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Kinatay

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les avis de Cinemasie

5 critiques: 3.25/5

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8 critiques: 3.56/5



Aurélien 2
Elise 3.5 Oeuvre oppressante et déconcertante
Ghost Dog 4.75 La fin de l'innocence
Ordell Robbie 2 Procédés formels usés, thèmes mieux traités dans tous les grands films noirs.
Xavier Chanoine 4 Une nuit en enfer
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Oeuvre oppressante et déconcertante

Kinatay est un film dérangeant. Il casse pas mal de clichés du thriller. Alors qu'en général, le personnage principal cherchera à sauver la pauvre fille condammée, rompant avec les paroles des personnages lui disant qu'il s'habituera et que ça fait toujours cet effet la première fois, ici, le pauvre garçon impuissant regarde la fille se faire violer, tuer et démembrer, allant même jusqu'à aider les tortionnaires sans protester. Ce jeune homme est encore en train d'étudier à l'école de police, pour devenir ce flic intègre qu'il ne sera jamais, à l'instar de ses seniors qui l'embarquent dans la voie du crime et de la corruption. Cette oeuvre force l'isolement des personnages, par ces longs trajets en voitures, totalement silencieux, mettant à chaque instant une pression plus forte sur les épaules du garçon, qui essaie à plusieurs reprises de s'échapper, mais se résigne, par peur probablement. Kinatay n'a pas besoin d'un scénario très élaboré pour faire son effet ; Mendoza installe son ambiance dure et oppressante sans trop de mal et arrive à l'effet escompté : choquer et indigner.

01 décembre 2009
par Elise




La fin de l'innocence

...parce que Brillante MENDOZA est pour moi le réalisateur asiatique le plus intéressant de cette fin de décennie.

...parce que sa maîtrise de la caméra, de la lumière et du montage sonore plongent son film dans une ambiance oppressante particulièrement réussie.

...parce que Mendoza, qui a failli devenir prêtre catholique, interroge la foi de ses congénères avec une profondeur vertigineuse ; illustrant à la perfection la citation d'Edmund Burke "Pour triompher, le Mal n'a besoin que de l'inaction des gens de Bien", il démontre que les passages de la Bible affichés ostensiblement dans les rues de Manille ne sont que des slogans creux si ceux qui s'en réclament oublient que le Diable rôde constamment autour de l'Innocent, que le Mal est ancré dans la réalité du quotidien, qu'il faut se préparer sans relâche à le combattre, et que tout n'est pas si simple que dans un film Hollywoodien.

...parce que le plan final, d'apparence très banale, s'avère être en réalité une vision d'outre-tombe bouleversante qui n'a pas finie de me hanter.

12 décembre 2009
par Ghost Dog




Une nuit en enfer

Reparti du dernier festival de Cannes avec le Prix du meilleur réalisateur, Brillante Mendoza agasse autant qu’il fascine. Pas difficile lorsque, tout en faisant preuve d’une maîtrise technique remarquable, le cinéaste présente une œuvre peu ou pas du tout écrite, exempte d’une intrigue digne de ce nom et de personnages un minimum intéressants. Attributs du cinéma ici aux abonnés absents, on penserait presque au coup de bluff qui signerait son entrée dans tous les festivals, tous désireux d’avoir la perle choc tant attendue d’un pays dont on connait encore trop peu sa cinématographie. Kinatay a donc sa part d’esbroufe dans le fond, mais pourquoi lui en vouloir à partir du moment où l’on accepte d’entrer dans un univers noirissime et oppressant pour subir de plein fouet les dors et déjà fameuses séquences de la ballade en camionnette et du meurtre final, suffisamment groovy pour qu’un Tarantino adresse un mot personnel au cinéaste. Pas tout à fait vendu en tant que tel, Kinatay n’est pas qu’une simple stylisation nocturne assez démentielle, non, il est de ces objets cinématographiques captant l’atmosphère, les mouvements et les sons pour en faire un tout cinématographique. Les rues bondées de Manille, en plein jour, rappellent l’énergie paroxysmique captée dans l’attraction Slingshot, autre grand moment de fureur estampillée Six Flags faisant dans le virtuose permanent, avec en filigrane une constatation désagréable voir gênante des conditions de vie dans les quartiers les plus pauvres des Philippines. Les séquences de jour sont jusqu’ici les plus normales et énergiques, instants captés sous forme de procédés lorgnant vers le documentaire : on y cuisine, amène son gosse à la nourrice, étudie à l’école après un passage obligatoire en bus blindé de gens, peu de choses foncièrement différentes d’un documentaire tourné pour les chaînes spécialisées. C’est lorsque la nuit débarque que les choses se gâtent et prennent une tournure désespérée.

Si de jour Manille ressemble à une ville grouillant de monde et d’activités, on se contentera le soir des lumières de la ville derrière les vitres crades d’une camionnette. Pas d’occasion d’aller boire un verre aux terrasses extérieures, on sortira du véhicule pour aller pisser et chercher des bouteilles. Kinatay utilise le langage cinématographique de la paroi (le véhicule, pas d’échappatoire) pour créer cette sensation d’étouffement qui sera encore plus « aboutie » lors de son dernier tiers situé dans une cave. Rien de bien nouveau, certes, mais Brillante Mendoza se sert des décors, des surfaces, pour exprimer le ressenti du personnage de Peping, notamment lorsque la caméra s’attarde sur une des vitres du véhicule reflétant toute sa détresse et son incompréhension face à ce qui se déroule sous ses yeux. Et quand on connait la milice locale, difficile d’imaginer un bleu prendre la fuite. Impuissant, le gamin (il n’a que vingt ans) assistera au kidnapping d’une prostituée endettée de 100 000 pesos et à son massacre, les yeux brillants et le souffle coupé. La grande qualité de Mendoza est de filmer ces visages troublés, paralysées par la barbarie, plutôt que de filmer l’horreur de manière frontale. On apercevra les restes de la victime, sans néanmoins s’y attarder, parce que cette violence, selon Mendoza, n’est pas à imaginer par le biais d’un hors-champ, il veut prouver qu’elle existe. On lui évitera le procès d’intention trop facile. Car si Kinatay brille par son absence de scénario et ses symboliques -la religion, notamment- un peu inutiles, le fait de passer une journée entière avec Peping n’a guère plus d’intérêt. Mendoza comble les possibles brèches par une caméra alerte, mouvementée –à l’image de ce qui se passe dans la tête du bleu-, capte la moindre matière pour s’en servir comme langage cinématographique. Il s’y dégage un suspense finement retranscrit lorsque le gamin se retrouve seul, donc dans une situation d’échappatoire, mais incapable de laisser tomber sa casquette de débutant à la solde d’un gang de découpeurs, de peur des représailles. Une contrainte s’ajoutant au lieu de massacre trop éloigné de Manille, l’empêchant de rentrer ou de trouver une aide autour de lui. Mais le plus terrifiant, au final, c’est de partager une bière et un repas en compagnie de bourreaux presque ordinaires, au cours d’un épilogue saisissant rappelant en quelque sorte l'oeuvre des bourgeois du Martyrs de Pascal Laugier. L'horreur n'a pas besoin de contes, de légendes ou d'imaginaires farfelus pour exister, elle est autour de nous.



28 novembre 2009
par Xavier Chanoine


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