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L' Evaporation de l'Homme

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les avis de Cinemasie

2 critiques: 4/5

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7 critiques: 4.07/5



Aurélien 3.75
Ordell Robbie 4.25 une belle réflexion sur la notion de vérité
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une belle réflexion sur la notion de vérité

Tout d'abord, on ne remerciera jamais assez le distributeur français d'avoir traduit littéralement le titre japonais originel plutôt que de reprendre le titre anglo-saxon "un homme disparaît". En effet, si les disparitions dans les grandes villes sans laisser de traces étaient un phénomène courant dans le Japon de l'époque, le terme d'évaporation renvoie notamment aux romans de Kobo Abe. Dans une des rares interviews commentant le film (et accordée au spécialiste du cinéma japonais Max Teissier), Imamura dira que Kobo Abe abordait le problème de façon théorique et qu'il voulait en donner une vision concrète.

Cela va donner une suite d'entretiens avec des personnes ayant croisé l'évaporé, pensant le connaître mais réalisant chacune qu'elles ne le connaissaient pas totalement. Peu à peu, les pièces d'un puzzle représentant cet homme absent vont se mettre en place sans que l'on puisse en recoller les morceaux: un homme timide, alcoolique, collectionneur de conquêtes ayant disparu avec l'argent de la société dont il était un employé. La notion-même de réalité va s'en retrouver remise en cause. Imamura semble vouloir rappeler tout le long du film que nous sommes en face d'une bobine de cinéma et non du réel en multipliant les plans sur l'équipe de tournage. Et ce disparu a tellement de facettes que du coup il ne paraît pas réel. Cette réflexion sur la frontière vérité/fiction culminera dans un coup de théâtre final proprement époustouflant qui nous fait regarder tout le film sous un jour nouveau (je n'en dis pas plus). La question de la frontière réel/artifice irrigue notamment la mise en scène du film comme si Imamura voulait montrer qu'il travaille, malaxe sa matière documentaire donc fait de la fiction: utilisation fréquente de la caméra portée, arrêts sur image tandis que l'on entend l'interview en voix off, voix désynchronisées des mouvements de lèvres, split-screens à la Godard, passage abrupt d'un plan à l'autre, d'une incantation mystique à une situation de la vie quotidienne, zooms à profusion.

Mais l'enquête est aussi pour Imamura un moyen d'ausculter toutes les couches de la société japonaise auxquelles chacun des témoins appartient: monde de l'usine et vision du travail inculquée aux ouvriers, obsession mystique et crainte du qu'en dira-t-on des milieux favorisés, monde de la banque, femmes entretenues, univers interlope des geishas et des hôtesses de bar. Il offre ainsi un tableau complet de la société japonaise d'après-guerre qui annonce ses documentaires des années 70.

Enfin, plus qu'un portrait d'homme, le film dessine en creux le portrait de celle qui recherche le disparu: le côté obsessionnel de sa quete comme si elle voulait avoir au moins une trace matérielle de lui (ce côté obsessionnel se retrouve dans les superbes plans hypnotiques de bords de mer et de neige où la fiancée semble chercher des réponses à ses interrogations), le caractère douteux de ses motivations (attirance pour des membres de l'équipe, vengeance contre sa soeur qu'elle déteste et qui a eu une liaison avec le disparu).

Au final, plus que du cinéma vérité, Imamura nous offre un film sur la vérité.



18 mars 2002
par Ordell Robbie


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