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La Forêt oubliée

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les avis de Cinemasie

3 critiques: 3.25/5

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11 critiques: 3.43/5



Ghost Dog 2.25 Fourmis et concepts
Ordell Robbie 3.75 Splendide mais...
Xavier Chanoine 3.75 Simple, même minimaliste, mais d'un onirisme fascinant
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Fourmis et concepts

Le cinéma de OGURI Kohei en laissera plus d'un sur le carreau : définitivement auteur, il met en image des thèmes ou des concepts abstraits sous le signe du plan fixe, de l'esthétisme raffiné et de la contemplation. L'homme qui dort était une sorte de film-coma à la fois beau, silencieux et désespérement ennuyeux. La Forêt oubliée (quelle horrible traduction...) est pour sa part un film-imaginaire où la fiction se mêle à la réalité dans un tout harmonieux célébrant l'esprit humain et la Nature.

On appréciera sans doute l'atmosphère si particulière qui se dégage de cette oeuvre : un sentiment de flottaison à travers un monde parallèle qui semble à la fois si proche (école, maison, famille) et si éloigné (cèdres enterrés, chameaux et baleines). Pour autant, mes réserves se situent principalement sur sa cohérence et sur l'attachement qu'on y prête. Le récit très déconstruit, zappant sans cesse d'un endroit à l'autre, balayant un large spectre de réflexions décousues qui peuvent paraître creuses, se mêle à un nombre important de personnages qui n'ont pas été choisis pour leurs particularités, mais juste pour faire partie du décor. Filmés la plupart du temps de loin, tels des fourmis, ils semblent déclamer leur texte comme des robots. Des personnages sans noms et sans visages, ou s'ils en ont un, on les oublie derechef. Cette déshumanisation empêche tout rapprochement avec le spectateur, à moins de faire un gros effort d'assimilation avec l'image.

Dans un film comme Gerry (Gus van Sant), la profondeur des thèmes abordés (la mort imminente, l'amitié, le sens de la vie) et la radicalité de la mise en scène n'étaient pas incompatibles avec la présence de personnages forts dont on devient progressivement intimes. Ca n'est pas le cas ici.

11 août 2008
par Ghost Dog




Splendide mais...

La Forêt Oubliée, c'est d'abord une déclaration d'amour à la fiction, à son caractère indispensable pour notre vie quotidienne. Pas étonnant dès lors que le film s'ouvre par des planches de manga commentées en voix off par des personnages du film. Fictive par nature, la bande dessinée est également ancrée dans le réel de par la trivialité de la situation traitée. Ensuite, le cadavre exquis fait par les filles pour tuer l'ennui continue à poser cette nécessité de la fiction. Tout au long du film, les surprises de la narration et le caractère quasi-irréel de la photographie vont s'attacher à montrer la dimension de fantastique émergeant du quotidien le plus trivial. Comme ce superbe plan d'une baleine sur une flaque d'eau dont on découvre qu'il ne s'agit que d'un reflet d'une peinture sur un camion. Et avec en apothéose un final où la baleine et le chameau volants, la forêt ensevelie et ces fêtes en plein air typiquement japonaises se rejoignent en une fusion réussie de la fiction et de la plus réelle des traditions japonaises. De cet amour du conte, de l'acte de conter vont ainsi émerger de vrais moments de grâce par wagons.

L'autre élément admirable du film est la réalisation d'Oguri Kohei. Avec encore plus de brio que dans L'Homme qui dort, le goût pour une certaine picturalité dans le cadre, pour des compositions savantes contribue à inscrire les individus à l'intérieur d'un plus grand ensemble, celui de la nature et de l'ordre naturel des choses. En cela, la mise en scène d'Oguri est admirablement panthéiste. Et c'est dans cette tension entre cette inscription dans le monde de la nature et le cartactère quasi-irréel de la photographie que l'absence de séparation entre réalité et désir de fiction du film trouve un écho stylistique.

Les enjeux du film autour de la question de la fiction sont d'ailleurs bien mieux exprimés par la mise en scène que par le scénario. Oguri a certes UN sujet (la fiction) et un scénario racontant l'annexion progressive du réel par la fiction. Mais le bas blesse dans une multiplcation des digressions narratives rendant le scénario parfois trop embrouillé.

C'est là que la comparaison avec Le Goût du Thé commence à s'imposer. On sait en effet qu'Ishii Katsuhito a clamé son admiration pour L'Homme qui dort d'Oguri. Mais si contrairement à Ishii Oguri ne fait pas un cinéma de recycleur de talent on ne peut s'empêcher de voir des ponts entre les deux films. D'abord justement dans cette façon de faire émerger le loufoque du quotidien le plus trivial, dans ce goût de la vignette naïve. L'ouverture mangaesque aurait d'ailleurs pu se retrouver chez Ishii. On pourrait dire qu'Oguri brille par une forme plus ambitieuse qui élève le film au rang de poème panthéiste. Mais si le film d'Ishii souffre manifestement d'une longueur excessive le côté "portrait d'une famille loufoque et touchante" de son scénario évoquant Wes Anderson évitait au récit le risque de la dispersion.

Avec plus de rigueur scénaristique, Oguri aurait réalisé un chef d'oeuvre et un des plus beaux films asiatiques de la décennie. Mais La Forêt Oubliée n'est que très beau, ce qui n'est déjà pas si mal...



15 décembre 2005
par Ordell Robbie




Simple, même minimaliste, mais d'un onirisme fascinant

La proximité qu'à un film avec le songe est une affaire toujours délicate dans la mesure où la retranscription du rêve peut souvent donner lieu à du n'importe quoi ou dans le pire des cas, du peu crédible. Umoregi n'a pas tout à fait franchi les limites entre le film "réaliste" et le "rêve" aussi bien écrit, pensé que lu (les petites histoires des adolescentes), mais pourtant le spectateur reste sur une sensation très étrange, comme si il venait de voir défiler devant ses yeux des images qui ne s'expliquent pas, empreintes d'une grâce définitive de part ses très nombreux moments oniriques l'élevant parmi les hautes sphères du film poétique (comprenons par là, le haut du panier) mêlé au classicisme des ambiances du film d'adolescents japonais et du film d'aventure (au sens figuré) où les rencontres sont cocasses et nombreuses, on pense alors à la bande de San-Chan (Asano Tadanobu) et leurs tentatives désespérées de voyager et de faire voler leur ballon cheval. On pense aussi à ce jeune couple d'adolescents amoureux qui s'occupent comme ils peuvent aussi bien avec des grosses balles sorties d'on ne sait où (avec une belle utilisation du hors champ) que des petites parties de ricochet sur un pont désespérément mort. Le film ne doit pourtant rien aux mouvements de caméra du cinéaste, appliquant ici des techniques de cinéma aussi simples (plan fixe, grande profondeur de champ) qu'évitant le tape-à-l’œil qui aurait dans un certain sens anéanti l'oeuvre de ses prétentions oniriques. A présent il est vrai que le film séduit surtout pour ses moments gracieux et parfaitement maîtrisés, cette alliance exceptionnelle de la musique et des images déroulées comme pour satisfaire le cinéphile en recherche de sensation. Certains films arrivent à être marquants par le simple fait d'une répétition (aussi bien visuelle que sonore), histoire d'inscrire son pouvoir hypnotique au plus profond de l'esprit du spectateur, et la seule répétition de Umoregi est à mettre à l'actif de sa musique, recherchée, envoûtante et minimaliste comme le meilleur d'un Hisaishi Joe. Les dernières dix minutes avec le vol du ballon baleine sont aussi planantes qu’inexplicablement magiques, le dernier plan sur le visage triste d'une femme est également l'un des plus beaux de l'Histoire du cinéma. 

Nous mettons au défit quiconque de rester insensible après la vision d'une telle oeuvre hélas très peu symbolique de l'état de santé inégal de l'industrie cinématographique nippone. Umoregi n'est même pas classable, et il serait dommage de le comparer avec telle ou telle oeuvre cinématographique, il fait en revanche parti de ces films difficilement jugeables à la première approche : une seconde vision est absolument nécessaire pour avoir un avis définitif. Retour marqué et marquant pour Oguri Kohei, dont on attend une prochaine oeuvre avec une impatience certaine.



21 décembre 2007
par Xavier Chanoine


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