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les avis de Cinemasie

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2 critiques: 3.5/5

visiteurnote
Bastian Meiresonne 2.5
Epikt 4.5


classer par notes | date | rédacteur    longueurs: toutes longueurs moyen et long seulement long seulement

Le jour, où le cochon est tombé dans le pus

Dix ans après son "Organ", l'artiste avant-gardiste Fujiwara Kei revient avec une œuvre certainement encore plus provoquant que son précédent opus. Et de perpétuer une œuvre singulière, mais réfléchie.
 
Dix ans n'ont eu aucune incidence sur l'incroyable vitalité de la punkette agitée. Dès les premières minutes, "ID" dépasse toutes les limites du bon goût et tisse même un lien avec le précédent opus, en "ressuscitant" symboliquement l'un des personnages clés et en insérant tout au long de l'œuvre des extraits flashs du prédécesseur pour relier la violence des deux œuvres; sauf qu'à la différence du premier – avant tout un défouloir des sentiments torturés de sa conceptrice – "ID" se pare d'une véritable réflexion de l'humain.
Tout est d'ailleurs dans le titre, "ID". L'IDENTITE humaine, que Fujiwara recherche dans un semblant d'origine de l'humanité, dans une famille des gens "de la terre", éleveur de porcins à l'écart de la société (ou plutôt au pied) moderne (symbolisée par une rangée de hauts immeubles tous proches). Une famille finalement pas si éloignée des gens "d'en bas", si chers au réalisateur IMAMURA Shohei, dont le magnifique "Désir des Dieux" avait représenté une communauté assez proche de celle de FUJIWARA.
Des gens, qui magnent, baisent, pissent sans se poser des questions et qui ne s'embarrassent d'aucun code instauré par le sacro-saint système (et surtout une poignée d'hommes s'autoproclamant "roi" et "porte-parole" de millions d'individus uniques).
Mais FUJIWARA s'attarde surtout à montrer le Mal en l'homme, sa volonté de nuire à l'autre, de lui infliger de la peine avant de l'exterminer…et de le comparer – trop naïvement – à une bête. Oui, elle ose le rapprochement des hommes avec des porcs, qu'elle représente comme des animaux cruels, sales et s'entredévorant.
 
Une nouvelle fois la forme prend le pas sur le fond: Si l'image d'un homme dévorant un autre est assez belle (puisque l'homme est l'égal d'un cochon, il est normal qu'un homme puisse se nourrir d'un autre), celui de mettre un homme à l'égal d'une bête est trop naïve; surtout qu'elle matraque son idée sur toute la longueur du film avec force bruitages, montages parallèles et finalement même des mots pour bien faire passer son message.
 
Ce que FUJIWARA manque du talent évocateur d'un TSUKAMOTO ou de la beauté cérébrale d'un Cronenberg pour vraiment questionner la nature humaine. C'est avant tout une artiste extrêmement sensible (malgré les débauches de vomi, sang et pus à l'écran), incapable de traduire ses pensées et interrogations et qui a – du coup – besoin de grossièrement forcer le trait, de verser dans un excès pour exprimer ses idées…Peut-être tous es excès visuels représentent également un sentiment d'impuissance à traduire plus simplement ses pensées. Toujours est-il, que son message manque toujours singulièrement de simplicité pour totalement convaincre et prétendre au culte de son grand mentor Tsukamoto.
 
En revanche, je suivrai en tout cas son cheminement pour sa prochaine œuvre dans dix ans: soit elle arrivera finalement à acquérir la "sagesse" de l'âge…ou alors elle deviendra encore plus extrême dans son incapacité à atteindre son idéal…dans les deux cas, le résultat donnera forcément lieu à un nouveau résultat singulier et extrême comme il n'en existe pas d'autres.


26 juin 2008
par Bastian Meiresonne


L'eveil de la bête

Enorme fan de Organ et de la radicalité de sa réalisatrice, dire que j'attendais ce id avec impatience est un bel euphémisme. Pourtant, rien ne pouvait me préparer à un tel film. Totalement investie dans ses projets, Kei Fujiwara cumule encore une fois les postes de réalisatrice, actrice, scénariste, monteuse et directrice de la photo. Fujiwara est une artiste complète, et son nouveau bébé une oeuvre totale. On est seulement début juillet, mais je prends quand même les paris : id est un des plus beaux films (si ce n’est le plus beau) que je verrai en 2007, et sans contestation aucune le plus traumatisant. Dix ans après sa première réalisation, Kei Fujiwara est totalement libérée de ses influences (Tsukamoto et Cronenberg en tête) et signe une oeuvre jusqu’au-boutiste, personnelle et iconoclaste. Elle pallie à toutes les faiblesses d’Organ, que ce soit au niveau de la réalisation ou de la photographie. Et elle en remet un coup sur ces points forts, en particulier son utilisation du son et le montage (on ne dira jamais assez combien cette femme est une excellente monteuse). Du tout bon. Certaines images d’Organ sont reprises comme des flashs, le premier film s’immisçant de manière quasi subliminale dans le deuxième, comme une manifestation de son inconscient, la réalisatrice y retrouvant les personnages principaux de son premier film, alors laissés à l’article de la mort, les "ressuscitant" pour mieux leur faire vivre l’enfer. S’y épanouissent alors des thèmes déjà présent (parfois à l’état embryonnaire) dans Organ, voir même dès ses premières minutes qui sonnent de plus en plus comme un manifeste du cinéma de Kei Fujiwara : l’humain est condamné à la violence et à la destruction. Dès lors on ne s’étonne plus de sa faible profondeur psychologique : condamnés à souffrir encore et encore, s’acharnant à (sur)vivre pour apporter à leur tour leur lot de désolation et de souffrance, les personnages des films de Fujiwara ne sont que des âmes torturées et des corps malmenés. Dans id cet aspect se fait d’autant plus prégnant, que Kei Fujiwara y relègue l’action dans un espace restreint et coupé de tout, une sorte de bidonville moisi et hors du temps construit autour d’un élevage et abattoir de porcs qui devient vite une des plus belles représentation que l’Enfer ait jamais eu droit au cinéma. Car id est un film violement mystique, le refuge des oubliés de Dieu. Seule dans son coin, Kei Fujiwara fait des films comme personne d’autre. Et dans un paysage cinématographique japonais pourtant peu avare en réalisateurs singuliers, elle et ses films sortis de nulle part sont la plus belle incarnation de la radicalité cinématographique. Ainsi, même si on espère devoir patienter un peu moins longtemps avant de pouvoir jeter un oeil à son prochain film, dix ans d’attente ne sont pas si cher payés si c’est pour nous retrouver face à des oeuvres de cette trempe. Il est même probable que dix ans ne soient pas de trop pour s’en remettre.

07 juillet 2007
par Epikt


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