Bob Tai kicks your ass again and again !
Tourné en partie en Corée et réalisé par l'indépendant
William Cheung Kei, bon artisan à mettre au même niveau qu'un
Lee Tso Nam, et surtout un peu plus rigoureux dans sa mise en scène que Mr n'importnawak
Robert Tai, une sympathique balade est ici proposée, semée d’embûches et qui se terminera au pied de la grande muraille pour un combat final mijoté aux petits oignons. Une excursion en pleine nature qui n’est pas sans rappeler le périple de
7 grand masters. Tout comme dans ce très bon kung fu indépendant, le groupe soudé parcourt les grands espaces, va de rencontres en rencontres et prend sous son aile un personnage sans expérience du combat, ici la jeune cousine dont la famille vient à peine d’être réduite à un seul membre, le cousin en l’occurrence.
Quelques longueurs de dialogues et comédie bien lourde ralentissent inopinément la première moitié, s’attardant sur des relations de fraternité dont le spectateur affamé de fights goutus se balance royalement, notamment avec ce 4ème frère, cousin de la cousine donc, bien trop cabotin qui mériterait plutôt de disparaître au plus vite au lieu de coller un peut trop fort aux basques avec ses pauvres blagues et autres grimaces périmées.
Oui mais voilà, Robert Tai coréalise la chose discrètement, point de souci à se faire, le crescendo est inévitable. Tel un animal sauvage caché qui montre les dents avant d'exploser sa cage, Robert affiche progressivement son style, utilise une nouvelle fois sa fameuse fighteuse nue avant de prendre bientôt toute la place (qu’il mérite) pour les 50 dernières minutes qui sont un festival "Taien" à ne surtout pas manquer. Le nombre de combats passe soudainement du régulier au non stop furieux et l’amateur de cingleries peut sans crainte rester coller à son fauteuil. Pas moins de 5 combats conséquents vont alors s'enchaîner sans aucun temps mort ni le moindre herzats de scènario dans le pur style Robert Tai. Seul point à dénoter, l'"undercranking" est parfois présent, ç'est à dire l'accélération des combats, alors que des gars comme Alexander Lou et Eagle Han Yin sont bien assez costaud martialement pour ne pas avoir besoin de cela. Personnellement, cela ne m'a pas du tout gêné tant les accélérations font partie du trip et ne s'invitent pas vraiment lors des gros combats.
Avec la présence de ses deux poulains préférés, Alexander Lou et l’inénarrable nain teigneux Alan Lee, une tonne de combats débarquent donc en force, ultra techniques, hyper violents et sanglants comme son maître Chang Cheh lui a appris à le faire, méta boostés à la nitro et bien entendu, ce qui fait toute la différence, flanqués d’idées complètement frappées, de trips câblés super cheap en forme de sous Ching Siu Tung indépendant old school, avec Alan Lee encore une fois énorme en trappeur champion du monde de luge qui tire à l’arc en suspension comme personne, un cimetière avec des fantômes gentiment endormis dans leur cercueil qui attaquent à grands coups d'envolées câblées, des moines masqués qui barrent le chemin tel un Baby Cart, des ninjas noirs et leur chef ninja blanc qui enflamment la forêt, un caméo de Bob Tai déguisé en bonhomme de neige (!), le tout au coeur de chorégraphies old school qui n'ont clairement pas à rougir des qualités des plus grands.
Bref ce Guards of Shaolin se pose directement dans le trio de tête des films où sévit Bob (ici co réalisateur, chorégraphe et caméiste) avec Final Duel et Dolemite. Je le conseille d’ailleurs même en priorité pour découvrir Robert, Alexander et même un petit trip ninja, car il est mieux réalisé que les deux "fousmoiça" suscités et donc plus à même de satisfaire le spectateur peu au fait de la folie de la bête.
*Au passage, pour les puristes qui veulent voir Eagle Han Ying en pleine démo old school façon "je suis un dieu martial", ils ont le premier et le dernier combat à bien déguster. Pour le reste Alex Lou et Alan Lee sont moins connus mais tout aussi performants à mes yeux. Et les folies de Robert qui rebutent généralement le dit puriste (souvent anglo saxon d'ailleurs ;)) sont pour ma pomme une énorme bouffée d'air frais dans le paysage bien cadrillé du old school traditionnel. Ce film regroupe à merveille le pur old school et les idées folles comme sait si bien le faire Robert Tai quand il s'y met. Autant prévenir, à mon sens, le spectacle est total.