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The Drifting Classroom

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Xavier Chanoine 1.5 Un incroyable gâchis
classer par notes | date | rédacteur    longueurs: toutes longueurs moyen et long seulement long seulement


Un incroyable gâchis

Obayashi Nobuhiko s’atèle une nouvelle fois à l’adaptation d’un manga, cette fois-ci de Umezu Kazuo, publié au Japon en 1972. A l’adaptation de ce projet un peu fou, logique quand on connait les audaces du cinéaste, un certain Hashimoto Izo à qui l’on doit Akira ou encore Shamo. Du beau monde sur le papier pour un résultat au final extrêmement étrange. Il y a un souci avec The Drifting Classroom, sûrement dû au fait qu’il propose de belles choses et d’autres beaucoup plus problématiques : une école est emportée par une tornade en direction d’un monde parallèle, un monde fait de sable et d’infini peuplé de créatures étranges. Les élèves et quelques professeurs pris au piège vont donc devoir coopérer pour survivre face à l’ennemi potentiel : l’inconnu. Composé majoritairement d’étudiants américains, il n’est donc pas étonnant que l’on parle anglais même avec un accent indéchiffrable, ce qui rend la compréhension du film parfois délicate. Mais qu’il y a-t-il à comprendre dans tout ça ? Pas grand-chose, Obayashi remplissant sa mission d’adapter un énième manga en tentant quelques fantaisies visuelles, toutes globalement ratées. Il montre également une jeunesse sous un autre jour, à une époque où le cinéma se plaisait à mettre en scène des jeunes ados dans des situations délicates comme pour les faire grandir ou leur montrer que le monde dans lequel ils vivent n’est pas celui de Walt Disney (Les Goonies, Stand By Me…). Malheureusement le cinéaste échoue dans pratiquement tous les compartiments et rate par la même occasion une adaptation digne de ce nom.

Les qualités d’un film avec des gosses ? Leur jeu, leur spontanéité et leur capacité à montrer aux grands qu’ils peuvent surmonter tous les obstacles même du haut de leur mètre vingt. En cela Les Goonies est sûrement l’exemple le plus probant, celui qui aura marqué toute une génération simplement parce que de simples gosses ont été les héros d’une grande aventure « classique ». A la différence d’Obayashi, chez lui les gosses deviennent grands parce qu’ils ont affronté l’inimaginable, l’improbable et le surnaturel à travers des voyages dans le temps où l’espace, lieux casse-gueules si l’on ne maîtrise pas son sujet. C’est hélas le cas ici, The Drifting Classroom étant raté sur le plan de la narration très régulièrement entrecoupée de passages larmoyants comme d’autres dégoulinants de bon sentiments indigestes alors que l’aventure aurait pu être pleine de rebondissements et de situations inespérées au vu du talent du cinéaste dans ce domaine. Le film passe du coq à l’âne aussi souvent que possible, erreur à mettre sur le compte d’un montage pas bien maîtrisé rendant certaines séquences illisibles au possible (le tremblement de terre est un supplice pour les yeux) ou alors trop mal agencées sur le plan de l’émotion pur : mélange improbable et hélas récurrent d’images sordides (un ado qui prend feu, un professeur tué, un serial killer) et de moments fantastiques tout à fait mignons dans l’esprit (la petite créature qui asperge d’eau son maître, un gosse qui passe son temps sur sa bicyclette…) qui créent le contraste indigeste et surtout parfois douteux pour un film destiné à un public jeune.

Si encore le problème n’était que d’ordre narratif, on aurait sauvé les meubles. Malheureusement le film abonde de clichés à tous les niveaux : on y retrouve le grand beau gosse blond fan de foot et prénommé Marc, américain de surcroit, le petit japonais gentiment intello affublé de lunettes ridicules, le gros lard qui ne pense qu’à manger, la jeune japonaise qui rêve d’un beau et grand prince charmant, tout cela sans que ça ne choque. Niveau charisme on repassera, dans la mesure où les répliques ne sont que bêtement récitées par l’ensemble des protagonistes, tout juste perçoit-on l’émotion dans la voix des acteurs japonais lorsqu’ils s’expriment dans leur langue maternelle. Dans le cas contraire c’est un supplice pour les oreilles. Parler anglais n’est pas des plus évidents pour de jeunes acteurs amateurs et nouvellement professionnels, mais l’émotion en pâti forcément (on est une fois de plus loin de l’interprétation remarquable des gosses des films précédemment cités) du côté japonais comme américain. Certains passages sont néanmoins bien exécutés, la parabole du combat de Marc contre les gros homards et le match de football qu’il rêvait est une des plus belles séquences du métrage, bien qu’une fois de plus pas très lisible : le montage donc, mais aussi la réalisation globale absolument désastreuse gâchent une partie du plaisir. Avec un tel postulat de départ, un filmage au minimum en rapport avec l’esprit du film aurait été le bienvenu, il faudra se contenter d’une forme plate et sans âme (un comble de la part d’Obayashi) entachée d’effets spéciaux au rabais. A aucun moment The Drifting Classroom ne s’inscrit dans une logique de l’aventure, de la surprise, les seuls moments épiques sont à mettre à l’actif d’un combat entre Marc et Shou pour savoir qui des deux peut être apte à endosser le rôle du chef. On a vu plus épique dans le genre.

Reste que l’on suit avec un certain enthousiasme les aventures des bambins dans un dernier quart d’heure où la musique exceptionnelle de Hisaishi Joe ne s’arrête pratiquement jamais, capable à elle-seule de rendre un film minable particulièrement émouvant : le tête-à-tête entre Ayumi et Shou, les gamins laissant partir le homard géant ou encore les remerciements de Shou à l’encontre de sa mère méritent le détour parce que la musique joue un rôle ici juste prépondérant. Que dire de ces notes rappelant Laputa, celles qui annoncent un A Scene at the Sea ou même Le Voyage de Chihiro ? Elles sont juste merveilleuses et sauvent le film du naufrage intégral. La distance séparant Shou de sa mère permet au cinéaste de jouer avec les ressors du récit et d’y introduire de beaux moments de cinéma. Au final, cette œuvre rare d’Obayashi Nobuhiko (aucun dvd officiel au Japon, pas plus en dehors) est un vrai gâchis. On pouvait attendre toute de même autre chose d’un cinéaste qui a filmé par le passé la jeunesse avec originalité, n’hésitant pas à la faire subir toutes sortes d’épreuves traumatisantes. Ici, la direction d’acteurs frôle l’inexistant et la forme inadmissible finit d’achever le spectateur éprouvé devant une avalanche de mauvais goût (qu’est-ce que c’est que cette scène où les ados se mettent subitement à chanter un « When the Saints come Marching in » façon comédie musicale ?) sauvé in extremis par la formidable musique de Hisaishi Joe et une ou deux séquences valant le détour. Le château de sable n’a pas la forme escomptée.

Extrait de la dernière demi-heure ICI (pour les fans de Hisaishi, rendez-vous à la 17ème minute jusqu'à la fin, courage!).



30 octobre 2008
par Xavier Chanoine


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