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Kakurenbo

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Arno Ching-wan 3.5 "Dans la rue noire, dans la rue noire et obscure…
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"Dans la rue noire, dans la rue noire et obscure…

… obscure et sombre !" (Les Inconnus)

Kakurenbo est un conte onirique ayant clairement - ou plutôt sombrement - coché l’option « cauchemar » dans ses notes d’intention. De jeunes enfants défient un quartier réputé dangereux en allant s’y promener un soir. La chasse peut commencer...

Fais gaffe au démon Lamberto!De ces enfants, nous ne verrons pas les visages. Masqués, ils ne sont définis que par leurs voix, tailles, attitudes, vêtements, et autres coupes de cheveux, l’occasion pour les créateurs de s’en donner à cœur joie sur l’apparence de chacun, avec une préférence graphique plus axée sur le décors de cette partie de cache-cache que sur ses participants. Pour reprendre un terme propre à certains jeux vidéos, la « map » est un simulacre de ruelles sombres et perdues, de celles que l’on peut trouver dans certains recoins obscurs de Tokyo, encore qu’à l’instar de Ghost in the shell, les dédales de Hong-Kong semblent une nouvelle fois inspirer des artistes souhaitant représenter un microcosme envahissant, une vie quotidienne sans refuge plus compliquée qu’elle ne devrait l’être, comme un esprit humain embué par des informations trop nombreuses pour être correctement assimilées. D’où un comportement inhumain, d’où des interactions belliqueuses et autodestructrices, d’où la perdition tout ça (etc, etc). Ces immeubles fantômes, inhabités, sont dominés par des teintes cuivrées, rougeâtres et noires, aussi noire que cette sale histoire. Ces 25 minutes nous sont racontées très efficacement via une excellente animation en cell-shading (*), même si la générosité poussant l'auteur à décrire au mieux les menaces qu’affrontent ces mômes minimise la peur que l’on pourrait ressentir en devinant simplement leur présence. Ce choix narratif transforme cette expérience appréciable en excitation ludique, mais, avouons-le, un peu moins puissante qu’elle aurait pu l’être si la terreur avait été au rendez-vous. Concession à un cahier des charges dont l'objectif premier serait d'optimiser une carte de visite? Le réalisateur MORITA Shuhei se fendrait-il d'un VRP multicartes mettant toutes les chances de son côté, ce pour être repéré dans un maximum de domaines? Le tout sur un seul support, le risque étant que, comme beaucoup, le réal ne devienne à terme qu'un simple (bon) faiseur. Dans cette méchante optique, la raison du masque des enfants pourrait n’être qu’une facilité pour avoir a éviter de détailler des visages, un choix se révèlant judicieux si l'on s'en réfère au massacre du dernier Appleseed en date sur ce point.

Kakurenbo est sous influence, Akira dépasse le tout d’une tête de gondole avec ses enseignes lumineuses, ses jeux d’ombre, et l’aspect de ces gosses, proche de celui de la bande des Clowns. Sans pour autant divulguer la teneur du dénouement, la fin nous renvoie clairement à la scène culte d' Urotsukidôji II - L'enfant errant, sans ses aspects pornographiques, et, par extension, à Matrix. Ce conte devient alors une fable d’actualité, ces gosses à priori extérieur à ce lieu s'y révélant primordiaux, un peu comme tous ces jeunes aimant à se dire rejetés par une société pour laquelle ils sont paradoxalement les consommateurs premiers, puisqu'ils puisent dans nombre d’entreprises leurs loisirs quotidiens. Rarement l’appellation « vache à lait » aura été aussi bien représentée. <SPOILER> A Kakurenbo d'aller au-delà de cette image en extrapolant sur la perversion d’une victime qui, à son tour, n’aura d’autre choix que de devenir bourreau pour survivre. Ce passage à l'âge adulte, très pessimiste et d'une rare cruauté, nous renvoie cette fois au final génial du La secte sans nom de Jaume Balaguero <FIN SPOILER>. Bref, Kakurenbo est un court métrage construit efficacement. En attendant un long, pour confirmer la chose et clarifier les quelques médisances ci-dessus.

(*) Le Cell-shading (aussi appelé "Toon-shading") consiste à appliquer un habillage de 2D à des volumes 3D polygonés. On applique des textures de type DA et une ligne qui simule un trait dessiné autour de ce même volume (objets et personnages).



18 juin 2006
par Arno Ching-wan


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