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Sleeping Man

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les avis de Cinemasie

3 critiques: 3.42/5

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2 critiques: 3/5



Ghost Dog 2 Un film très exigeant, pour cinéphiles avertis qui aiment les plans fixes de 3 ...
Ordell Robbie 3.5 Au-delà du conte
Xavier Chanoine 4.75 Poésie des sens
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Un film très exigeant, pour cinéphiles avertis qui aiment les plans fixes de 3 minutes...

Voici un film vraiment à part dans la production cinématographique mondiale.

Situons-le:prenez un film de Hou Hsiao Hsien (c'est-à-dire un film très très lent avec des plans fixes qui semblent éternels), considéré par beaucoup comme un réalisateur soporifique,enlevez-lui toute trame scénaristique ainsi que la plupart des dialogues et vous obtiendrez à peu près L'homme qui dort. A ce titre, il peut être qualifié à juste titre de film le plus chiant de l'histoire du cinéma ("et The Matrix, alors?", me direz-vous. Non,en toute objectivité, c'est quand même L'homme qui dort le plus chiant). A cette succession de plans fixes sans liens apparents entre eux, l'envie de zapper (ou de sortir de la salle) nous démange fortement au bout de 10 minutes, et il ne s'est toujours rien passé après 45 minutes!

Pourtant,si vous êtes assez courageux pour visionner le film jusqu'à la fin, il y a matière à réflexion tout de même, l'intérêt devenant croissant au fil des minutes: Soit donc un homme, allongé dans un lit, qui n'a pas l'air très en forme (il est en fait dans le coma). Autour de lui "grouille" toute une population, hétéroclyte, amis ou famille, qui semblent s'être acclimatés à cette situation, et avoir transformé leurs habitudes afin de s'adapter le mieux possible à l'ambiance intemporelle et immuable qu'a créée le comateux. Même le paysage paraît sans vie. On ne comprend pas tout de suite le lien de cause à effet qui existe entre le malade et son entourage, mais si on fait le rapprochement à temps, on peut se laisser bercer plus facilement par la beauté esthétique des plans séquences, s'émerveiller devant la lumière du soleil jouant dans les ailes d'un moulin à eau puis s'endormir tranquillement avec la fierté d'avoir compris au moins en partie le film.



22 octobre 2000
par Ghost Dog




Au-delà du conte

Film pour lequel ISHII Katsuhito a clamé son admiration, L'Homme qui dort a depuis tout autant inspiré son Goût du thé qu'été dépassé artistiquement par Oguri Kohei lui-même avec La Forêt oubliée. Avec ce film réalisé dans le cadre de la célébration des 2 millions d'habitants de la Préfecture de Gunma, Oguri déroule déjà une mise en scène à la sensibilité panthéiste où les cadrages picturaux intègrent ses personnages à l'ordre naturel des choses. Autour d'une figure de mourant se déploie une série décousue narrativement mais liée thématiquement de vignettes de la vie quotidienne d'un village nippon: le fantastique indissociablement lié au quotidien le plus trivial, la mort comme élément de l'ordre naturel des choses, le goût oral pour la fiction comme élément indispensable à la vie irriguent d'un bout à l'autre la première heure du film. Mais cette partie du film impressionne par sa tenue formelle plus qu'elle n'émeut, les vignettes n'étant pas aussi souvent touchées par la grâce que dans La Forêt Oubliée. Grâce que le film trouve ensuite accompagnée d'une narration plus lisible parce que plus resserée et moins elliptique. De manière explicite, il devient question de la communication entre le monde des vivants et le monde des esprits, communication pleinement ancrée dans le culture japonaise (cf. l'allusion au théatre Nô) et les séquences fascinantes s'enchainent. Et le film de s'achever comme une oeuvre inégale mais aussi rare que l'est son auteur derrière la caméra.



07 juin 2006
par Ordell Robbie




Poésie des sens

vlcsnap-23018.jpg Merveille des merveilles, ce Sleeping Man est de ces oeuvres qui resteront ancrées dans les mémoires pour longtemps simplement par la force de leurs images et par la beauté absolue d'une narration rythmée au gré du vent ou d'un ruisseau au pied d'une montagne. Un peu comme le Stalker de Tarkovski, la nature est l'esprit qui veille sur le village et semble constamment habiter le film. On retrouvera d'ailleurs dans son dernier film La Forêt oubliée cette même faculté à intégrer des éléments fantastiques à un environnement naturel, tout à fait banal. La mise en scène faite majoritairement de plans fixes (on compte exactement cinq mouvements de caméras en tout et pour tout) étonne par son sens du cadre inouïe et sa lumière divine qui traverse la moindre paroi ou la moindre vitre. Aussi simpliste soit-elle, la narration n'est jamais bouleversée par un évènement particulier, tout semble reposer uniquement sur le temps qui passe, et si elle peut paraître poseuse par moment, elle reste cohérente de bout en bout. Il y a l'avant, le pendant et l'après Takuji, donnant ainsi lieu à de beaux moments de cinéma. Le temps semble aussi arrêté lorsque l'âme de Takuji s'en va, les lieux se vident, les personnes se recueillent ou tentent de rappeler l'âme du défunt. La durée des plans est presque souvent la même, rythmée comme une partition de musique, cette dernière revenant d'ailleurs à plusieurs moments d'une beauté renversante (l'arbre blanc dans une nuit noire, le feuillage en mouvement, l'arc-en-ciel en forme d'anneau), il serait d'ailleurs difficile d'évoquer ici quel plan surpasse l'autre. D'une pudeur impeccable (An Sung-Ki n'est jamais montré comme un cadavre et réapparaîtra le temps d'une séquence Miyazakienne en chemise blanche dans une forêt impénétrable), le film montre aussi le corps sans jugement aucun, le bain publique et ces femmes qui viennent discuter de tout et de rien en est l'exemple parfait.

D'une sidérante beauté zen, emprunte d'un parfum typiquement japonais, Sleeping Man est la confirmation éclatante d'un grand cinéaste de l'image et du sens, comme quoi la contemplation peut aussi faire sens et ne s'arrête pas qu'à un simple exercice de style poseur. Il est donc aussi parfaitement conseillé de voir La Forêt oubliée, son pendant fun. L'un des plus beaux films du monde.



16 décembre 2008
par Xavier Chanoine


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