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M/Other

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Ghost Dog 2.25 Une histoire simple, des plans à rallonge, M/Other est une expérience intéressa...
Ordell Robbie 4.25 un beau film sur le couple en crise et la famille recomposée
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Une histoire simple, des plans à rallonge, M/Other est une expérience intéressante mais assez pénible.

Le cinéma emphatise généralement les situations de la vie courante, les condense, les compresse et les met en forme afin de les transformer en un spectacle joué par des comédiens pour des spectateurs. Ici, c'est tout le contraire. On se croirait dans l'émission Striptease sur France 3, où une équipe de télévision suit 24H/24 les péripéties de gens ordinaires pour arriver, à force d'être habitué à la caméra, à les faire régir comme dans leur vie, en oubliant qu'ils sont filmés. Dans M/Other, les plans durent une éternité et laissent libre court au jeu des acteurs, alors en semi-improvisation, et qui vont forcément puiser dans leur propre passé, leurs propres réactions dans une même situation réelle pour donner à ces scènes une intensité dramatique, une crédibilité, une justesse rarement vu ailleurs. De ce point de vue, M/Other est une splendide réussite grâce à ses 3 acteurs principaux, vraiment formidables.

L'histoire de M/Other est très simple : une famille recomposée, Tetsuro et Aki, qui n'ont pas eu d'enfants ensemble, sont contraints d'héberger le fils de Tetsuro né d'un premier mariage le temps que sa mère se remette d'un accident de voiture. Le jeu de mot inclus dans le titre résume bien la situation qui va se dérouler devant nos yeux : même si on peut le comprendre de plusieurs manières, je préfère me dire que Aki devient pour quelques temps une mère (mother), mais la mère d'un enfant qui n'est pas le sien, la mère d'un autre (other), d'où la barre entre le M et le O. Car en effet, Aki va difficilement accepter de s'occuper de Shun comme s'il s'agissait de son fils. Elle va progressivement accumuler de la rancœur envers Tetsuro, péter les plombs et songer à partir…

Présenté à Cannes en 1999, ce film intéressant n'est cependant pas exempt de tout reproche. Il est à mon avis trop long d'une demi-heure, le manque de rythme rendant encore plus pénible la vision de ce film, et Nobuhiro Suwa se permet des petites audaces formelles peu convaincantes (les accords insupportables à l'oreille au début de quelques plans, la caméra à l'épaule dans des scènes où elle n'est pas nécessaire), ce qui fait que M/Other a une allure de film expérimental et reste une expérience de cinéma qui n'est pas accessible à tout le monde.



24 janvier 2001
par Ghost Dog




un beau film sur le couple en crise et la famille recomposée

Là où la Milkyway réinventait le terme de série B un demi-siècle après les Tourneur, Egard G Ulmer et Joseph H Lewis, Nobuhiro Suwa semble vouloir redonner un sens au cinéma-vérité de ses aînés de la nouvelle vague. Les méthodes de tournage de Suwa sont d'ailleurs très proches des classiques de cette époque: elles laissent une très grande place à l'improvisation des acteurs sur une trame narrative donnée afin de recréer la tension diffuse de la vie quotidienne. Ce type de directions d'acteurs a déjà donné des prestations extraordinaires d'acteurs dans l'histoire du cinéma (chez Cassavettes, Ferrara ou Hou Hsiao Hsien) et c'est aussi le cas ici. Chaque acteur exprime avec talent toute la palette des sentiments humains: bonheur familial simple, colère, lassitude. L'improvisation des dialogues crée une spontanéité qui nous donne l'impression d'être vraiment dans l'intimité du couple (impression renforcée par la structure quasi-documentaire du récit). Le sujet du film est contenu dans son titre M/other. A l'instar d'Ayoama Shinji, Suwa traite de la famille recomposée. Il le fait au travers d'une héroïne qui n'arrivera pas à se substituer à la mère naturelle du fils de son concubin (d'où le / du titre). Au passage, au travers de ce couple très pris par ses responsabilités (il est directeur d'une chaine de restaurants, elle est informaticienne), le film souligne la difficulté de concilier vie privée et vie familiale rendue encore plus ardue par les rythmes de travail au Japon.

Comme pour contrebalancer l'extrême réalisme des situations, Suwa semble vouloir nous mettre à distance. Il utilise pour cela de longs plans-séquences hypnotiques qui rappellent beaucoup un autre grand cinéaste de la distance au réel, Hou Hsiao Hsien. Les écrans noir sont là pour nous rappeler que, malgré les apparences, M/other n'est qu'un film de cinéma. Les violons grinçants ajoutent à la distance. Les plans sur les vitres, qui permettent de faire exister deux personnages dans le même plan sans qu'ils aient de contact, la soulignent magnifiquement. Cette insistance sur le côté factice souligne aussi que, malgré les apparences, cette famille recomposée ne ressemblera jamais à une famille réelle. Mais quand le couple se met à douter (l'annonce de l'arrivée de l'enfant, la crise finale qui rend bien compte de la perte de repères que crée l'envie de rompre chez les deux personnages), Suwa a recours à la caméra portée mais sans excès de stylisation à la Dogma. Une autre belle idée de mise en scène est l'utilisation des cadrages rapprochés: M/other semble être filmé à hauteur d'enfant. En effet, si l'enfant n'est pas actif, il est malgré tout le problème central du film et il est donc légitime que les plans se construisent autour de lui.

M/Other révélait un cinéaste de talent. Mais pas non plus exempt de pose : pour pensé qu'il soient, la manière dont écrans noirs et violons étaient utilisés sentaient le (mauvais) réchauffé de modernité cinématographique années 60. La pose l'emportera d'ailleurs ensuite progressivement: H Story oscillera entre moments de grâce et mauvais Claire DENIS tandis qu'Un Couple Parfait touchera le fond de la Seine.



26 février 2002
par Ordell Robbie


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