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Highlander: Search for Vengeance

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les avis de Cinemasie

3 critiques: 3.5/5

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7 critiques: 3.32/5



Arno Ching-wan 3.75 Si on l'en empêche, le temps ne détruit pas forcément tout
drélium 3 Et bien c'est pas la joie...
Elise 3.75 Un opus animé qui relève le niveau de la série d'un bond fracassant
classer par notes | date | rédacteur    longueurs: toutes longueurs moyen et long seulement long seulement


Si on l'en empêche, le temps ne détruit pas forcément tout

L’anime est dédié à la mémoire de William Panzer, décédé en mars dernier. Il fut producteur sur la franchise depuis les débuts, c’est à dire dès le film de 1986. Gros B culte, ce dernier devait – et doit toujours beaucoup - à la mise en scène épique et inspirée du réalisateur Russel Mulcahy, à la composition puissante des Queens, au jeu tout en vulnérabilité de Christophe Lambert, aux excentricités paternalistes de Sean Connery, ainsi qu’à la gueule légendaire de Clancy Brown, formidable salopard « Kurgan ». Après des suites, séries et autres déclinaisons animées ayant toutes pour point commun une médiocrité à toute épreuve, on se dit en effet qu'il ne doit en rester qu'un. Le premier. Jusqu'à ce que cette exception, « Highlander : Search for Vengeance », ne vienne confirmer la règle. Version métissée nippo-américaine issue de la rencontre entre les pontes de la franchise « Highlander », les studios américains Imagi, ceux japonais de Madhouse et le réalisateur Yoshiaki Kawajiri, cette nouvelle mouture, parce qu’elle est constituée de cultures, points de vues et intérêts différents, en devient une passionnante curiosité.

Le DVD Z1 actuellement disponible à l’import est le cut américain. Il a été immédiatement désapprouvé par Yoshiaki Kawajiri, non consulté. Ca commence mal. Sept ou huit scènes ont été zigouillées par les yankees, soient environ 10 minutes au total, et une director’s cut serait déjà prévue pour la fin septembre de cette année. Avec un doublage japonais ? On l’espère, afin de réitérer le miracle de la version japonaise du Vampire hunter D : Bloodlust, déjà une opération USA/JAPON qui avait pour particularité un doublage anglais assez simpliste, humilié par une version japonaise qui alla jusqu'à améliorer les dialogues en plus de renforcer la teneur des personnages. Comme à l’accoutumée, l’ultra manichéisme de l’ouest se heurta aux nuances de l’est. Aux vues des dialogues ici assez pauvrets, on espère la rebelote (ça n'est pas tout à fait le cas. cf. en bas de page le dernier paragraphe ajouté suite à la vision du director's cut).

En l’état, et sans être un chef d'oeuvre, « Highlander : search for vengeance » se porte bien, merci pour lui. Avant tout anime en forme de relecture du film initial, le métrage ouvre les hostilités avec un affrontement énergique entre le héros Colin Mac Leod, blasé, et un immortel hargneux armé d’une tronçonneuse géante. En à peine quelques minutes, Kawajiri signe son œuvre. Suivent son ultra violence récurrente, non sacrifiée, son papi-mentor moqueur favori, des dessins habituels un brin moins flamboyants que ceux de "Bloodlust" ainsi qu'un découpage caractéristique. Ne manque à l'appel que le démon des ombres.

Il est toutefois dommage qu'un cahier des charges soit à ce point présent. Mécaniquement, des concessions étranges nous sont régulièrement imposées, avec un gosse à la présence inutile, une scène d'amour jolie mais un peu trop classique pour être honnête (sur fond de bougies, bravo), un happy end excessif en forme de décalque raté de celui de Bloodlust, des inserts 3D pas toujours heureux etc. On a beau être fan, certaines choses viennent freiner l'enthousiasme.

D’autant qu’après les deux récentes péloches bouleversantes ayant joliment traité la mort, Mind Game et The Fountain, la mythologie 80’s très BD de Highlander (il ne peut en rester qu’un, le Quickening…) fait pâle figure. Elle ne peut raisonnablement pas prétendre à un tel niveau de prise de tête. Pourtant, derrière un masque valorisant les aspects funs du concept Highlander et ceux du DA, déjà suffisants, on décèle avec surprise une réflexion intéressante sur l’approche que chacun des protagonistes, béni ou maudi selon le point de vue, se fait de sa propre éternité. Au vilain du jour d’en obtenir une certaine grandeur, une forme de respect étrangement plus manifesté par les auteurs à son égard qu’ils n’en ont pour notre vengeur énervé. Son moteur à lui n’étant que ce but primaire : venger sa femme. Pendant ce temps, le fourbe Marcus trompe son ennui en jouant « en live » à Civilisation version 12.4, extension « vers l’infini et au-delà » intégrée. Et, d’une certaine manière, on le comprend. La répétition des choses, les cycles de vie qui défilent… cela doit lasser. Lorsqu’une rébellion survient, menaçant son royaume, il ne s’en étonne pas, pas plus que le spectateur d’ailleurs, habitué de son côté à ce que cet événement survienne dans tout film de science-fiction mettant en scène un monde post-apocalyptique ultra totalitaire. C’est LA tare de tout film de ce type : la révolution est convenue et à ce point prévisible qu’elle nuit forcément à un spectacle dont le but premier est de divertir. On n’est pas dans 1984, pas plus que dans un pamphlet-western à l’italienne. Alors on fait semblant. Alors on n’y croit pas. Dès lors, notre complicité avec le bad guy est immédiate, elle pointe même le bout de son nez à chaque affrontement – ils sont nombreux - entre celui-ci et Colin Mac Leod. Notre vilain voit là arriver sa distraction favorite, des passages de son existence beaucoup moins ennuyeux que d’autres. D’où, à ces instants, sa clémence envers notre héros, régulièrement massacré par un Marcus hilare.

Celui-là s’est choisi son chemin, et son cynisme l’a amené au bout. Sa propre évolution est terminée, tandis que celle, bouillonnante, de Colin, par sa difficulté, va continuer. A terme, il deviendra plus mature que l’autre. Peut être. Ou bien alors l’inhumanité le rattrapera, c’est juste une question de temps. Et son amour perdu ne l’est que parce qu’il le pense atrocement, au vieil homme de lui dire que les autres femmes qu’il a rencontré, sont, en réalité, une seule et même personne. Réincarnation classique ? Peut être, on ne le sait pas, car ce doute en appel un suivant : si ça n’est pas une réincarnation, alors cette femme en est une autre, et si cette autre est quand même la même, alors seul le cœur de Colin MacLeod peut la définir ainsi… Mais, immortel et manifestement immunisé contre alzheimer (ça aide), le peut-il vraiment ? Là, le film touche du doigt quelque chose, ce quelques chose davantage développé dans les deux films cités un peu plus haut. Et, pour ça aussi, cet Highlander là est un beau film. Il apporte du neuf à la saga : la négation de la raison d’être d’un immortel. D’où la négation même de celle de la saga finalement, puisque pour en faire une réussite (relative) il aura fallu s’attaquer aux fondements du mythe. David Abramowitz, scénariste/producteur très engagé dans la franchise, a dit de ce dessin animé : « Je pense que si celui-ci marche bien, il y en aura d'autres. Je crois que cette franchise est elle-même immortelle. Tant que ça marche, et tant que ça rapporte de l'argent, ça continuera.» Ah, c’est donc ça le secret ! Alors à quoi bon se prendre la tête… On attend le director’s cut de pied ferme.

Ajout au 16 mars 2012 : ayé, je l'ai vu le cut en vo japonaise. Plus digeste avec sa 10aine de minutes supplémentaires, plus fluide, le film y gagne surtout gâce à des scènes rajoutées avec ce vieil homme, assimilé à Dieu ou tout du moins un ange gardien, qui accompagne notre Mc Leod du clan tout ça. Il insiste sur la bêtise de cette vengeance éternelle de notre héros, de ce fait encore plus "antipa(thé)tique" qu'il ne l'était déjà. Certains n'aimeront définitivement pas l'objet quand d'autres apprécieront cette négation absolue du concept même d'immortalité, donc une forme d'acceptation de la mort en provenance d'un réalisateur japonais de plus de 60 ans. Un de plus qui aurait tant et tant fumé au-dessus de ses cellulos et dont la grande finale se rapprocherait un peu trop vite ? Avec son doublé Bloodlust + Highlander, Kawajiri, qui a survécu à un Dezaki dont le registre violent et pervers reste très proche, clôture mine de rien brillamment une impressionnante carrière. Si la forme - ormis quelques fulgurances - est en deça de ses travaux précédents, si ses personnages ne provoquent pas vraiment l'empathie et si ce scénario, sur un premier niveau de lecture, tient du tout venant, sur le fond cet Highlander s'imbrique parfaitement avec tout le reste. Cette réflexion sur la vengeance - donc la violence - rejoint les plus belles jamais vues dans le genre, aussi nombreuses que recherchées pour des raisons hormonales et belliqueuses par nous, les "zômmes". A celui qui nous aura pondu les scènes les plus trash de l'animation japonaise de mettre de l'eau dans son vin, donc de décevoir, tout comme un Oshii renia sa passion pour le virtuel in fine avec son tout aussi mal aimé Sky Crawlers. Sans l'enterrer trop vite, de mon point de vue, pour lui comme pour d'autres la quatrième page de couverture artistique est tournée. Puis, posée sur des jambes assises et fatiguées, elle réchauffe le génie âgé afin qu'il termine tranquillou ses vieux jours. Grand bien leur fasse. Merci les gars, c'était du bon boulot...



21 juin 2007
par Arno Ching-wan


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