On agrandi encore la liste des reprises du Canon de Pachelbel
My Sassy Girl est pour beaucoup de monde un film culte. Je parle du film coréen évidemment. La reprise américaine en est une assez mauvaise copie, mais tout n'est cependant pas à jeter. Si ce film n'avait pas été un remake, j'avoue honnêtement qu'il aurait mérité ses 3 étoiles, rien que pour un certain sens esthétique qui n'est pas dégueu. Mais évidemment, voulant trop coller au scénario original, il perd en saveur et n'apparaît au final qu'une pâle copie d'un très bon film, avec des hauts et des bas. Pour les bas, il faut accuser le montage. Le film de Kwak Jae-Yong faisait 2h10 ; Yann Samuell s'acharne à faire tenir tout ça sur 1h30. Résultat : des coupes monstrueuses, le monologue de Jesse Bradford tronqué dans tous les sens et des événements qui se succèdent à une telle vitesse qu'il est presque impossible de suivre les sentiments. Voir pour cela la scène où Jordan se tient à un bout d'une allée et crie en pleurant ses excuses à Charlie qui n'entend pas : on n'est pas pris dans sa tirade, on ne comprend pas vraiment les larmes, et surtout on ne comprend pas ce qu'elle raconte. Le film original était plus en substance : les longueurs amenaient parfaitement ce genre de scène et le coté mélo qui intervenait dans la deuxième partie était très bien servi, sans que l'on se demande d'où ça sort. Également, tous ces sentiments dans le film de 2001 étaient souvent introduits en non-dis, alors que Yann Samuell cherche à tout raconter. On a l'impression d'être un peu pris pour des imbéciles : il introduit le personnage du colocataire, qui finalement ne fait que raconter à Charlie ce qu'il doit être en train de penser, et cela fait malheureusement un peu doublon avec la voix off qui intervient de temps en temps ; de même, le vieil homme qui dessine sous l'arbre à la fin a beaucoup perdu en subtilité, il est même plutôt lourd.
Sinon, comme je disais, certains points sont plutôt bien. La mise en scène est plutôt efficace ; les différents effets sont en général bien insipirés, certaines références cinématographique sont assez amusantes et surtout, Elisha Cuthbert - et vous ne me le ferez pas répéter - joue très bien. Si si ! On sent qu'elle s'éclate bien sur la première partie, et a droit à la fin à un magnifique monologue où elle y met du ton et du coeur, au point que c'est très certainement l'une des tirades les plus émouvantes du cinéma américains récents ; en tout cas, elle n'a rien à envier aux jeunes actrices coréennes insipides actuelles sur ce point. D'ailleurs, un point intéressant est qu'elle ne fait pas du Jeon Ji-Hyun, et qu'elle joue un personnage quand même bien différent dans l'attitude, même si dans le fond, elle est censée subir la même chose.
Dans le genre détail, on notera les trois nouvelles versions du Canon de Pachelbel, toutes bien différentes de l'originale et de celles montrées dans le film de Kwak Jae-Yong (même la version au piano est nettement différente). On notera d'ailleurs l'une d'elle interprétée par un orchestre de cithares coréennes mixée avec une beatbox humaine dont vous pouvez voir un clip
là.
Au final, My Sassy Girl n'est évidemment pas un grand film. Il n'y a pas d'idée scénaristique intelligente pour mettre vraiment une patte personnelle de ce coté là mais Yann Samuell s'en sort un peu mieux sur sa mise en scène, malheureusement gâchée par un montage ultra-speed. La vraie surprise reste toutefois le jeu d'Elisha Cuthbert qui en impose certainement plus que dans 24H.