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Lost In Beijing

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Xavier Chanoine 3 Aussi à l'aise dans le registre de l'humour que du malaise
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Aussi à l'aise dans le registre de l'humour que du malaise

Mettons fin au suspense, Lost in Beijing n'est pas le film le plus sulfureux de la production chinoise actuelle. Lost in Beijing n'est pas non plus comme il avait été présenté à Deauville cette année, c'est à dire sulfureux grâce aux bruits de couloirs et à la présentation rapide du film lors de la conférence de presse précédant le festival. Le film de Li Yu est une comédie noire qui vire au grotesque lorsqu'il n'est plus question de faire l'apologie du sexe par l'intermédiaire de séquences d'amour superbement exécutées, et l'on comprend par la suite la raison de son bannissement sur le territoire chinois : sans doute que les séquences de sexe en début de métrage sont trop nombreuses et parfois trop explicites pour que la censure passe à côté en sifflotant. Sans doute, mais l'autre raison, et sûrement la plus évidente, c'est bien son sujet. Car non, Lost in Beijing n'est pas un film sur les déboires sexuels d'un quatuor amoureux, il rigole surtout sur un sujet qui peut prêter à confusion quant aux propos de la cinéaste : user du thème du "libre échange" de bambin et plaisanter avec comme pour ridiculiser les personnages qui jouent de cette manipulation de l'identité du nouveau né. Pour poser l'histoire, PingGuo est l'une des meilleures masseuses d'un centre de massage de pieds réputé à Pékin, dirigé par Lin Dong (Tony Leung Ka-Fai). Tandis que PingGuo revient guère sobre d'une après-midi passée à picoler avec l'une de ses amies et collègue tout récemment virée de l'établissement, le directeur profite de son état d'ébriété pour la violer. Manque de chance, An Kun, le mari de PingGuo est témoin de la scène. Plus tard, le couple fera l'amour comme pour exorciser cette tromperie et quelques temps plus tard, PingGuo tombe enceinte. Un problème se pose, personne ne sait qui est le père. Résultat, les deux hommes vont trouver un accord -quelques gros sous mis à part- et parient sur l'identité du gosse : selon son groupe sanguin, le bébé peut revenir à l'un des deux hommes. La censure peut donc intervenir face au jeu dirigé par la cinéaste, comme si l'on pouvait, dans une telle société, jouer avec l'identité d'un gamin ou tout simplement l'acquérir grâce au jeu du hasard. Dans cette entreprise l'ironie est particulièrement légitime, cependant est-ce acceptable comme message? Un autre point peut nous faire réfléchir quant au bannissement de l'oeuvre : corrompre la médecine pour changer le groupe sanguin de l'enfant est aussi possible, et An Kun le fera.

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Mais qu'en est-il de Lost in Beijing? Vaut-il le coup d'oeil? Bien sûr, rien que pour le numéro hallucinant d'un Tony Leung Ka-Fai tout simplement fabuleux. Cela faisait longtemps que l’on n’avait pas vu pareil cabotinage de la part de ce grand monsieur du cinéma chinois, remonter à Election serait envisageable pour trouver pareille comparaison. La direction d'acteurs du film est tout aussi bonne, chaque personnage ayant au moins une chose à se reprocher, personne n'est épargné par la cinéaste qui s'amuse visiblement à les rendre grotesques, attirés par l'argent, visiblement guère gênés de faits plutôt graves : alors que sa femme vient de se faire violée sous ses yeux, An Kun et Lin Dong discutent argent pour faire passer la pilule. Lorsque Mei apprend que son mari a violé l'une de ses employés, elle propose au mari de cette dernière d'en faire autant avec elle, donnant-donnant. Et les discussions tournant autour du bébé sont tout aussi douteuses. Mais étrangement, il n'y a pas de malaise, la cinéaste réussissant à faire basculer un film dramatique à la base en pure comédie satirique : Tony Leung Ka-Fai rendant visite à PingGuo alors enceinte pour lui donner tout un tas de produits afin que le bébé soit en bonne santé, Mei, en véritable peau de vache, abusant des bons et loyaux services de PingGuo métamorphosée en femme de ménage après la naissance de l'enfant. Toujours ce même Ka-Fai zieutant PingGuo sous la douche avec un miroir, la technique du vieux pervers. Mais la veine "dramatique" du film reprend de plus belle lorsque Tony Leung se rend compte qu'il s'est fait piégé sur l'identité du gosse, mettant en avant sa belle interprétation d'ensemble. C'est qu'il est touchant, là-dedans, entre l'image du patron sévère qu'il projette et qui peut avoir ses conséquences (il met à la porte l'une de ses employées qui par la suite tombera dans l'alcool, la prostitution, et finira à la morgue, point barre), entre ses pulsions sexuelles incontrôlées, son manque de chance évident et son rôle de papa poule adorable. Une belle réussite donc que ce Lost in Beijing, bien que les penchants esthétisants de son auteur peuvent finir par agacer. Ceci dit on reconnaît sa belle faculté à capter des instants de vie typiquement urbains : les longs plans en caméra embarquée dans les rues de Pékin, sublimes et réalistes, sont de beaux moments de cinéma.



03 février 2008
par Xavier Chanoine


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