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Lost and Found

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les avis de Cinemasie

4 critiques: 3.81/5

vos avis

14 critiques: 3.46/5



Alain 5 Une ode à la vie et l'un des films majeurs du ciné HK
Ghost Dog 3 En demi-teinte
jeffy 4.25 Un espoir qui n'est pas déçu
Ordell Robbie 3 (Assez) Bien Trouvé
classer par notes | date | rédacteur    longueurs: toutes longueurs moyen et long seulement long seulement


En demi-teinte

Par définition, un film ayant choisi comme chanson récurrente Dance me to the end of love du génial Leonard Cohen ne peut pas être foncièrement mauvais. Et effectivement, Lost and Found possède des qualités indéniables tant au niveau du scénario que de la mise en scène. Pourtant, le film ne remplit pas tous les espoirs suscités après le magnifique générique du début en Noir et Blanc, faute à un décalage assez marqué entre le propos et la manière de l’amener. Certes, la recherche de l’espoir au contact des autres lorsqu’on est en phase terminale de leucémie est traitée avec délicatesse et sans aucun sentimentalisme baveux. Cette épreuve intérieure qu’endure malgré elle le personnage interprété par Kelly Chen lui permet paradoxalement de s’ouvrir sur l’extérieur, c’est-à-dire sur les autres et sur le Monde : en rencontrant successivement Michael Wong et Takeshi Kaneshiro, elle va revivre sur le plan affectif d’abord, avant d’entamer un voyage initiatique en Ecosse qui est aussi une conclusion à son passage sur Terre. Et si l’on creuse un peu, on peut également se rendre compte qu’il y a un message métaphorique au-delà du simple triangle amoureux : tourné en 1996, Lost and Found est largement influencé par la rétrocession imminente de Hong-Kong à la Chine, événement ressenti de manière plutôt négative, comme une page qui se tourne, un espoir qui s’en va.

Cependant, il y a quelque chose qui cloche dans ce film, quelque chose qui empêche d’adhérer complètement à l’histoire, d’être ému profondément, d’être marqué psychologiquement. Ce quelque chose, il vient à mon sens en grande partie du casting dont l’alchimie ne fonctionne pas :
- Kelly Chen tout d’abord, moyennement convaincante en leucémique incurable. Même si l’intention du réalisateur était de ne pas insister sur la maladie, cela n’excuse pas la forme presque olympique affichée par Kelly du début à la fin, arrivant presque à faire oublier qu’elle va mourir. Et lorsqu’on la voit vomir sous le coup d’un malaise, c’est pour maculer la veste d’un délégué syndical se plaignant des conditions de travail de son équipe… Plutôt maladroit.
- Michael Wong ensuite, pas crédible une seule seconde en sino-écossais joueur de corne-muse dans les Highlands au coucher du soleil… Son interprétation, bien que supérieure à la moyenne de ses films, plombe grandement la sympathie du film en le tirant involontairement vers le ridicule.
- Takeshi Kaneshiro, lui, s’en sort bien. Sans atteindre le niveau de Les Anges Déchus, il campe un personnage original, sorte de détective privé à la recherche d’objets ou de personnes perdus.
Trois personnages inégaux donc, qui n’arrivent pas à créer une harmonie autour d’un scénario pourtant sur mesure et d’une bande-son réussie, et qui rendent bancal un film déjà sur le fil du rasoir sur le papier.



02 novembre 2003
par Ghost Dog




Un espoir qui n'est pas déçu

Avec un scénario de ce genre on pouvait craindre un love story larmoyant, heureuseument lost and found est tout le contraire. C'est bien plus un parcours initiatique rendu posssible par la maladie, la possibilité de poser enfin un vrai regard sur le monde en n'ayant plus à se préoccuper de soi. C'est là que Kelly Chen colle parfaitement au rôle grace à son détachement permanent et à la simplicité de son jeu. Ce n'est pas à la rencontre de sa mort que Kelly Chen nous invite dans le film mais à découvrir tout ce qui fait la réalité de la vie. Et à ce titre les personnages de Michael Wong et Keshiro Takeshi, tous deux excellents, sont plus essentiels que celui de Kelly Chen. Tout cela est filmé avec soin, particulièrement la photographie des paysages, et soutenu par une bande son qui touche juste. Un film d'une grande sérenité sur un sujet difficile, à voir sans réserve.

14 septembre 2003
par jeffy




(Assez) Bien Trouvé

Lost and Found est sur le papier un film casse-gueule. Déjà, l'idée d'une femme atteinte de leucémie qui va bientot mourir fait craindre un Failan à la hongkongaise, un mauvais dosage du pathétique pouvant faire très vité déboucher le sujet vers la pitié facile qui est la pire des choses lorsque l'on fait du mélodrame (et en particulier du mélodrame social). Mais pour désamorcer ce risque Lee Chi Ngai introduit un élément qui change tout: la vie avec tous les sens que le terme peut revetir. Plutot que d'insister sur la maladie et sa souffrance, le cinéaste se concentre sur ces moments où l'on a conscience de la mort prochaine et où les regrets font surface pour donner une envie d'agir, de ne pas laisser passer les opportunités qui nous sont offertes, de les rattrapper quand on les a ratées, d'ETRE VITAL en somme. Du coup, Kelly n'a pas peur de se lier de conversation avec Takeshi, de l'utiliser pour retrouver Michael, un etre qui lui fut d'un grand secours parce qu'il l'a aidé alors qu'elle était dans une situation paradoxale (faible d'un point de vue physique mais occupant un poste à responsabilités sur le port). Et justement sa rencontre avec Takeshi n'est pas un hasard parce que c'est un etre qui vit au jour le jour et qui n'a pas peur de saisir l'opportunité d'un bon mot (ses commentaires perspicaces sur les clients du restaurant) ou de saisir un indice qui pourrait le guider dans sa mission (le carton publicitaire qui lui fait abandonner fissa son repas pour trouver avec succès Michael). Et la liberté narrative du film fait écho à celle de ses personnages: le flash back du début permet la mise en valeur de la magie que peut avoir la rencontre, de ce que quelques brefs instants peuvent apporter à un etre en difficulté d'un point de vue humain; on s'y improvise chanteuse de rock ou chanteuse de slow sirupeux en duo -certes, ça sonne comme du Eros Ramazotti pour le plus grand déplaisir des oreilles du spectateur mais c'est compensé par la fougue du duo Kelly Chen/Takeshi Kaneshiro qui fait écho à leurs personnages-, on se retrouve à partir en Ecosse pour retrouver de façon imprévue un etre qui nous est cher et tous ces aspects permettent au film de bien doser les moments simples et émouvants, le drame et les quelques pointes d'humour.

Sauf que tout cela pourrait facilement déboucher sur une overdose de bons sentiments. Et il n'en est rien grace à la réalisation et aux acteurs. Takeshi Kaneshiro commence par jouer un personnage insouciant, léger avant de progressivement et subtilement révéler la tristesse et la solitude cachée derrière cette apparence, mélant parfois sourire et larmes. Kelly Lin offre également une prestation toute en nuances, exprimant la faiblesse, le doute, l'euphorie mélée à la conscience de sa mort prochaine avec des jeux de regards d'une grande subtilité (notamment dans la scène où en Ecosse une touriste asiatique lui demande de prendre une photo). Michael Wong est un peu en deçà de la nuance des deux compères mais il joue néanmoins correctement et son petit mélange cantonnais/anglais dans les dialogues correspond bien à un personnage tiraillé entre deux rives. La réalisation de Lee Chi Ngai, si elle n'aboutit pas à l'édification d'un style, cadre parfaitement avec la liberté de ses personnages: on y passe ainsi de caméras portées documentaires suivant le regard des personnages à des plans plongeants qui semblent pointer les personnages pour offrir quelques travellings ou élargissements de plans à la vraie ampleur classique (ampleur que l'on retrouve mais de façon plus audacieuse visuellement lorsque la caméra survole l'Ecosse dans le final); quand la caméra s'approche des personnages, elle le fait sans maniérisme et les moments où la caméra s'immobilise dans la rue pour suivre l'entrée ou la sortie du plan des personnages offrent des accalmies bienvenues; et quand après un flash back on se retrouve dans une scène identique au début, un arret sur image immortalise un moment désormais chargé d'émotion. Seule petite coquetterie maniériste: le générique de fin reprenant le début en couleur. Tout n'est pas parfait justement: si la voix off donne au film une ampleur romanesque, son usage n'est pas toujours bienvenu vu qu'elle souligne de façon assez lourde les émotions ressenties par Kelly qui étaient déjà très bien passées par son jeu d'actrice; les échanges de regards entre Kelly et un gamin font un peu trop film publicitaire gnangnan et le peu de scènes d'hopital n'évitent pas l'apitoiement. Sauf qu'il y a une chose qui compense un peu cet aspect: la musique qui réussit à sauver certains moments du désastre. Les instrumentaux sont touchants et tristes sans trop forcer le pathos et Lee Chi Ngai ne se prive pas pour le plus grand bonheur des oreilles du spectateur de nous servir Dance me to the End of Love, une des meilleures chansons de ce très grand de l'histoire du rock qu'est Leonard Cohen, qui transcende littéralement certains passages (on ne saurait en dire autant de l'usage inapproprié de l'accordéon lors des pitreries portuaires de Michael). Et puis les retrouvailles écossaises ne sombrant jamais dans la carte postale touristique à la Amélie Poulain ainsi qu'un final mettant l'accent sur la vitalité sont tous deux des chefs d'oeuvre poignants. Certains ont reproché au film la métaphore peu subtile de la rétrocession qu'est la leucémie de Kelly. Mais justement le scénario n'essaie jamais d'exploiter cet aspect politique: Lost and Found est d'abord et avant tout un film de personnages.

Au final, Lost and Found, sans être ce que le cinéma de Hong Kong a fait de mieux, est une bonne démonstration des forces et des limites du savoir faire UFO (bon niveau technique, bons choix de casting mais traitement scénaristique pas toujours abouti). Rien que pour cela le film mérite le coup d'oeil.



31 mai 2003
par Ordell Robbie


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