Extinction des voix
Le projet débuta en 2001, lorsque l'artiste vidéo Ariani Darmawan tomba sur le disque "Music from the outskirts of Jakarta"; elle y découvrit l'art du "Gambang Kromong", une forme musicale inventée par les sino-indonésiens ou "Tionghoa Peranakn", comme on les appelle dans son pays.
Elle-même d'origine chinoise et porte-parole de sa communauté depuis ses premiers "IT's almost there" et "City of Desire", elle décide d'en apprendre un peu plus sur cet art et de le mettre en parallèle avec l'évolution historique d'une communauté qui n'a jamais été réellement reconnue.
Le documentaire donne alors lieu à une passionnante leçon d'histoire (allégée), depuis l'exploitation (esclavagiste?!!) des chinois par le colonisateur hollandais en Indonésie au XVIIIe depuis l'extinction des principales chansons faute d'artistes, capables (ou intéressés) de prendre la relève; ce qui vaut des superbes introductions à différents instruments, chants et danses par les derniers héritiers, mais également une incroyable séquence nostalgique par "Masnah", une "dame" de 80 ans toujours en activité.
L'heure du documentaire passe en un coup de vent et les mélodies, pleines de sens et de poésie, envoûtent littéralement par leur caractère unique. Une fois de plus, c'est une forme d'Art, qui aura su réunir les populations dans le passé et faire oublier les prétendues "différences" le temps d'orchestrations ensemble…
Cet art se meurt; des nombreuses chansons sont d'ores et déjà dites perdues à tout jamais par les anciens, qui eux-mêmes ne savent plus les interpréter. Une civilisation évolue tout en perdant une partie de ses racines les plus profondes. Un documentaire d'une valeur inestimable pour l'avenir des hommes.
PS.: Le titre anglais est extrait d'un proverbe daoïste chinois concernant avantages et désavantages:
"dragons beget dragons, phoenixes beget phoenixes, and burglars children learn how to break into houses...".
