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La Jeune bouquetière

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Ghost Dog 2 The coco girl
Xavier Chanoine 2.5 Une surrenchère de larmes rendant l'expérience éprouvante
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The coco girl

Pas facile d’avoir un avis tranché sur ce de film de propagande communiste nord-coréen datant de 1972.

Cinématographiquement parlant, le résultat est correct avec ces couleurs très vives, très « Technicolor », et une mise en scène de qualité. L’intrigue semble quant à elle avoir été écrite pour un public de villageois analphabètes : cousue de fils blancs, elle impose sans la moindre ambigüité ni la moindre subtilité des personnages très clairement identifiés dont l’épaisseur ne dépasse pas le standard d'une série TV, ainsi que des rebondissements qui se perçoivent à des kilomètres en amont.

Historiquement parlant, le film est plus intéressant car révélateur des mécanismes utilisées pour persuader un large public d’adhérer à la cause :

  • Tout y est exagéré au possible, à commencer par le destin tragique de cette famille de campagnards pauvres : une mère tellement exploitée au travail par un couple de propriétaires sans cœur qu’elle y risque sa vie, un fils aîné contraint à l’exil suite à une altercation avec le patron, une fille cadette dont les yeux ont été crevés par les mêmes tortionnaires, et une grande sœur qui va vendre des fleurs en ville dans l’espoir de payer un médicament pour sa mère
  • Des litres de larmes y sont versées par chacun des membres de cette famille qui cumule les avaries, pour bien faire comprendre que le malheur règne et qu’il faut en sortir coûte que coûte
  • Les « ennemis du peuple » y sont clairement identifiés : les impérialistes japonais qui se croient tout permis, et leurs alliés qui ne sont autres que les méchants capitalistes qui abusent de leur pouvoir, celui de l’argent, pour réduire en esclavage leurs congénères
  • L’espoir de jours meilleurs incarné par une révolution prolétarienne dont le but est de reprendre le pouvoir en boutant hors du pays les impérialistes et en exterminant les méchants capitalistes propriétaires.


Cette révolution met tellement de temps à se mettre en place qu’elle ne peut que créer immédiatement le soutien de la population opprimée… pour leur plus grand malheur au bout du compte. Dernier pays stalinien de la planète, totalement coupé du monde et ayant subi de multiples famines, la pauvre Corée du Nord est tombée dans le panneau communiste, qui a consisté après la Seconde Guerre Mondiale à se poser en vainqueur de l’oppresseur étranger (nazis, japonais) dans le but d'installer un régime totalitaire au moins aussi meurtrier – et n’en est toujours pas sortie. Ayons une pensée pour eux.



06 avril 2008
par Ghost Dog




Une surrenchère de larmes rendant l'expérience éprouvante

Si dans le fond La Jeune bouquetière est un film dont le discours prolétaire a de quoi donner la nausée (combattre les japonais et leurs alliés par la violence, point final), il est une œuvre qui, bien ancrée dans son contexte, s’avère passionnante. Et ce pour plusieurs raisons. Immense machine de propagande adaptée d’un opéra révolutionnaire de Kim Il-Sung, ici supervisée par le fils Kim Jung-Il, il est question des mésaventures d’une famille de pauvres paysans, complètement décimée par le capitalisme et l’envahisseur japonais : Cot-Boon est une jeune fille obligée de vendre des bouquets d’azalées bien sèches pour réunir suffisamment de fonds dans le but d’obtenir un précieux remède contre la maladie de sa mère. Le père de Cot-Boon étant décédé, sa mère malade, son grand-frère en prison et sa petite sœur aveugle, la jeune fille lutte pour survivre. Sa mère, exploitée, expose toute sa détresse et souffrance à travers des gestes répétitifs exécutés avec lourdeur et pénibilité, sa plus jeune fille pleure.

On est ici bien ancrés dans le registre du mélodrame pur qui n’a pas pour but de faire culpabiliser le spectateur, mais plutôt de le rallier à pareille cause, tout en montrant combien le dévouement peut être une échappatoire aux problèmes mêmes les plus tragiques. Et comme pour contourner les problèmes les plus odieux, il suffit de faire partie de ce « héros commun », de se rallier aux idées prolétariennes des révolutionnaires prêts à en découdre avec l’envahisseur et, surtout, planter des magnolias et cueillir des azalées, en chantant. C’est du moins ce que laisse penser ce film de propagande prêt à utiliser tous les artifices possibles et inimaginables pour rallier le spectateur à sa cause : une tristesse, une pauvreté et une souffrance si appuyées qu’elles atteignent encore aujourd’hui même les cœurs les plus faibles. L’exemple le plus criant est le sort tragique réservé à la famille de Cot-Boon. Après que cette dernière ait essuyé les larmes et les pires souffrances, la voici en possession du fameux remède pour guérir sa mère. Mais manque de chance, en rentrant au village avec sa petite sœur, sa mère est allongée, morte, entourée d’amis qui pleurent sa mort : gros plan sur la petite sœur, aveugle, rampant sur le sol pour agripper les jambes de sa mère, dans un concerto de larmes et de ce qui ressemble aux chœurs soviétiques d’époque. Des artifices lacrymaux si appuyés, si emphatiques, qu’il est difficile de résister. Idem lors des séquences exposant la maltraitance d’enfants, où le spectateur est définitivement pris au piège.

La Jeune bouquetière est donc une œuvre maligne remplissant parfaitement le cahier des charges du film de propagande. La majorité des acteurs et des techniciens ont d’ailleurs respecté leurs objectifs dans la mesure où ils reçurent, si l’on en croit le générique de fin, une médaille du mérite au nom de Kim Il-Sung. Il est d’ailleurs intéressant de dresser un parallèle entre ce film nord-coréen et les films de propagande sud-coréens de l’ère Park Chung-Hee (comme le Six Daughters de Bae Sok-In réalisé dix ans plus tôt) pour y voir combien les discours, plus ou moins haineux, n’allaient absolument pas dans le même sens. Il est d’ailleurs assez « amusant » de noter aujourd’hui combien La Jeune bouquetière se sert de motifs et de symboles pour agripper son spectateur et lui bourrer le mou : Cot-Boon vend au départ quelques brins de fleurs bien maigrichons pour au final vendre d’énormes bouquets de fleurs une fois que les villageois aient accepté la révolution. Comme si cette révolution prolétarienne allait arranger les choses, redonner le sourire aux paysans (ou camarades). Rien de bien étonnant pour un film de propagande, qui laisse de côté la poussière et la crasse du début pour un final éclaboussé de couleurs et de chants plus glorieux, démontrant combien la mise en scène sert ici parfaitement l’outils de propagande. Cependant, l’œuvre est encore aujourd’hui « dangereuse » puisqu’il est très facile de se noyer dans ce torrent de larmes et de souffrances, pour peu que l’on ait le cœur fragile.



05 février 2010
par Xavier Chanoine


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