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Le Retour de l'Hirondelle d'or

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les avis de Cinemasie

6 critiques: 3.79/5

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23 critiques: 3.62/5



Anel 3.5
drélium 4 A-t-on jamais vu ça ?
François 4.5 "Je reste le plus grand épéiste"
Ghost Dog 3.25 With a sword I travel alone
Ordell Robbie 4 un des grands Chang Cheh
Xavier Chanoine 3.5 Un bon cru de Chang Cheh
classer par notes | date | rédacteur    longueurs: toutes longueurs moyen et long seulement long seulement


A-t-on jamais vu ça ?

A-t-on jamais vu un Chang Cheh aussi outrancier dans la violence équivoque, dispensant la mort de 7 à 77 ans avec une audace sans limite, répandant une telle horde d'assassins prêts à mourir 2 secondes après être arrivés à l'écran ? L'a-t-on jamais vu aussi libre avec sa caméra, aussi envieux de se libérer du cadre, aussi proche des combattants pour coller littéralement à leur corps et chavirer en même temps que leurs mouvements ? A-t-on jamais vu un Wang Yu aussi délicieusement nonchalant et sûre de sa grandeur, ne pouvant s'empêcher de prendre la pause à chaque dizaine écumée, sautant dans le vide le bras tendu en avant avec une assurance qui met au défi toutes ses autres interprétations ? A-t-on jamais vu Cheng Pei Pei et Wang Yu réunis dans un même film ? Qui plus est amoureux de la façon la plus impossible, tourmentée, mélancolique et kitch possible ? A-t-on jamais vu tout cela dans un Shaw Brothers ?

Simplement non. Jamais Chang Cheh n'aura été aussi loin dans l'héroïsme brut. Dans l'excès de tortures tout d'abord, allant même jusqu'à **spoiler**sacrifier un jeune gamin prêt à s'ouvrir le ventre au sabre ou encore un jeune homme qui en tout honneur se coupe lui-même en deux avec une guillotine !!**spoiler**.

Vraiment ce Golden Swallow offre un spectacle assez unique où les combats pas vraiment bien maîtrisés par de vrais artistes martiaux ni vraiment bien chorégraphiés par le master duo Liu Chia Liang / Tang Chia loin de leur top niveau tout de même (le côté viellot se fait largement sentir), s'en tirent haut la main grâce à la seule mobilité de la caméra de l'ogre, qui tourne autour s'éloigne puis se rapproche brusquement des corps et des visages crispés, sans la moindre peur d'explorer les possibilités de mise en ambiance que lui offre son objectif. Une caméra à l'épaule qu'il viendrait juste enfin de libérer totalement. Avec calme et mélancolie, il n'oublie pas non plus de pauser (un minimum) les bases du trio principal aux amours troubles, complété par l'ami proche et l'écho positif de Wang Yu, Lo Lieh le sage guerrier. Lorsque l'amour désespéré prend place, usant de musiques langoureuses au parfum surrané, Chang Cheh se détend un peu, joue les romantiques, avant de tout faire exploser à nouveau.

Restent un minimum de dialogues, un manque certain d'ennemis invincibles, un fond scénaristique pour le moins léger, même si hautement symbolique, et une Cheng Pei Pei largement en retrait qui n'a décidément pas la même place que dans l'Hirondelle d'or, chef d'oeuvre de King Hu le grand qui vient simplement d'une tout autre planète que ce Shaw ci. Le Retour de l'Hirondelle d'or n'est peut-être pas un wu xia ultime par son manque de profondeur mais il a beaucoup à dire sur Chang Cheh et son talent, sa façon de voir le monde martial, impitoyable, sanglant, sans barrière, emprunt de sueurs, de héros jusqu'auboutistes et de fantaisies combattantes.

A-t-on jamais vu un générique (effet split screen !?) si étrange et inédit pour l'époque ou un Wu Ma si heureux de trépasser ?...

03 mars 2005
par drélium




"Je reste le plus grand épéiste"

Film transition entre l'ère des héroïnes et celles plus barbares des épéistes de Chang Cheh, Golden Swallow est assez clairement un des plus grands chefs d'oeuvre du "boucher" et de Jimmy Wang Yu. Remarquablement équilibré, il fait mouche à plusieurs niveaux contrairement à une majorité de films de la carrière du trop prolifique réalisateur vedette de la Shaw Brothers.

Premier point remarquable, la réalisation de Chang Cheh, avant-gardiste et audacieuse. Alors que ce même Chang Cheh nous livrait des plans statiques et convenus dans ses autres réalisations des années précédentes, et qu'il rentrera dans le rang quelques années plus tard, il s'autorise ici des plans entiers en caméra à l'épaule. On ajoute à ça d'autres plans audacieux, vu de dessus, avec des caches, et on obtient un film étonnament moderne et très plaisant à voir. Bien sûr, il reste plusieurs approximation, des zooms hasardeux, des mises au point hésitantes. Mais pour du Chang Cheh, c'est clairement dans le haut du panier. Les décors de plateau sont également utilisés au minimum, et on en vient rapidement à regretter que le final n'ait pas été filmé en extérieur tellement les magnifiques décors naturels donnaient un autre cachet au film.

Second point d'intérêt, le scénario qui va un peu plus loin que la classique histoire de vengeance, en présentant surtout un personnage un peu mégalo qui fait la différence. Certes, Wang Yu manque de charisme pour vraiment faire exploser le personnage. Certes, le film se perd un peu entre plusieurs personnages et n'en développe jamais vraiment un assez. Mais il y a une vraie âme dans ce personnage, qui éclate lors d'un final évidemment démesuré. On se met alors à rêver d'un acteur de grand charisme pour ce personnage, un Lo Lieh, allez, soyons fou, un Bruce Lee. D'un autre côté la futilité des airs machos que se donnait Wang Yu convient bien au personnage. Entre Fang Dang, le sabreux manchot, et ce Silver Roc, Wang Yu atteint ici le sommet de sa carrière.

Troisième point d'intérêt, les scènes d'action, pas encore aussi réussies et réalistes que dans les Bruce Lee, mais déjà moins théâtrales. Cela reste évidemment assez délirant et parfois amusant (Wang Yu lance son bras, 5 adversaires tombent), mais il suffit d'entrer dans la démesure typiquement Changienne pour profiter pleinement du film. Chang Cheh commence à instaurer toutes les figures qui feront sa légende, avec notamment deux éventrations volontaires, des combats à 1 contre 50, du sang en veux-tu en voilà. Pour en terminer avec les points positifs, la musique est plutôt réussie, notamment le thème épique, Cheng Pei-Pei est absolument radieuse, Lo Lieh toujours aussi charismatique. On aurait aimé que ces deux derniers prennent plus de place dans le récit, mais avec une durée si courte, il n'était pas possible de développer trois personnages.

Au final, Golden Swallow est un vrai plaisir pour les yeux même plus de 20 ans après, et son personnage principal obnubilé par son art le genre de petit plus qui fait un grand Wu Xia Pian. Wang Yu forever!



23 mai 2003
par François




With a sword I travel alone

Pétri de références culturelles étrangères, du western américain classique à Sergio Leone en passant par le chambara nippon, Chang Cheh ose, essaye, tente constamment d’apporter un renouveau, des pistes non explorées dans le wu xia pian chinois, et notamment en matière de mise en scène où il se déchaîne : combats caméra à l’épaule, survolant l’action ou complètement statique en attendant que Wang Yu tranche une quinzaine de types les uns derrière les autres sur une allée, zooms extravagants, cadre penché, flous, il n’y en a presque que pour lui. C’est parfois beau, parfois raté, ça peut lasser, mais ça ne laisse pas indifférent. Pour un peu, l’intrigue qui manque de punch et de rebondissements, ainsi que les personnages qui - outre un Jimmy hyper maquillé déguisé en ange blanc de la mort – sont relativement fades, passeraient au second plan tant le « style » semble être la priorité. On comprend donc que Golden Swallow soit resté dans les annales du 7ème art HK, mais ceux qui ont généralement du mal à apprécier les productions Shaw Brothers n’y seront peut-être pas forcément sensibles.



10 avril 2005
par Ghost Dog




un des grands Chang Cheh

Golden Swallow ne manque pas de qualités c'est le moins qu'on puisse dire: en vrac un sens fordien des grands espaces (la structure du film est d'ailleurs évocatrice du western), des combats déjà hallucinés chargés d'outrances qui surpassent même ceux de la Rage du Tigre et Boxer from Shantung (ceux de l'escalier et des cimetières qui persistent longtemps sur la rétine), de beaux moments tragiques (l'enfant accusé injustement qui se donne la mort), le final annonciateur du thème de survivant qui n'en finit pas de mourir dont John Woo assurera la descendance). Et il y a surtout des idées de mise en scène au kilomètre: la superbe image du chevalier encerclé par son manuscrit géant, le combat d'ouverture vu au travers de fentes d'une porte, les zooms délirants, les combats vus de dessus, un usage de la caméra portée très audacieux pour l'époque -l'influence des films de sabre japonais et des yakuza eigas de la meme époque sans doute vu que les films de la Shaw Brothers découlent d'une adaptation de l'univers des samourais au wu xia pian, genre hongkongais dominé alors par les personnages féminins- des scènes de combats que l'on ne retrouvera plus dans la suite de la filmographie de Chang Cheh. Surtout, la narration multiplie les intrigues et les personnages secondaires donnant au film un souffle romanesque absent des sommets de Chang Cheh mentionnés plus haut (notamment avec le personnage du justicier solitaire décrit comme un homme à femmes habitué des bordels d'où des personnages féminins plus nombreux que par la suite dans le cinéma de Chang Cheh).

Mais en choisissant une narration classique de western plutot qu'une construction de type roman d'initiation comme dans Boxer from Shantung ou de mélodrame étouffé comme dans la Rage du Tigre il en résulte une déperdition d'intensité dramatique par rapport au potentiel du sujet. Et alors que les tourments des héros envahissaient et contaminaient vite ces derniers films ils n'annexent Golden Swallow que sur la fin. On ne retrouve donc pas toujours la capacité de ces films à prendre le spectateur aux tripes. Et de ce point de vue, Chang Cheh n'est pas aidé par un Wang Yu à l'expressivité d'un iceberg ne coulant néanmoins pas son role. Le thème préwooien du double passe un peu moins bien au travers d'un personnage féminin (pas plus son fort que cela ne le sera pour Woo jusqu'à Volte/Face) que dans les fameuses amitiés viriles caractéristiques du cinéaste. Le trio amoureux du film en est du coup rendu moins fort que celui de la Rage du Tigre. Mais à la décharge du cinéaste on peut citer le cahier des charges du film: il s'agit de la suite de Come Drink with me de King Hu et on peut donc le considérer dès lors comme un film marquant la transition entre deux conceptions du wu xia pian, celui romanesque, pictural et centré sur les femmes d'un King Hu et les mélodrames d'amitiés viriles et de héros tragiques de Chang Cheh.

Ce Chang Cheh atypique mérite le coup d'oeil pour de nombreuses raisons et fait partie de ses sommets. Reste que le film aurait pu aussi etre une réussite de l'ampleur du meilleur des cinémas de genre américains et japonais et un film qui aurait synthétisé le meilleur de Chang Cheh et King Hu. Ses plus ardents défenseurs mettront en avant le fait qu'il soit moins délirant, moins Bis que les meilleurs Chang Cheh suivants, qu'il soit un peu plus maitrisé formellement mais il est aussi moins émouvant et a aussi ses petite limites cinématographiques.



23 mai 2003
par Ordell Robbie




Un bon cru de Chang Cheh

Bande annonce

La belle fable barbare de Chang Cheh pourrait bien être Le Retour de l’Hirondelle d’or, wu xia formidable et fausse suite de la première Hirondelle dirigée par King Hu deux ans auparavant. Elle est aussi la preuve formelle de l’alchimie réussie entre plusieurs genres populaires au cinéma : les influences du chambara pour les prémices de divers combats (dont le dernier opposant Jimmy Wang Yu à Lo Lieh), genre qui aura à son tour influencé le western italien dont les grands espaces, les cadrages et les cuivres font ici tout droit penser aux westerns de Leone. Ce dernier point est évident lorsque le thème musical récurrent intervient lors des passages cruciaux, à la dramatisation très forte.

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Rarement aura-t-on vu pareil lyrisme dans une violence outrancière pourtant jamais exagérée. Le côté grand guignol des chambara ne transparait jamais ici tant les gerbes de sang brillent par leur absence. Néanmoins, Chang Cheh ne recule pas devant la théâtralisation des affrontements en masse où les corps dégringolent dans un dernier élan de fureur, dans un dernier cri de souffrance. Les thématiques récurrentes des classiques de Chang Cheh à venir  sont ici abordées sans toutefois prendre une place prédominante dans le récit ; elles participent davantage au style marqué du film plutôt qu’à sa bonne structuration. C’est pourquoi la première rencontre entre Jimmy Wang Yu (en machine à tuer impassible) et Lo Lieh vont les faire devenir les meilleurs ennemis du monde, où l’honneur est constamment mis en jeu (valeurs, qualités martiales…). Les dernières paroles de Lo Lieh à son encontre sont à ce titre magnifiques et émouvantes. L’ultime combat opposant Jimmy Wang Yu à une armée de chevaliers est déjà un exemple des héros bien décidés à rester sur terre car point de philosophie ici, seulement des personnages très terriens. Ce qui fait de Chang Cheh un cinéaste plus terre-à-terre qu’un King Hu ou Chu Yuan ; la violence n’en est que plus sèche. Chang Cheh réussira à faire de son film une espèce de fable guerrière dont les ambiances sont particulièrement bien étudiées : la sublime forêt et sa cascade d’eau pour symboliser le retour au calme et à la sérénité, les collines difficiles à escalader pour exprimer les relations tendues entre Cheng Pei-Pei et sa rivale amoureuse malgré les apparences, la forêt en studio pour créer l’illusion d’un endroit dangereux, sans échappatoire possible. D’où une mise en scène inventive, transcendant ses combats par un sens virtuose de la caméra portée créant ainsi des cadres troublants. Du barbare noble, disons.



22 avril 2010
par Xavier Chanoine


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