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Jelangkung 1

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Bastian Meiresonne 2.25


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Ghost (Block)-Buster

En 2001, le cinéma indonésien touche un bas historique depuis…1948 avec seulement trois films au compteur cette année-là…Mais quels films…"Ada Apa dengan cinta ?" de Rudi Soedjarwo, produit par les fers de lance du renouveau, le réalisateur Riri Riza, la productrice Mira Lesmana et la scénariste Prima Rusdi, explose le box-office, révèle Nicholas Saputra (le Romain Duris indonésien) et devient le nouveau mètre-étalon toujours pas égalé depuis dans le genre de la comédie romantique pour ados.
"Courtesan" voit les premiers pas derrière la caméra de Nia Dinata, future réalisatrice de la comédie à succès "Arisan !", des œuvres engagées "Love for share" et "Chants of Love" et productrice d'une flopée de nouveaux jeunes talents depuis (dont Joko Anwar).
Et puis il y ce "Jelangkung" (The Uninvited), seconde réalisation de Rizal Mantovani après sa précédente collaboration à l'œuvre charnière du renouveau du cinéma indonésien, "Kuldesak" avec Riri Riza, notamment.
 
"Jelangkung" est un film historique. Il ne va pas seulement drainer les spectateurs en masse dans les salles, mais contribuer à la relance du cinéma d'horreur, voire du cinéma indonésien tout court. Faisant salles combles entre octobre 2001 et janvier 2002, le film va enregistrer 748.003 spectateurs au total – un score énormissime, surtout pour un film d'horreur, tourné en DV, qui plus est.
La réponse des producteurs concurrents est immédiate avec pas moins de 4 films d'horreur sur les 14 métrages sortis dès l'année prochaine, le pourcentage allant crescendo au fur et à mesure des années.
 
Le succès de "Jelangkung" avait du bon – avec la confiance renouvelée des producteurs à investir le marché – et du moins bon: production DV à très bas coût, très fortement inspiré du succès historique de "Blair Witch Project" de 1999 tant dans la réalisation, qu'au niveau de l'histoire, la plupart des films d'horreur suivants allaient se tourner sur un même modèle: des films ricains plagiés à très bas coût…Que cela ne tienne, "Jelangkung" avait ouvert une énorme brèche, avec des centaines de milliers de spectateurs (surtout des ados) à courir se réfugier dans les salles obscures dès la sortie d'un nouveau long-métrage d'horreur. Depuis, la qualité franchement mauvaise de la plupart des productions les aura détournés du genre – mais heureusement pas encore des salles avec plus de 100 films indonésiens à se tourner chaque année.
 
Pourtant, à regarder de plus près, "Jelangkung" est loin d'être exceptionnel. Rip-off éhonté du "Blair Witch Project" avec un groupe de jeunes filmant leur "chasse aux fantômes" tournant souvent à vide au caméscope, on a droit à des très longs passages à vide après une séquence d'intro pourtant prometteuse. 50 minutes à chasser du fantôme, qui ne se montre pas avant d'assister au premier meurtre (relatif) sur…les quatre au total en fin de métrage. Bilan fort maigre.
 
Là, où les réalisateurs Rizal et Jose Poernomo vont faire preuve d'astuce, c'est de mêler une culture américaine omniprésente à des racines plus locales. Se référant à son passé de clippeur, Rizal fait preuve d'une grande virtuosité au niveau de l'image (nickel) et de sa mise en scène, dynamisée par des nombreux effets (ralentis, arrêts sur image, découpage rapide) et d'une parfaite bande-son directement destinée aux jeunes (du heavy-metal tonitruant). Quant à l'intrigue, si elle s'inspire ouvertement du "Projet Blair Witch", elle n'en oublie pas moins une mythologie plus particulièrement indonésienne avec notamment le fameux contraste "ville-campagne" (historiquement, les films d'horreur se passaient plutôt à la campagne avec des histories de magie noire et de shamans, la terre étant également davantage celle des "légendes") et une histoire typique de la "convocation" d'un esprit qui s'en va hanter ceux qui l'auront dérangé dans son sommeil éternel. L'idée de ramener la source du Mal directement en ville est loin d'être nouvelle dans l'Histoire du Cinéma d'Horreur Mondial, mais plus particulièrement développé dans des nombreux pays asiatiques à l'poque – notamment avec la nouvelle explosion de l'exode rural pour tenter de s'enrichir dans les grandes villes…
Finalement, ce sera quasiment la marque d'un Rizal: faire du neuf avec du vieux, en s'inspirant d'histoires plus anciennes indonésiennes pour les lier à une culture plus profondément indonésienne.
Quant au casting, la bande de jeunes inconnus de l'époque va se révéler des futures stars en devenir grâce à l'incroyable succès.
 
Au premier coup d'œil, "Jelangkung" est donc un film d'horreur assez décevant, qui – après une séquence d'intro dynamique – tarde à décoller avant une dernière partie plus intéressante; mais replacée dans son contexte historique et tenant compte des conditions cinématographiques de l'époque, le film se pose en mètre-étalon du renouveau du cinéma indonésien à venir et se doit d'être honoré en tant que tel.
 
Rizal Mantoivani va rapidement s'imposer comme le meilleur réalisateur du genre horrifique au cours des années en signant notamment le très bon "Kuldesak" et "inventant" le "sexy horror movie" avec "Bride Waterfall". Jose Poermono va partir de son côté, réaliser une comédie romatnique (We come in peace) avant de signer un remake à peine déguisé – mais largement supérieur " de "Jelangkung", "Angker Batu" avant de connaître un autre grand succès public avec ses médiocres "Pulau Hantu".
 
 Quant à "Jelangkung", il connaîtra deux séquelles de qualité (et au succès) forcément inférieur tournés par d'autres.


03 novembre 2010
par Bastian Meiresonne


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