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Hara-Kiri : mort d'un samouraï

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Xavier Chanoine 3.5 Curieuses motivations
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Curieuses motivations

S’attaquer aux mythes du cinéma japonais classique, c’est avoir quelques idées en tête. Plusieurs théories sont possibles. Est-ce la faute à une production actuelle en sérieux manque d’inspiration ou sommes nous en face d’un réalisateur bien décidé à rendre hommage aux grands maîtres des studios, une volonté de s’attirer un tout nouveau public du fait d’une renommée internationale fleurissante, une idée saugrenue d’adapter en 3D un film de l’âge d’or des studios ? Hara-Kiri, pense-t-on, c’est un peu tout cela réuni, sans être une surprise au final. Car avec Miike Takashi aux manettes, réalisateur inégal et fou, on peut s’attendre à tout.

En premier lieu, il n’y a qu’à voir de plus près le cv du réalisateur. C'est-à-dire l’une des œuvres les plus incohérentes de l’Histoire du cinéma japonais, tempérament d’extrémiste de la péloche, cinéaste boulimique qui tourne à la chaîne tout ce qui lui passe par l’esprit. Car le plus intéressant avec Hara-Kiri, ce n’est même pas le film en lui-même que tout amateur de cinéma japonais connaît sans même l’avoir vu, le classique de Kobayashi Masaki étant un film d’une importance monstre, mais bien sa place dans la filmographie du cinéaste. Allez comprendre la logique : En à peine deux ans, il pond la suite du déjanté Zebraman, navrant super-héro, un remake des 13 Assassins de Kudo Eiichi, un film de ninjas pour enfants, le remake du classique de Kobayashi et s’apprête à sortir l’adaptation cinématographique de la licence jeux vidéo Phoenix Wright. Difficile d’y comprendre quelque chose tant le bonhomme ne suit jamais une ligne de conduite précise.

On peut néanmoins saluer l’évolution de Miike Takashi cinéaste, celui qui commença par le marché de la vidéo avant la reconnaissance. On pensera à Kurosawa Kiyoshi, alter-ego au parcours sensiblement identique bien que plus axé cul. Alors retrouver Miike Takashi dans une expression moins sauvage, moins débordée et déjantée, c’est confirmer le cinéaste de Sabu (2002), incursion posée et parfois furieuse dans l’univers du jidai-geki de facture classique. Pourtant, le cinéaste semble s’être appliqué, différemment qu’avec 13 Assassins, à reprendre les motifs du film originel sans toutefois s’amuser à le reproduire avec les techniques d’aujourd’hui, au plan près. Et ce qui saute aux yeux, en dépit de certains cadrages superbes, c’est cette texture d’image lissée à l’extrême des productions en numérique. Avec 50 ans dans les pattes, le film de Kobayashi Masaki le supplante haut la main de part sa superbe gestion de la lumière qu’un film en couleur ne saurait retranscrire. De même que l’apport de certains éléments spectaculaires pensés pour la 3D, comme la neige envahissante du superbe épilogue, qui nuisent à la lisibilité d’une projection classique (le film n’étant pas exploité en salles dans sa version en relief). Mais le numérique chez Miike, c’est tout de même autre chose que celui de Hong Sang-Soo, dont la bande-annonce de son Oki’s Movie avant la projection d’Hara-Kiri nous rappelle combien le cinéaste coréen a voulu se mettre dans la peau d’un faiseur de sitcom chinois.

Le relief chez Miike, du coup, il faut le chercher du côté de son tempérament. En quête d’épuration d’un style jusque-là difficilement identifiable, comme un anonyme qui s’éprend de tous les formes de cinéma pour exister et/ou pour camoufler ses faiblesses (ses films même les plus intéressants ont rarement été bien montés), Miike poursuit sa quête de l’adaptation en signant, comme son modèle, un pur film politique avant d'être un ballet de sabres et de sang. Relativement axé sur la famille de Hanshiro dont le jeu de Ichikawa Ebizo rappelle trop souvent une copie appliquée de celui de Nakadai Tatsuya, et les drames qui s’en suivent, le film offre cependant une première partie au sein du clan Ii pleine de tension et de rage retenues. Miike s’applique à soigner ses cadres, comme ces beaux travellings intérieurs, souligne les regards (dont ceux de certains seconds rôles un peu trop ridicules). Le mot et le geste sont ici souvent forts de sens, notamment lorsqu'ils expriment la condition des villageois à cette période de l'Histoire.

A une époque pas si lointaine où Miike Takashi explosait les codes du polar urbain à coup de lance-roquette, Hara-Kiri, l'un de ses plus beaux films, semble se poser aujourd’hui comme une nouvelle respiration pour le cinéaste touche-à-tout, aujourd’hui reconverti en artisan classique appliqué.



06 décembre 2011
par Xavier Chanoine


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