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Il est mort après la guerre

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les avis de Cinemasie

2 critiques: 3.62/5

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4 critiques: 3.94/5



Ordell Robbie 3.5 Si jeunes, si japonais...
Xavier Chanoine 3.75 Une caméra et des mots
classer par notes | date | rédacteur    longueurs: toutes longueurs moyen et long seulement long seulement


Si jeunes, si japonais...

Avis avec SPOILERS

Cinéaste polémique ayant tiré sur toutes les vaches sacrées japonaises, Oshima a pourtant fait très tot preuve d'un vrai scepticisme vis à vis de l'idée de révolution. A l'instar d'un Nuit et brouillard au Japon, Il est mort après la guerre en témoigne en prenant cette fois comme sujet le cinéma politique. Il est mort après la guerre raconte l'échec du cinéma comme bras armé de l'action politique. Vu à la lumière de sa saisissante révélation finale -cf.plus bas-, le film peut se voir comme le récit de l'incapacité de l'étudiant/héros du film Motoki à vraiment assumer cet échec. Pour les jeunes étudiants contestataires, les bobines du cameraman mort sont inutiles car elles contiennent des images d'un quotidien trivial alors qu'il était supposé filmer les manifestations. Mais paradoxalement ces étudiants cherchent à utiliser les cinéastes pour faire avancer leur cause, cherchant même à solliciter des cinéastes de la Nouvelle Vague japonaise -dont ironiquement Oshima- dans ce but. Mais tout ceci n'empêche pas Motoki de vouloir s'inscrire dans les pas du cameraman défunt, de tenter de retourner certains de ses plans. Et au fur et à mesure du film son échec comme cinéaste révolutionnaire, celui-là même qui a conduit le défunt au suicide, se révèle de plus en plus évident. Pas de rapport défaitiste au cinéma ici pourtant. Car de cet échec du film politique Oshima tire une fois de plus un témoignage de la capacité du cinéma à rendre compte avec pertinence de l'air du temps.

Lorsque Motoki court, la caméra est synchrone de son énergie mais le score de Takemitsu Toru instille à la scène une certaine mélancolie: le désir de révolte est encore là mais le désenchantement de l'après-68 commence à pointer le bout de son nez. Le grand soir a eu lieu et s'est soldé par un échec. A l'opposé de la grande lutte manifestants/police attendue, Oshima filme une manifestation comme un lieu de conflit entre diverses factions contestataires et où l'on ne sent plus l'énergie du moment 68. Par la composition des plans lors des scènes d'intérieur, Oshima souligne le paradoxe d'un mouvement anarchiste si codifié, si hiérarchisé, si japonais en somme. Mouvement où comme chez Wakamatsu le sexe peut être source de tensions internes. Et mouvement qui entretient d'ailleurs comme dit plus haut un rapport très ambigu au cinéma qu'il voudrait à sa botte. Les discussions sur le cinéma sont parfois fumeuses mais heureusement ici la théorie fait directement cinéma. Mise en scène, cadrage et montage tentent de coller au plus près du ressenti des personnages. Panoramiques et grands angles montrent quant à eux les personnages écrasés aussi bien par l'immensité urbaine que dans leurs aspirations. Fond blanc et écran de cinéma lors d'une scène de projection soulignent par leur artificialité assumée cette de la relation entre Motoki et l'étudiante. La scène où l'étudiante pose nue devant l'écran de cinéma sent quant à elle le symbolisme lourd. Tout ne convainc pas mais le film représente un aboutissement maitrisé des éxpérimentations formelles et de dispositif des Oshima de la seconde moitié des années 60.

A l'instar de ce film amateur réalisé de façon brouillonne inséré dans le film, tout ceci n'est finalement que cinéma mais dans cet artifice se niche un peu de la vérité de son temps. Et un fin paradoxale passe d'ailleurs paradoxalement du constat d'échec à un espoir possible. Motoki était le cameraman mort, le désespoir qui le conduit au suicide est le même qui habitait son "ami". Mais dans cette fin qui donne au film une structure en boucle un autre vole sa caméra de suicidé. Une certaine idée du cinéma est morte mais pas le désir de filmer.



23 juillet 2006
par Ordell Robbie




Une caméra et des mots

D'une teneur quasi autobiographique, cette excellente virée dans un Tokyo à mi-chemin entre le monde parallèle et le réel démontre qu'Oshima est un grand faiseur d'images et un créateur d'ambiances unique. N'ayant pas sa langue dans sa poche, le cinéaste exploite les ficelles du film politique et social pour n'en garder que le nectar surréaliste d'un genre fascinant et à la fois véhiculeur de messages. Oshima filme ces jeunes étudiants en cinéma comme si il parlait à la première personne, évoquant ainsi les difficultés de percer dans le métier et d'y véhiculer - à nouveau- ses penchants politiques. Par l'intermédiaire d'un scénario décousu mais pourtant riche de sens, Oshima laisse échapper ses pulsions anarchistes en totale adéquation avec l'univers présenté, bordelique et sans issues, en témoigne cette séquence où Motoki trottine en plein milieu d'un carrefour bloquant toute une file de voiture, métaphore du refus du conformisme et d'un système trop réactionnaire privant ses étudiants/passionnés/politiciens cachés de quelconque liberté. Le scénario n'est à vrai dire qu'un prétexte pour évoquer la situation de ces derniers même si il s'avère surprenant à bien des égards, notamment lors du final assez incroyable.

Contestataire et à la fois rigoureux, The man who left... est un grand film abstrait, un grand film sur l'image et son impact. Oshima est conscient que son oeuvre n'est pas comme les autres et qu'il y a une véritable recherche de l'esthétique (superbe gestion des ombres, même en plein jour), du plan qui tue. D'ailleurs, il est aussi conscient de son talent, de son géni, et n'hésite pas à en user quitte à paraître maître de l'esbroufe en travaillant ses cadres (voir la galerie de photos ci-contre). Les passages en vue subjective ne sont pas gratuits et résument finalement bien le chaos ambiant, l'anarchisme d'un système de mise en scène trop froid et calculé, presque trop poseur. Oshima n'en a que faire et utilise à bon escient son objectif en provoque ainsi de gros contrastes : les moments en vue subjective contredisent les rares moments calmes et sereins de l'oeuvre, comme ces scènes d'amour -une nouvelle fois- sublimes, sans le moindre mouvement brusque ou terrifiant que l'on peut trouver dans les rues de la capitale. A noter aussi cette séquence fabuleuse où la jeune femme se place en face du rideau de projection, fusionnant ainsi avec les images, un moment à la limite de l'organique. Appartenant à cette catégorie de films contestataires et grandes gueules, The man who left... est une oeuvre aussi fascinante que déroutante que tout amateur du cinéma particulier d'Oshima se doit de connaître.



08 avril 2007
par Xavier Chanoine


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