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Lady Snowblood Blizzard from the Netherworld

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les avis de Cinemasie

5 critiques: 4.45/5

vos avis

31 critiques: 4.15/5



Arno Ching-wan 4.25 Tâche rouge sur fond blanc
Flying Marmotte 5 Un véritable chef d'oeuvre... A ne manquer sous aucun prétexte !!!!
Junta 4.5 Comme le dit Chris, mon Dieu qu'elle est belle...
Ordell Robbie 4.5 LE film d'exploitation japonais?
Xavier Chanoine 4 Le prologue de Kill Bill vol1
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LE film d'exploitation japonais?

Lady Snowblood est un film d'exploitation d'une inventivité étourdissante. Ce qui n'était au départ qu'une adaptation d'un (excellent) manga de Kazuo Koike devient un festival d'audaces de narration et de mise en scène. Au niveau narratif, on a d'abord une structure en quatre chapitres scandant la vengeance de Lady Snowblood. Mais le grand mérite du film est de brouiller les repères temporels. S'y entrecroisent dès le début présent de Lady Snowblood, vie de sa mère en prison, souvenirs historiques de l'ère Meiji, images du viol de Sayo et du massacre de son mari, séquences d'entraînement de Yuki. Le film fait un usage virtuose de la voix off: les principes de vie que Yuki doit observer sont énoncés au cours de scènes muettes (Yuki regardant son instructeur sonner les cloches), la voix off d'un narrateur objectif des événements alterne avec celle de Yuki comme pour percer toutes ses émotions. Une belle idée du film est le personnage de cet écrivain qui narrera les exploits de Yuki comme s'il voulait construire un mythe de la culture populaire. Yuki, femme parricide, l'aidera finalement à concrétiser son parricide.

Visuellement, outre les geysers à la Babycart, le film regorge de plans hypnotiques: Yuki contemplant ses morts avec froideur, le parricide de Yuki au milieu des dunes, la tuerie finale dans un bal masqué. La mise en scène se permet toutes les audaces: longs plans-séquences mimant le regard de Yuki sur les autres personnages, séries de zooms reflétant son angoisse, cadrages penchés caractéristiques du cinéma d'exploitation de l'époque, caméras portées durant les scènes d'entraînement au maniement du sabre de Yuki, arrêts sur image et croquis présentant les personnages et accélérant la narration, suite rapide de plans fixes caractérisant le désordre des souvenirs dans la tête de Yuki. Musicalement, le score est très varié: on passe avec aisance de guitares et de cuivre à la Morricone à de l'easy listening et du classique. Mais le film vaut surtout par la superbe interprétation de Kaji Meiko, grande actrice du cinéma d'exploitation japonais de l'époque (Female Convinct Scorpion entre autres): elle exprime magnifiquement le désir de vengeance de Yuki, sa froideur volontaire ainsi que les émotions que laisse parfois échapper malgré elle cette machine à tuer.

En bref, Lady Snowblood est recommandé à tout amateur de cinéma de genre inventif.



13 mars 2002
par Ordell Robbie




Le prologue de Kill Bill vol1

Une femme hurle à la mort dans une cage humide et sombre. Entourée d'autres femmes toutes vêtues du même vêtement, elles semblent être en prison. Oui, elles le sont. La femme qui hurle accouche d'un enfant. Sa douleur est immense. Pourquoi pleure-t-elle jusqu'à l'épuisement? Qu'est-ce qui justifie cela? La mort semble proche, mais l'enfant venant tout juste de naître a déjà son destin de forgé. En ayant assassiné un innocent avec une rare gratuité, une bande de brigands va subir la vengeance d'une jeune femme mystérieuse qui se révèle être l’enfant mis au monde par la femme incarcérée, épouse du défunt. Une liste de nom se dresse. Des noms qui apparaissent comme remplis de haine dans les yeux de la jeune Yuki (Meiko Kaji) alors âgée de 20 ans. 20 ans de vie presque "normaux" pour les tueurs, 20 ans qui seront bientôt les derniers. En effet Yuki est à présent à leur recherche pour les disséminer jusqu'au dernier afin de venger sa mère. D’ambler, les ressemblances avec le Kill Bill de Tarantino sont évidentes. Tout à fait évidentes même, notamment au niveau du script d'une grande ressemblance. Cette histoire de vengeance, cette liste de nom, ces chapitres séparant chaque mort, la ressemblance est flagrante et saute aux yeux dès les premières minutes. Un autre hommage par ci par là, l'utilisation du thème "Flower of Carnage" hallucinant de beauté, reprise à l'identique dans Kill Bill lorsque Oren-Ishii trépasse sur cette fabuleuse neige (tiens, de la neige). Ces nombreux flash-back accompagnés d'une voix off, ces croquis dessinés non sans rappeler le passage animé du film de Tarantino, et cette passion pour le "finish" d'une épée glissée avec violence dans le dos de la victime, gerbes de sang avec.

Car oui, Lady Snowblood, en plus d'être un chef d'oeuvre absolu, se veut être d'une violence tout simplement incroyable. Les coups font mal, les sabres transpercent les chairs, déchiquettent les membres, tranchent les corps en deux, égorgent et poignardent dans une furie quasi innommable. Yuki n'est pas une tendre c'est certain, surtout qu'en plus d'être extrêmement graphiques, le sang de ses victimes se répand partout, dégouline et sors abondamment des plaies (l'effet comique est magistral). Pratiquement du jamais vu, un vrai film gore dans un chambara à l'ancienne, agrémenté de séquences à suspense, de théâtre et de polar. On apprécie, on déguste lentement cette ascension dans la violence de Yuki, interprétée par une sublime Meiko Kaji, d'une froideur et sensualité remarquable. L'être faible et soigné que l'on pense n'est en fait qu'un pur assassin. Pas besoin de faire des efforts pour lire la haine permanente sur le visage de Yuki, ses actes ne sont que le prolongement.

Magique, mis en scène avec brio, Lady Snowblood est un condensé de technicité. En pleine scène de massacre, le cadre se fige sur le visage d'un des tueurs, se fixe. A l'écran apparaît alors le nom du tueur (encore une fois repris à l'identique dans Kill Bill) dans un élégant japonais. On sait à qui on a affaire et surtout qui va passer un sal quart d'heure. On est prévenu. La traque s'annonce, Yuki traverse les villages du japon pour y déceler quelconque vermine qui finira sabre dans la gorge. Elle s'aide d'un vieux Maître d'un village pour recolter des pistes, espione à droite à gauche toute personne suspecte, etc. Il faut dire qu'elle est prête, après l'incroyable entraînement qu'un prêtre à sa charge lui a enseigné. Un entraînement fait de sacrifices et de douleurs, non sans rappeler celui de Pei-Mei dans Kill Bill vol2, sauf qu'ici, la petite débute ses exercices à une petite dizaine d'années (mémorable séquence du tonneau).

Raconté comme un livre, sous fond de voix off et de chapitres titrés, Lady snowblood est un pur film d'exploitation pour les amateurs de bis nippon et surtout, amateurs d'un genre qui ne se fait pratiquement plus. Pompé et repompé par Tarantino (ce qui n'est pas un mal), ce métrage même avec plus de trente ans dans les pattes demeure un bijou tragique, qui, dans un final d'une violence inouïe, quasi philosophique, annonce une suite. La vengeance n'en sera alors qu'encore plus forte.



29 mars 2006
par Xavier Chanoine


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