Une histoire qui nous touche tous servie par de très bons dessins 
Tanigushi Jiro est un homme à part dans l’univers de la bande dessinée Japonaise. Ne passant pas par les distributeurs Japonais les plus classiques cherchant plus à transmettre un message qu’à publier une œuvre à succès. Un auteur quelque peu atypique qui nous livre ici une grande histoire de la vie, simple, triste, mais au combien belle et instructive…
Des dessins pas forcément typiques des manga…
Hormis le fait que la bande dessinée soit en noir et blanc et utilise beaucoup les techniques de tramage, ce qui est propre aux manga nippons, l’aspect visuel de cette œuvre est étonnement proche des bandes dessinées Européennes. On retrouve ainsi un découpage très classique (on est très loin du style de Kurumada ou Kakinuchi…), un dessin des personnages plutôt réalistes (il n'y a pas que des tops models !), aux traits très épurés, dans le style de la ligne claire (plus proche d’Edgar Pierre Jacobs que de Hergé tout de même…), des décors incroyablement fouillés pour lesquels les traits sont tirés à la règle (la même approche du décor que celle d’Edgar Pierre Jacobs…), ajoutons à cela une recherche documentaire pour retrouver l’apparence et l’atmosphère de la ville de Tottori, travail que l’on a plus l’habitude de voir chez des dessinateurs comme Jaques Martin que chez des Japonais (il est vrai que pour créer Docteur Slump, pas besoin de se perdre dans les bibliothèques…). Comparé à des manga souvent réalisés très rapidement, aux décors très dépouillés (cf. Togashi, Toriyama et bien d’autres encore), aux personnages aux yeux démesurément grands et aux chevelures impressionnantes ou tous super mignon dans les manga au design plus réaliste (Hojo, Katsura...), il y a manifestement une différence d’approche ! Le manga étant diffusé en grand format et ayant été inversé pour passer au sens de lecture Européen, on pourrait presque penser à de la BD franco-belge… Si ce n’était évidemment le noir et blanc et les costumes traditionnels Japonais…
Toujours est-il que ceux qui ne sont habitués qu’aux bandes dessinées Européennes de la ligne claire ne devrait pas avoir à affronter un choc culturel trop important en s’attaquant à cette œuvre !
...pour une histoire humainement enrichissante…
Dans sa postface Taniguchi se demande si le vecteur de la BD était à même de rendre le drame intérieur auquel doit faire face le personnage principal… A mon humble avis, le parie est réussit !
Non seulement l’histoire est belle et intéressante, nous livrant une part d’intimité, levant le voile sur les secrets d’une famille finalement ordinaire et dont les enfants souffrent de la séparation de leur parents comme malheureusement beaucoup de familles le vivent aujourd’hui, mais le style narratif choisit est plus que judicieux et permet de transmettre toute l’intensité des sentiments et les progrès que va enfin faire Yoishi dans la compréhension de son père. Comment rester insensible à cette veillée funèbre et à cet usage si judicieux des flash-back ? Comment ne pas reconnaître ses amis, ses voisins ou sa propre famille dans le destin de cette famille brisée et finalement recomposée ? Comment ne pas reconnaître la vie quotidienne tout simplement, et ces petits riens, ces objets oubliés qui peuvent faire remonter des souvenirs engloutis à la surface ? Une histoire émouvante, de gens simples et ordinaires.
et un bon moyen de découvrir un peu de la culture Japonaise !
Si ce manga est aussi bien au niveau graphique qu’au niveau du scénario très intéressant, il peut également être un pont vers la culture de l’archipel. En ce qui concerne les veillées funèbres et les cérémonie funéraire évidemment, mais également en ce qui concerne le mariage ou la présentation de deux "fiançables" par leurs familles respectives dans le Japon de l’après-guerre. Un bon moyen d’améliorer nos connaissances sur le pays du soleil levant !
Pour tout dire cette œuvre est bien plus qu’une simple BD divertissante, mais plutôt un manga très riche aussi bien graphiquement qu’humainement, à découvrir absolument !
