Oeuvre féministe majeure
Tourné en 1985, Eoudong est ouvertement féministe. Même s'il raconte une histoire d'époque (début de Chosun), il n'en attaque pas moins l'idéologie confucianiste asservissant les femmes dans la société coréenne. Ici, une jeune femme, Eoudong, nièce du premier ministre et femme d'un homme politique important, est divorcée parce qu'elle n'arrive pas à avoir d'enfant. La voilà alors qui courtise d'autres hommes, ce qui va commencer à embarasser le pouvoir. Après une sombre histoire de meurtre, le gouvernement va lui faire porter le chapeau et tenter de l'arrêter, alors qu'un mystérieux tueur la protège contre son ex-mari. Ainsi, Lee Jang-Ho s'attaque ici particulièrement à la pauvre situation des femmes qui ne sont pas maîtres de leur propre corps, mais doivent obéir à leur mari, et leur belle-mère, au risque de se faire expulser de la famille. Une scène est à ce propos révélatrice, ou deux hommes discutent, devant Eoudong elle-même des sept raisons qu'un homme peut invoquer pour divorcer, allant de l'impossibilité d'avoir des enfants, au manque d'obéissance envers la belle-mère. Si ces règles ont été abollie il y a bien longtemps, ce furent encore les raisons principales de divorcent jusqu'à la fin des années 90, même si d'autres excuses étaient évoquées (l'adultère, en général) pour virer la femme sans rien lui accorder (ni l'argent ni les enfants)
(1). D'un point de vue scénaristique, Eoudong est assez confus. Les personnages se superposent et les flashback sont souvent peu clairs, donnant l'impression d'être la continuïté de l'histoire. En outre, certaines élipses passent assez mal. La construction en générale est assez laborieuse, n'éclaircissant pas réellement bien les points obscurs. Même si l'on arrive à saisir le problème central, on se perd aisément dans l'enchevêtrement des autres intrigues. Coté acteurs, Ahn Sungki reste dans le même tons que ses autres rôles dans des films d'époque ; pas mal de surjeu, et une post-synchronisation encore très marquée casse le naturel des scènes. Finalement, l'histoire est d'un intérêt particulier dans la société coréenne, critiquant ouvertement la doctrine confucianiste, et même si d'un point de vue technique, il n'est pas exempt de défaut, cela reste tout de même une oeuvre de bonne facture pour son époque.
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(1) Il aura fallu attendre le début des années 2000 pour voir enfin une femme gagner son procès de divorce malgré les magouilles de la belle famille.
06 octobre 2009
par
Elise