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Master Keaton

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1 critiques: 3.75/5

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Arno Ching-wan 3.75 Y'a Keaton qu'étonne !
classer par notes | date | rédacteur    longueurs: toutes longueurs moyen et long seulement long seulement


Y'a Keaton qu'étonne !

Bien déçu par son pathétique Billy Bat, je fus assez ravi de voir débarquer chez Kana les vieux Master Keaton du père Urasawa. Ils étaient jusque là inédits chez nous contrairement aux animes. Est-ce l'annonce d'une suite, Master Keaton Remastered, qui motiva nos loustics à s'en aller balancer trois tonnes d'encre sur du papier issu d'arbres massacrés ? Réclamons une écotaxe aux éditeurs !

D'humeur indulgente parce que l'objet date de la fin des années 80, que les auteurs étaient plus jeunes alors que maintenant et que moi suis désormais plus vieux – fichtre ! -, j'ouvre ma bédé et...

En 1989, bien qu'Akira akirait encore, la mode n'était pas systématiquement dédiée aux séries construites autour d'un fil rouge feuilletonesque. On regardait des séries TV américaines dans lesquelles un épisode racontait une histoire et ça suffisait. De découvrir ce format sur un manga d'Urasawa étonne tout de même l'habitué de ses longs feuilletons qui suivirent. Au début, le background de Keaton semble un peu trop chargé pour son âge en plus d'être largement sous influence. Né d'une mère anglaise et d'un père japonais, notre héros est à la fois un ancien agent super balèze du SAS (issu du personnage Jed du manga Pineapple Army aux dessins du même Urasawa, et j'en profite : RIP Gérard De Villiers s'il le mérite), un archéologue renommé doublé d'un prof à l'université à la Indiana Jones, triplé d'un enquêteur pour le compte d'une compagnie d'assurance histoire de mettre un peu de beurre dans les épinards et d'entretenir un petit côté nonchalant à la Columbo. Quant à ses capacités à bricoler des lance-pierres avec des rouleaux de PQ, elles le rapprochent clairement de McGyver, série phare de l'époque. De mal taillé, bancal et fourre-tout, le gars va pourtant réussir à devenir crédible grâce à Urasawa et ses comparses scénaristes, à force d'histoires sacrément bien écrites et de détails bien vus sur sa vie privée, son caractère. Il est divorcé, père d'une fille dont il ne s'occupe quasiment jamais et s'il apparaît comme posé et calme il reste toujours instable, ce qui lui permet de sillonner le monde sans cesse et de connaître un paquet de gens. Artiste complet, comme Buster Keaton, nul doute que s'il avait été médecin il aurait pu remplacer le Docteur Tenma dans la foulée sur Monster. Car Tenma est une conséquence de Keaton, un prolongement. Son passé blindé et ses activités composent un personnage « couteau-suisse » auquel nos lascars greffent tout un tas de scénarios, les meilleurs le faisant intervenir dans l'histoire seulement une fois le premier quart passé. La capacité d'Urasawa à tailler des personnages annexes fascinants en à peine une planche épate déjà.

L'envie d'en parler m'est venue avec le troisième tome. Les précédents sont d'aimables sucreries à la qualité grandissante au fur et à mesure que l'on s'attache aux personnages. Les plus récurrents, en plus de Keaton, sont son père, sa fille et un chien aussi poilu qu'il est poilant. Tour à tour on s'amuse, on s'émeut, on vibre. Une belle et tendre histoire d'amour ? « Le héros volant », dans le tome 3. Une superbe chasse à l'homme ? « La forêt noire », tome 2. Si vous voulez voir Urasawa dessiner Jean Reno, lisez l'épisode « Charlie », dans le tome 3, en partie inspiré du Grand bleu de Luc Besson (1988). Un polar de haute volée ? « Une longue et chaude journée », tome 3, avec un mystérieux tueur bien flippant. Dernièrement sorti, le 4ième tome monte la barre encore d'un cran. En traitant des tziganes et de leur sort pendant la seconde guerre mondiale à travers une chouette théorie du complot étalée sur trois chapitres, Urasawa annonce avec ce même intérêt pour l'Allemagne son monstrueux Monster et ce qui le caractérise beaucoup, justement : la paranoïa, le complot, cette perpétuelle « invasion des profanateurs ». Toujours sur le tome 4 s'enchaînent de superbes one-shot, comme« L'oiseau bleu a disparu » et son twist qui préfigure un paquet de personnages à la psychologie barrée à venir. Un beau diptyque sur l'IRA débarque et de belles histoires plus intimistes font mouche, comme « Safehouse » ou « La pension aux chats métamorphosés et ses habitants ». A une enquête bien tordue de finir en beauté : « Le blason au chardon ». Si j'attends toujours qu'un hypothétique fil rouge suive plus sérieusement le cours du Danube, pour l'instant Keaton recèle suffisamment de richesses pour compter parmi les grandes réussites de Naoki Urasawa.   

Octobre 2015 : voilà le tome 12 terminé !

C'aura été de la bonne tout du long, avec comme feu d'artifice final une bonne vieille théorie du complot étirée en Roumanie et une chute émouvantes quant aux lubies de Keaton. On perçoit tout de même que l'envie n'est plus tout à fait là, que les auteurs ont fait le tour du personnage et qu'ils ont des envies d'ailleurs. C'est par endroits un peu trop vite expédié. Belles histoires, bon esprit, bons personnages et un bien bel au-revoir, tout de même.



02 novembre 2013
par Arno Ching-wan


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