Du charme, mais rien de bien nouveau à l'horizon
Nagasawa Masahiko n'est pas le réalisateur le plus prolifique du japon, en dehors de ses quelques collaborations (producteur de
Love Letter d'Iwai, scénariste de
First Love avec Tanaka Rena) et ses incursions dans pas mal de domaines entre le pur film de romance et l'actionner bourrin. Plutôt centré sur l'univers du film dramatique, le cinéaste poursuit son étude des moeurs adolescentes avec ce
Night Time Picnic au titre particulièrement trompeur. Il est plus question d'une mode, d'un festival japonais impliquant un millier d'élèves dans un grand marathon s'étalant sur 80 kilomètres dans le but de créer des affinités ou tout simplement de les recréer puisque la légende dit que l'on vide plus facilement son sac en chemin plutôt que dans une salle de cours. Adaptation du best-seller de l'écrivaine Onda Riku (récompensé du prix "Bookstore Grand Prix") transposé ici pour le cinéma, ce marathon est un évènement traditionnel dans tous les collèges. Parmis les participants on trouve Takako (Tabe Mikako), une jeune fille très mystérieuse et Toru un garçon qui l'est tout autant, tous deux semblent s'ignorer volontairement. C'est bien sûre sans compter sur leurs amis respectifs qui tentent de les rapprocher le plus possible, en vain. Pour ne pas laisser son spectateur dans les vapes, Nagasawa use de la technique classique du flash-back pour dynamiser et varier son récit jusque là très classique. A mi-chemin entre le road movie sentimental et le drama série TV de base,
Night Time Picnic est avant tout une ballade d'adolescents pour les adolescents puisqu'il use de poncifs du genre sur toute la longueur malgré l'apport amusant de séquences animées mettant en scène un lutin capable de deviner les secrets dans une paire de chaussure, ou ce plan furtif rappelant une séquence de
Kagemusha.
Et même si l'histoire n'est pas des plus passionnantes, le cinéaste parvient à se renouveler à la fois dans l'humour (le jeune fan de rock qui attend désespérément le bus de secours, le professeur de sport secouru par deux cosplayeurs de KISS...) et dans ses situations qu'un bon shoujo n'aurait pas reniées. Tabe Mikako est une fois de plus parfaite dans le rôle de Takako grâce à son charisme naturel et ses yeux qui en disent long sur son caractère mystérieux. Si le cast ne puise pas dans ce qui se fait de mieux en matière de drama (et pour une fois, Oguri Shun n'est pas de la partie), certains seconds couteaux valent la peine comme Kanjiya Shihori plutôt à l'aise, tandis que d'autres semblent manquer réellement d'ampleur (assez naze prestation du petit frère d'Anna). C'est cette irrégularité qui pose problème au contenu même du film de Nagasawa, reposant uniquement sur l'interprétation -censée être- naturelle des adolescents. Si tout n'est pas parfait, le film possède néanmoins de jolis moments comme cette discussion de nuit dans un gymnase entre Takako et son amie (avec une réplique/un plan), le premier "joyeux anniversaire" de Takako envers Toru riche en tension mélodramatique, et ses quelques flash-back censés évoquer le passé de Takako qui dans l'ensemble sont réussis. Notons aussi des clins d'oeil à la propre culture nippone (entre les idoles Rocks et les références au shoujo Glass no Kamen) tournés en semi dérision. Au final, si il ne rate pas ce qu'il entreprend, on peut attendre bien mieux de la part de Nagasawa Masahiko. Et si Tabe Mikako reste égale à elle-même, on espère la voir un jour dans un rôle bien plus profond comme l'avait fait auparavant la belle Miyazaki Aoi.
