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One Million Yen and the Nigamushi Woman

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les avis de Cinemasie

1 critiques: 3.75/5

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5 critiques: 3.6/5



Xavier Chanoine 3.75 Une étincelante Aoi Yu pour un road-movie de qualité
classer par notes | date | rédacteur    longueurs: toutes longueurs moyen et long seulement long seulement


Une étincelante Aoi Yu pour un road-movie de qualité

Parfois, la grandeur d’un film tient à peu de choses, et One Million Yen Girl est la preuve parfaite de cette théorie. Sur un scénario vu et revu au cinéma, l’histoire d’une jeune fille fraichement sortie de prison pour un malentendu, qui décide de se retrouver en allant de ville en ville, l’actrice Aoi Yu confirme une fois de plus l’étendue de son immense talent dans la peau de Suzuko. Actrice découverte chez Iwai Shunji et depuis confrontée à tout un tas de rôles l’affirmant de plus en plus comme une actrice importante du cinéma nippon (voir mondial avec son rôle dans le film-omnibus Tokyo !), elle offre ici une performance de très haute volée grâce à sa prestance contradictoire. Malgré son concours de maigreur, cette dernière bouffe littéralement l’écran d’un regard troublant et d’une parole chuchotée avec grâce. Sa force contenue tout au long du film, libérée uniquement le temps d’un règlement de compte avec trois poufs, lui confère des attitudes de grande. Ce n’est sans doute pas pour rien que cette dernière apparait dans huit plans sur dix tant le film se repose sur ses épaules, pas parce qu’il fait preuve d’une quelconque médiocrité –bien au contraire, mais parce que son classicisme fait de mélo et de situations déjà vues dans le drama de série n’autorise que très peu de prises de risques malgré son côté paradoxal : d’abord cette légèreté presque estivale où l’on sert des cônes glacés sur la plage, fait péter des feux d’artifice le temps d’une soirée improvisée entre copains d’un jour ou cueille des pêches prêtes à la consommation, mais aussi cette lourdeur constamment présente parce que Suzuko porte le fardeau d’un casier judiciaire plus tout à fait vierge. Involontairement mêlée à une affaire de disparition d'argent le temps d’une collocation avec l’ex d’une de ses amies, cette dernière passa un moment derrière les barreaux avant de retrouver une vie normale faite de petits boulots le temps d’économiser de l’argent, un million de yens, pour trouver une vraie liberté. Elle laissera derrière elle sa famille et surtout son petit frère, Takuya, martyrisé et humilié par ses camarades de classe parce que sa sœur est une « criminelle ». On a trop souvent tendance à associer « crime » avec « meurtre », mais elle n’a tué personne, simplement voler de l’argent est considéré comme un « crime » aux yeux de la loi. Sale image donc.

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Elle portera les marques de ce sal dossier de villes en villes. Constamment culpabilisée par un tel évènement, elle se livrera difficilement à ceux qui ne comprennent pas ses problèmes : censée représenter une ville entière pour sa culture de la pêche, elle refusera de peur d’être exposée par les médias qui ne perdront pas de temps à afficher son casier judiciaire. Les habitants lui en voudront, l’obligeant à plier bagage pour un nouvel endroit où elle rencontrera un jeune homme, futur collègue de travail et petit ami d’un temps. Le film est d’autant plus fragile parce qu’il est éphémère, tout n’est que passager, l’histoire d’un temps. Le temps devient donc l’un des éléments les plus excitants puisqu’il oblige le spectateur à se focaliser sur la nouvelle vie de Suzuko sans oublier de jeter un œil sur la montre, il sait d’avance que chaque nouvelle vie est momentanée, annihilant par la même occasion n’importe quelle création de projet partout où passe la jeune femme. On n’est pas non plus dans le sentiment d’alerte permanent, le film étant aussi joliment planant et rythmé que tout bon drama japonais qui se respecte, mais il se démarque par sa plastique rigoureuse et rapidement identifiable. Un seul personnage à l’écran et la caméra colle au plus près de ses émotions (en l’occurrence 90% du temps avec Aoi Yu), deux personnages à l’écran et l’arrière-plan se floute. Technique bête mais donnant un cachet visuel monstre, au-delà d’une simple vraie rigueur de cadre. Le film alterne aussi calme d’un repos bien mérité et énergie pure notamment lors d’une impressionnante séquence où Suzuko s’échappe d’un tête à tête après avoir confié son « secret » à son ami, la caméra délire, se place en face de cette dernière et la suit en traveling arrière tandis que le gus la rattrape à vélo. Immense déclaration d’amour à Aoi Yu et complice absolu de ses déboires sociaux (repoussée par la société, à l’image de son petit frère) et sentimentaux dans un dernier tiers bouleversant de tension et de réalisme. Toute la rage intérieure de Suzuko est contenue, prête à exploser, mais rien ne se passera. Un simple départ, comme tant d’autres passés et à venir. A croire que la petite n’a pas d’émotion, mais bien au contraire. Cet enchainement de déconvenues sociales et amoureuses l’ont fait grandir et se retrouver à la fois, en témoigne aussi ce dernier plan aux multiples niveaux de lecture. Que dire de plus de cette excellente surprise si ce n’est qu’elle permet à Aoi Yu de trouver l’un de ses plus beaux rôles au cinéma.



21 mai 2009
par Xavier Chanoine


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