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Lola

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les avis de Cinemasie

3 critiques: 3.5/5

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5 critiques: 3.45/5

visiteurnote
Bastian Meiresonne 4.25
Diana 4.25
Epikt 1
Illitch Dillinger 4.25
Tred 3.5


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Question de mamies et de morts

Invité surprise à la dernière minute au Festival de Venise en 2009, "Lola" laissait planer le doute quant à la véritable qualité de son film, tourné dans la foulée du précédent "Kinatay" du même réalisateur. Même si Mendoza ne réalise pas le même bond prodigieux qu'entre "Kinatay" et ses précédents, "Lola" se place pourtant dans la lignée d'une œuvre extrêmement riche, complexe et construite. Un ENORME petit film, qui hantera longtemps les esprits et qui place Mendoza définitivement au panthéon des plus grands réalisateurs de "cinéma-vérité" philippin aux côtés de son idole Lino Brocka.
 
Le film s'ouvre sur le plan d'argent, thème récurrent dans les films plus engagés du réalisateur. Il racontera une autre histoire de "débrouille" du "petit peuple philippin", obligé de recourir à des combines et des petites arnaques pour survivre dans une société pauvre.
 
Cette fois, il ne va plus s'immerger dans l'un des bidonvilles oppressants du centre-ville urbain de Manille, mais déplacer son action dans Malabon, quartier à 45 minutes du centre-ville. Un quartier inondé tout au long de l'année, dont le niveau d'eau augmente et décroît au fur et à mesure des saisons. Or, Mendoza choisit de tourner au plus fort de la saison de pluies, au mois de juin, lorsque le niveau d'eau menace à tout moment d'engloutir les fragiles bâtisses des habitants, qui s'en accommodent tant bien que mal. Une formidable mise en parallèle simplement montrée, sans être lourdement appuyée entre le rapport de l'Homme à la Nature – on est finalement très peu de choses sur cette terre et l'homme trouvera toujours un moyen de se débrouiller pour survivre dans les climats / les sociétés les plus oppressantes pour quand même perpétuer l'espèce.
 
C'est là, tout l'intérêt d'un cinéma de Mendoza, qui réussit à exprimer les choses avec beaucoup d'humilité, une extrême sincérité, sans pathos lourd…A ce titre, Mendoza expérimente quand même beaucoup, en recourant cette fois à des artifices (scènes de pluie et de vent recréées, alors que normalement il tournait toujours en conditions réelles; utilisation de la MUSIQUE, absente de l'ensemble de ses films depuis "John John") utilisés avec parcimonie et intelligence pour illustrer ses propos. Il n'hésite évidemment pas à surajouter un tout petit peu, comme la scène, où l'une des grand-mères se fait pipi dessus, mais là encore, c'est sans grand mélo et traité avec beaucoup d'intelligence. D'autre part, il a le chic d'en appeler même à sous subconscient, comme dans cette magnifique scène en début du métrage, lorsque l'une des grand-mères tente désespérément d'allumer une bougie en luttant contre les éléments naturels déchaînés (elle va quand même y arriver, preuve de la résistance de l'homme face à la Nature) pour célébrer la mémoire d'un mort, alors qu'à quelques mètres à peine un groupe d'enfants joue joyeusement tous ensemble…Pas de dispute, ni de haine, une innocence très loin du meurtre commis quelques heures plus tôt au même endroit entre jeunes de même âge et – surtout – DE LA VIE, alors que la grand-mère se rappelle la mort. Voilà toute l'image d'un cinéma de Mendoza.
 
Un film certes financé par de l'étranger étranger (en l'occurrence français), mais qui dispose d'une liberté totale et n'en constitue pas moins un regard bienveillant et très proche sur le peuple philippin. Nul autre, que Mendoza sait capter la vie quotidienne dans différents quartiers de la ville, à rendre mieux que lieu de cette omniprésence des voitures, du bruit ambiant, de la foule des gens, de tous ces lieux alambiqués…Le bidonville de Malabon ressemblerait quasiment à un havre de paix avec son église emblématique en "bout d'avenue" (comme la Mort, qui serait au bout du chemin de la vie) et de son rythme pépère au fil de l'eau, des plans qui tranchent totalement avec la frénésie des rues du centre-ville.
 
Et puis il y a tous ces petits moments de "rien", qui permettent aux personnages de s'échapper quelques instants de leur condition plus fermée. Cette chasse aux canards ou cette "pêche miraculeuse", durant lesquels – une fois de plus – les personnages sont mis en relation avec la Nature.
 
Un film, qui mériterait d'être disséqué plan par plan, qui constitue un très grand moment de cinéma-vérité - évidemment très loin du cinéma-divertissement.


02 juin 2010
par Bastian Meiresonne


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