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Twisted Path of Love

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Xavier Chanoine 4 Marginaux, libertins, criminel
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Marginaux, libertins, criminel

Twisted Path of Love, c’est du Kumashiro Tatsumi 3 étoiles, peut-être plus, à inscrire dans le guide du routard du cinéma japonais, chapitre roman porno. Evocation très libre des mœurs sexuelles de l’époque, réalisation polymorphe à la fois brutale et d’une grande intelligence, on est au-delà du roman porno qui respecte son cahier des charges d’une scène de fesses toutes les dix minutes, et pour cause, cette aventure sous forme de vent de liberté évoque autant Oshima Nagisa que Wakamatsu Koji. Derrière ces quelques accords à la guitare sèche sommeille un profond malaise, une absence totale de repères.

Katsu débarque en ville pour faire le sal boulot d’un autre, dans un cinéma spécialisé dans le roman porno. Quand il ne porte pas la casquette du livreur de bobines, il récure les sièges imprégnés de sperme. Là-bas il rencontre sa supérieure d’un temps, Yuko, désolée par l’absence de son mari et du réconfort qu’il pourrait lui apporter. La figure de la femme frustrée a beau être un prétexte pour caler deux séquences humides, elle confère au personnage de Katsu une dimension de paumé supplémentaire. Ce dernier est incapable de contrôler ses pulsions, celles-là mêmes qui l’amèneront à se réfugier dans ce village de pêcheur après avoir, apprend-t-on, tué un yakuza. Celui-ci désire garder son identité secrète même si la plupart des protagonistes semblent le reconnaitre,  comme cet étrange camionneur qui « lui veut du bien » mais qui terminera rapidement au sol après un échange musclé. Visiblement, ce dernier a plus de liens avec le village qu’on ne pense.

Bien que sa narration ne s’éloigne guère d’un schéma tout à fait classique, à savoir l’arrivée d’un paumé dans une contrée propice aux nouvelles rencontres, Lovers Are Wet surprend par son incroyable étrangeté et instabilité. Il y a d’abord ces hautes-herbes à proximité de la mer, propices aux ébats sexuels d’un jeune couple libertin, ces coups de gueule sous forme de chansons aux textes sulfureux, ces plans cul arrangés qui se transforment en viols et qui ne font que refléter l’état d’esprit de Katsu. Les extérieurs sont magnifiquement photographiés par Himeda Shinsaku , collaborateur régulier de Kumashiro Tatsumi et responsable de quelques envolées virtuoses chez Imamura (Désir meurtrier, Le Pornographe…), le film alterne suffisamment les mouvements et les tonalités pour envoyer le spectateur dans une autre dimension : les plan-séquences caméra sur épaule évoquent avec justesse l’absence de prise de conscience de Katsu (le meurtre d’un yakuza ne reste jamais longtemps impuni) et sa volonté d’être libre aussi bien sur le plan sexuel que moral/social. Le cinéaste utilise aussi la distance pour placer le spectateur dans un rôle de voyeur, notamment lors d’une séquence de viol sur la plage (perforée de tous les côtés par d’innombrables marques de censure) à un tel point que l’on peut entendre les commentaires du couple libertin comme si nous étions à leurs côtés. L’effet voulu, rendu plus fort encore par les voix en postsynchronisation toujours placées au même endroit, contribue à forger le caractère très étrange du film.

Twisted Path of Love, une oeuvre politique? Kumashiro Tatsumi a su capter la liberté des jeunes individus issus d'un milieu loin d'être bourgeois (voir le cas Nishimura Shogoro et sa série des Flower and Snake pour trouver de la bourgeoise ficelée), tout comme leurs pulsions, leurs errances, en témoigne l’une des dernières séquences du film où Katsu et le couple libertin s’adonnent à une éreintante partie de saute-mouton sur la plage, qui bascule peu à peu vers le sexe. Ou l’abandon de soi pour une attitude loin des us et coutumes en société. En dressant un solide portrait de la jeunesse à la limite du nihilisme le plus total, Kumashiro Tatsumi signe l'un de ses films les plus réussis, jouissant de son anomalie à chaque scène un tant soit peu absurde, jamais trop contrarié par son format très court nécessitant de l’accélération pour aller à l’essentiel. A l’image de ce singulier anti-héro qu’est Katsu, toujours en mouvement, constamment à la recherche de sa véritable identité –sociale et sexuelle.



20 septembre 2010
par Xavier Chanoine


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