Merci 
Jugeons partiellement. Faisons un choix, soyons complètement arbitraire et prenons un seul de ces clips animés :Kugutsu Uta - Aratayo ni Kamutsudohite. Et osons dire que la splendeur et l'intelligence inouï de la culture japonaise contemporaine nous inonde alors. Cinq minutes d'émerveillement où se conjuguent dans la perfection la plus somptueuse la tradition et la modernité. Un rythme nous éclaire, des lumières de synthèses se joue de la renaissance à la peinture flamande en passant par la beauté de l'estampe japonaise. Cinq minutes incroyables, à pleurer, où il n'y plus de mots, où la prouesse technique devient le dernier des débats. Pour des images d'ailleurs, de partout, de toute l'histoire et toutes les histoires. Comme si la seule et unique synthèse qui valait vraiment la peine c'est celle des formes, des matières données à voir. Pour de l'espace dans lequel on se noie, autour d'une Babel hyper moderne, fétiche de tous les temps, symptôme d'un renouveau de l'esthétique possible. Cinq minutes qui pli toute l'histoire de l'art, peinture, photo, cinéma, tout y est balayé, ramassé, dit, dans ses teintes crépusculaires. Après la fin du monde il y a le Japon, après les images il y a Mamoru Oshii et ses infographistes. Il n'y a plus le vivant peut-être mais il y a les lignes, le trait, qui dit tout, montre l'essentiel de ce qu'il reste à voir et à faire. Petit concentré de chef d’œuvre de toutes les oeuvres où l'humain est à sa place pour la nuit des temps numérisés. Oshii sait, il voit plus qu'il n'a vu. Le Japon est la terre promise, lui qui connaît déjà la fin des temps, la fin de l'histoire qu'il n'a cessé de renier. Non le Japon n'est jamais mort, c'est le plus beau des morts vivants. Il est le centre du monde, il est notre absence et notre clairvoyance, et ces cinq petites minutes d'intensité plastique sont notre nouvelle icône. Petites images sacrées pour nouvelle religion à construire. A partir de tout, à partir de rien, parce que le Japon nous dit qu'il est encore possible de croire aux images. Derrière les calculateurs, les écrans, il reste toute la plus belle poésie du monde. Il reste l'essentiel, du monde à construire, des images à bâtir, et de la parole pour l'accomplir.
Le reste n'a plus d'importance.
