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La Rage du Tigre

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les avis de Cinemasie

10 critiques: 3.8/5

vos avis

56 critiques: 4.19/5



Alain 2.25
Anel 3.5
drélium 4.5 Un grand wu xia pian baroque et violent de Chang Cheh
François 4.25 Un Chang Cheh typique de sa plus grande époque
Ghost Dog 3.5 200 bras contre un seul
jeffy 4.25 Le sabre sauvage
Marc G. 4.5 Légendaire
MLF 3.25
Ordell Robbie 4 un grand Chang Cheh
Xavier Chanoine 4 Un classique de Chang Cheh
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Un grand wu xia pian baroque et violent de Chang Cheh

Que tous les amateurs se lèvent en l'honneur du maître du bain de peinture rouge. Chang Cheh marque définitivement son époque dans le monde entier et particulièrement les français, chanceux d'avoir enfin découverts en son temps un wu xia si fantastique et violent qu'il est devenu instantanément légendaire. A l'apogée de son style, l'héroïsme sanglant et enragé, Chang Cheh termine la saga du sabreur manchot par un épisode outrancier, tant du côté du drame héroïque dans toute son essence, de la grande kitscherie désinvolte et naïve dispensée, que par son record absolu de mâles râlants se précipitant irrémédiablement vers leur mort avec ce courage qui tient de la pure folie suicidaire.

La rage du tigre est simplement le plus culte des wu xia de Chang Cheh. Il se place largement au delà de Have sword, will travel et Blood brothers car il aborde le héros de façon mystique, être seul sans attache qui porte le sabre et donc affronte le danger. Les bons sentiments classiques et romantiques sont toujours là mais ne surchargent jamais la rage et l’énergie primordiales à ce genre de film, typique de l'ogre de la Shaw. La ligne directrice vengeresse et la violence y sont plus directes et plus tranchées, tout comme dans la perle ultime de Cheh : Vengeance.

Les thèmes développés sont les mêmes que dans les autres wu xia de Chang Cheh mais sont ici bien plus exacerbés encore. L’amitié virile à tendance homosexuelle (va savoir) entre David Chiang et Ti Lung n’a jamais été aussi directe et presque explicite. Les massacres mettent en jeu un nombre inégalé d’adversaires mis à terre ou découpés en charpie. Le thème du bras coupé par pur honneur de combattant est à lui seul une image radicale qui marque profondément le film de son empreinte, bien plus encore que dans les multiples précédents films traitant la chose. L’adresse de David Chiang à utiliser son unique bras est un délice de chaque instant. Superbement sûr de lui avant de se trancher son bras, son handicap, cette fatalité qui le rend enfin vulnérable se transforme peu à peu en super héroïsme. Seul Chang Cheh pouvait extraire si brutalement la puissance décuplée d'un homme avant tout rabaissé dans son orgueil. La souffrance qui suit le drame n'est là que pour gonfler la légende où seul compte le héros et sa place dans le monde impitoyable des arts martiaux.

Ti Lung et David Chiang sont deux personnages presque jumeaux, présentés de la même manière, intervenant pour les mêmes raisons. Chacun est la définition même du héros solitaire, être à part dans la société qui va seul et ne peut s'attacher à personne, en particulier une femme. En reprenant l'épée, David Chiang assume à nouveau son statut, quitte la normalité pour revenir à sa vraie identité. Ti Lung et David se respectent infiniment. Leur différence vient du fait que le premier admire outre mesure le second d’avoir eu le courage de trancher son bras. Il avoue même que son propre courage ne le pousserait pas à cet acte à situation identique. Alors que Ti Lung appartient à la race des héros, Lei Li (David) de par son handicap franchit un pas supplémentaire et devient un super héros. Les humiliations subies par son handicap accroissent sa valeur et forgent sa rage et celle du spectateur afin d'amplifier ce sentiment baroque et cathartique qui explose totalement pendant le final.

La déception, si il y a, viendra avant tout des combats qui sont ultra sanglants mais ont tout de même énormément vieilli, et de cette ambiance rêveuse, enfantine, naïve, kitsch et finalement assez datée propre au cinéma de la Shaw. David Chiang est à nouveau loin d’un grand athlète tout comme Ti Lung est encore loin de son meilleur niveau. Mais cela n'a finalement que peu d'importance. "La Rage du tigre" se place en parfait compromis entre le drame sanglant approfondi à la "Have sword, will travel" et la violence baroque de "Vengeance". Et ça, c'est l'important.

"La rage du tigre" est une perle d’anthologie où le talent dramatique, l'intensité à dépeindre de grands héros tourmentés, l'imagination et l'accuité visuelles de Chang Cheh font encore des miracles. Il parvient même à rendre dramatique une touffe d'herbe plantée au milieu d'un studio.

02 mars 2004
par drélium




Un Chang Cheh typique de sa plus grande époque

Si Chang Cheh n'a pas toujours été un bon réalisateur (surtout lorsqu'il a commencé à tourner en rafale), si les Shaw Brothers peuvent aujourd'hui paraître démodés à bien des égards (surtout au niveau combat), il est difficile de ne pas reconnaître un certain style aux films de "boucher" réalisés entre 67 et 73. Six années ponctuées de plusieurs chefs d'oeuvre, des films qui inspireront de nombreux cinéastes, jusqu'à un certain John Woo qui réutilisera avec bonheur ce mélange assez improbable entre violence et romantisme vingt ans plus tard. The New One-armed Swordsman fait parti de ces grands classiques, de ces titres de légende qui font la renommée de Chang Cheh, David Chiang et Ti Lung. Des titres qui en décoivent certains, car évidemment le style Chang Cheh divise.

Il y a en effet de quoi rire et pleurer dans La Rage du Tigre (titre français de l'opus en question). Rire de tant de naïveté, d'un bras perché dans un arbre sans trace de coupe, d'un générique clairement mythique. Mais aussi rire de l'humour présent dans le film plus volontairement, avec un David Chiang capable de tout avec un seul bras. Irréaliste? Oui, complètement! Mais assumé de bout en bout. Pleurer également, pour ceux qui chercheraient des combats réalistes et bien faits. Jamais les films de cette époque ne viendront rivaliser avec des Wu Xia Pian modernes, c'est une évidence. Les combats sont souvent maladroits, peu réalistes, exagérés. Mais l'important n'est justement pas la qualité martiale des combats, mais plutôt la violence et la signification dramatique qu'ils dégagent. Car là aussi on peut pleurer, comme dans tous les grands Chang Cheh, devant tant de dramatisation outrancière, de destins brisés et cruels, de combats à un contre dix, vingt, cinquante, cent.

Même si je préfère un Golden Swallow à la réalisation plus réussie, La Rage est un des films les plus marquants du maître. Les thèmes abordés sont une nouvelle fois forts, avec le petit plus des grands films d'arts martiaux, la montée en puissance, le refus de se battre jusqu'à un final où la rage finit par prendre le dessus. David Chiang est parfait pour ce genre de rôle, Ti Lung joue le bellâtre de service avec talent, et Ku Feng est épatant en vieux maître calculateur. Faire un film d'arts martiaux n'a rien de très difficile, mais en faire un réussi est vraiment une autre paire de manches (ou une manche tout simple ici, attention la vanne à 1 euro...). Chang Cheh joue à fond la carte du cinéma théâtrale ici, avec son sang rouge vif, ses décors de studio, son irréalisme qui en rebutera plus d'un. Mais c'est également un style à part entière, et qui compte de nombreux fans. Ami du cinéma réalistico-documentaire, passe ton chemin. Ami des grands délires dramatiques, bienvenu dans le monde merveilleux du "boucher de Hong Kong".



19 août 2004
par François




200 bras contre un seul

La Rage du Tigre, c’est un peu la Horde Sauvage sauce hong-kongaise, tant les duels, règlements de comptes et les thèmes approfondis ici (honneur, amitié, vengeance) se rapprochent du western. Même si certains effets et certaines scènes paraissent démodés aujourd’hui, comme le camouflage grossier du bras manquant du manchot ou des passages de combats qui voient un léger coup de sabre tuer 5 adversaires, Chang Cheh réalise un film de kung-fu bien différent du reste de la production de l’époque. Ralentis surpuissants sur fond de guitares électriques, scènes mythiques d’affrontements sur le pont-levis d’un château à 200 contre 1, et même découpage en deux d’un des 2 héros avec une sauvagerie digne du Jour des Morts-Vivants, La Rage du Tigre possède de sacrés qualités qui relayent ses défauts à un rang bien moins crucial. David Chiang et Ti Lung sont très bons dans les 2 rôles phares, et leur charisme rajoutent une dimension supplémentaire à cet incontournable des seventies.



06 mars 2004
par Ghost Dog




Le sabre sauvage

Après avoir vu le film, on comprend qu'il y ait eu un avant et un après "New One-Armed Swordsman". Iron a raison de comparer Chang Cheh à Peckinpah, avec ce film il a cré une rupture dans l'histoire du cinéma. D'ailleurs, ce film pourrait être considéré comme le western de Chang Cheh tellement les références de sa part son nombreuses jusqu'au reflet du soleil sur la lame du sabre. Un conseil donc pour ceux qui commence à regarder des WuXiaPian: ne regardez pas ce film de suite sinon les autres Shaw Brothers "historiques" risquent de vous paraître bien fade.

11 décembre 2004
par jeffy




un grand Chang Cheh

Critique avec SPOILERS

"Ce que m'a révélé le cinéma de Chang Cheh, c'est un esprit : celui des vrais hommes chinois, portés par un idéal chevaleresque. Un esprit que j'ai toujours voulu recréer au travers des personnages joués par Chow Yun Fat dans le Syndicat du Crime ou The Killer." John Woo

Comme pour toutes les grandes œuvres, on ne sait pas par quoi commencer pour parler de l’émerveillement suscité par la Rage du Tigre. Parce que de toute façon au bout de dix minutes le film a déjà pris sa place dans le Panthéon du cinéma. Son ouverture contient déjà une énorme quantité de plans qui restent imprimés dans la rétine : le chevalier sur sa monture cavalant à une folle allure de western armé d’un sabre dans chaque main, ses assassinats en série d’une dizaine de personnages d’un seul coup de sabre, la chute en vol plané des tués scandée par des arrêts sur image. Et comme si cela ne suffisait pas, Chang Cheh nous montre Lei Li (David Chiang) dépecer toute une armée qui lui a tendu une embuscade, se battre avec un souverain, se trancher le bras après sa défaite. Suivent des plans sur une rangée de cadavres, sur le bras coupé de Lei Li cloué au pont par un sabre et devenant squelettique au fil des saisons. Que reste-t-il à filmer quand on a ouvert le bal par une suite ininterrompue de climax ? C’est tout le défi que va relever Chang Cheh avec brio durant tout le reste du film.

« Pour renoncer à la gloire il faut avoir été un héros. » : ce sera une des paroles qui scellera l’amitié Lei Li/Feng (Ti Lung). Et c’est ce que raconte toute la suite du film. Car en s’amputant Chiang va contribuer à se créer une seconde virtuosité manuelle : il va se révéler aussi doué pour jongler avec les aliments qu’il prépare et les gobelets qu’il sert dans un restaurant qu’il l’était pour le maniement du sabre, ce qui va donner toute une série de scènes à la beauté hypnotique où les objets défient les lois de la gravité. Malgré cela, il va subir les pires commentaires et les pires humiliations de la part des autres clients. Mais il accepte toutes ces humiliations avec la plus grande impassibilité comme si pour lui il valait mieux être à terre en étant pas déchu de son statut d’homme d’honneur (ce qu’expriment les humiliations qu’il subit en essayant de protéger la fille du forgeron). Et en lui offrant de force un sabre qu’il refuse d’abord avec indifférence, la fille du forgeron qui s’est prise d’affection pour lui veut le rappeler à son statut d’homme d’honneur et essayer de combler la sorte de castration volontaire qu'un Lei Li indifférent à son charme s’est imposé. Si cette femme n’est pas le détonateur de sa résurrection (ce que sera Feng), elle aura contribué à sa mise en place : contrairement à Jenny dans the Killer, elle n’aide pas son chevalier par aveuglement amoureux mais par respect pour sa combattivité au fond du trou.

Mais c’est en rencontrant Feng que Lei Li va trouver un homme qui est son égal, un autre solitaire, un homme soucieux d’honneur dans un monde qui en a perdu tout sens. Et c’est en lui rappelant son glorieux passé que Feng va récréer chez Lei Li le héros qu’il était. Car entre les deux hommes passe un immense respect l’un pour l’autre, un désir de s’élever au-dessus des autres par l’action qui les rapproche (ainsi qu'une attirance réciproque refoulée). Et dans le combat final de Lei Li qui a renoncé à sa promesse de ne plus user des armes, il s’agira avant tout de venger la mort de la chose la plus précieuse au monde : un ami. D’ailleurs même le souverain s’en voudra de la mort de Feng qu’il a laissée arriver en laissant à ses subalternes le soin de s’occuper de lui.

Pour ce qui est du jeu des acteurs, il est formidable de retenue vu le fort potentiel mélodramatique des situations. Surtout, Chiang semble porter pour l’éternité sur son regard une haine retenue, une mélancolie qui ne se reconvertira en rage que dans le final splendide. Les regards reflètent le respect que tous les adversaires ont les uns pour les autres. La réalisation par contre réussit tout ce qu’elle entreprend en assumant avec succès les choix les plus casse-gueule : travellings ultra amples soulignant la désolation du champ de bataille et le nombre presque invraisemblable d’hommes tués par un seul, les mouvements brusques de focale pour faire d’un personnage puis d’un autre le centre du plan, , les zooms rapides mais pas brouillons qui ont un certain charme d'époque, la photographie claire-obscure des scènes de nuit qui semble préparer le surgissement de l’ombre de tout ce que les personnages ont refoulé, l’utilisation de filtres monochromatiques lors des souvenirs de Lei Li qui exprime parfaitement la confusion dans sa tête au moment de se venger, les multiples plans au travers de barreaux de fenêtre qui nous font assister aux scènes en spectateur regardant tout ce qui se passe tout en étant protégé et caché, la combinaison de rapides travellings et de zooms qui créent le rythme du film. On pourrait aussi rajouter la rigueur des cadrages, la violence outrancière et très graphique (sang coulant à flots, effets gore avant l’heure) héritée du meilleur cinéma de sabre japonais des années 60. Et surtout comment ne pas parler de l’utilisation du ralenti lors des chutes des personnages pour exprimer leur ressenti de la chute qui prouve, outre le maniement des deux sabres et le défi permanent des chevaliers et des objets à la gravité que Woo n’a pas été pour rien à l’école Chang Cheh… Bien sur, certains préfèreront le style plus classique, plus rigoureux, moins délirant d'un Golden Swallow mais ce dernier film n'a pas la puissance viscérale de la Rage du Tigre.

Une des particularités du film dans l’œuvre de Chang Cheh est son happy end. Mais c’est évidemment une fin en trompe l’œil (d’ailleurs filmée à distance): si la vengeance est exécutée, elle ne peut effacer la perte d’un ami et si Lei Li signe son retour dans la légende sa mélancolie sera éternelle. Eternelle au point de contaminer le cinéma du fils prodige Woo.



19 août 2004
par Ordell Robbie




Un classique de Chang Cheh

Dernier volet de la trilogie du Sabreur manchot. Pas de surprise, on a affaire a du sérieux. Combats sublimes et rigolos, interprétation théatrale de la part de nos protagonistes, situations improbables en tout genre.

Exemple : Lei Li avec un seul bras, arrive à jeter en l'air des assiètes, caraffes et couvert posés sur une table, nettoie rapidement la table pendant que les objets sont en l'air, puis tous les objets sus-lancés retombent sur la table sans bouger d'un millimètre. Enorme, non? Comme d'habitude avec Chang Cheh, le gore est bien présent (corps déchiquetés en deux, bras arrachés), chaque coup de sabre envoie valser 3-4 vilains brigands dans les orties, bref une véritable folie. La morale est juste, le scénario n'est pas qu'un prétexte à une sucession de mises à mort barbare, non, La rage du tigre est un film qui fait réflechir. Combattre la violence par la violence? C'est à voir.

Un dernier opus extrêmement agréable, sans concession et doté d'une véritable personnalité. Quelques plans relèvent du géni, notamment cette sidérante séquence de fin dans un décor de rêve. Chang Cheh avait ce don de proposer un climax surnaturel et épique, contrastant royalement avec la violence brute de ses métrages. On croit avoir affaire à un Wu xia classique jusqu'à ce qu'une idée ou un coup de géni parviennent à le hisser au rang de classique inévitable.



13 février 2006
par Xavier Chanoine


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