ses fans abondent, notamment Nukiu un de ses plus grands fans. Malheureusement, tout s'écroulera lorsque la chanteuse sera victime d'un accident de voiture entraînant l'arrêt de sa carrière et dans cette perspective, la tristesse de ses fans. Tout s'écroulera autour d'elle. Défigurée, la chanteuse Pop passe maintenant le plus clair de son temps au bord de la mer à regarder le néant, quand par une belle après-midi, Nukiu son plus grand fan la rencontre.

Voilà de quoi est fait cette merveille qu'est Dolls. Trois histoires en temps réel, cohérentes et formidablement bien foutues où Kitano vise notre sensibilité au plus profond. Trois histoires d'amour certes, mais toutes finalement tragiques. Il est difficile de parler de Dolls sans spoiler et c'est pourquoi je n'en dirai plus.

Bien sûr, on peut très bien parler de la sublime réalisation de Kitano, pleine de tendresse et de pudeur, où chaque cadre, chaque image est teintée d'une poésie évidente. Les grands costumes, les sublimes actrices (Miho Kanno et Kyôko Fukada), la musique d'Hisaishi tout en retenue, les fleurs, la neige, tout respire le bonheur. Un bonheur hélas éphémère au vu du sort tragique réservé aux personnages. Bouleversant et absolument merveilleux, Dolls est une fois de plus un Kitano de très haute volée qu'il faut voir attentif afin d'y déceler ses subtilités. Très peu de dialogues, juste des émotions...C’est ce qu'on lui demande.



14 mai 2006
par Xavier Chanoine


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