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Peppermint Candy

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les avis de Cinemasie

6 critiques: 3.92/5

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42 critiques: 3.91/5



Elise 4
Ghost Dog 4 La vie est une salope...
MLF 3
Ordell Robbie 4.25 Bonbons Amers
Sonatine 4.5 Retour sur un passé douloureux, le tout sublimé par la grâce !
Xavier Chanoine 3.75 La douleur de toute une vie
classer par notes | date | rédacteur    longueurs: toutes longueurs moyen et long seulement long seulement


Serez-vous choquez si j'ose la comparaison avec Irréversible ? Certes le sujet à l'origine n'est pas vraiment même ; dans Irréversible on assiste à la perte de contrôle d'un homme dont la copine s'est faite violer alors que là on nous montre un personnage qui manifestement a un gros probleme psychologique mais on ne sait pas pourquoi. Dans les deux cas la mise en scène propose un retour progressif dans le temps qui révèle petit à petit la raison d'un tel état, jusqu'à une révélation soudaine. Chaque nouveau retour en arrière est ponctué sympathiquement par l'image inversée d'un train en marche. Ce scénario, vraiment, est très bien ordonné et nous donne les indices au comptes gouttes, en développant au préalable la condition dans laquelle est le personnage principal avant son suicide.


Ce film est totalement porté par SEOL Gyeong-Gu, qui est présent dans toutes les scènes et ne sort jamais de son personnage ; toujours impeccable et assume les changements psychologique de son personnage à merveille ; les interprètes secondaires son également de bon support, entre autre Moon So-Ri, qu'on voit malheureusement peu, et Kim Yeo-Jin qui doit jouer également sur l'évolution de la personnalité. Très bon film à l'histoire émouvante et avec un interprète fabuleux.



12 juillet 2004
par Elise




La vie est une salope...

A l’orée de l’an 2000, lorsque les interrogations sur le futur se font vives, un homme ivre de douleur (Yongho) fait irruption dans un pique-nique au bord de la rivière avant de se jeter sous un train. Pour tenter de comprendre ce geste de désespoir ultime, LEE Chang-Dong entreprend un long retour en arrière, tel une enquête policière ou un diagramme cause-effet, dans la vie de ce quidam qui a subi de plein fouet les bouleversements de son pays au point d’en gâcher sa vie. A l’instar du très bon film US Memento, la narration suit l’ordre chronologique inverse de l’axe du temps : ainsi, l’action commence en 1999 et se clôt en 1979, après être passé successivement en 1994, 1990, 1987, 1984 et 1980. Ce procédé, loin d’être de la poudre aux yeux, est le moyen le plus explicite pour permettre au spectateur de se plonger dans le passé trouble de Yongho, et de la Corée par la même occasion. Et curieusement, ce choix s’avère plutôt frustrant pendant une bonne partie du film : plus on recule dans le temps, et moins on comprend son suicide…

Frustrant, donc, jusqu’à un point de basculement où l’on croit deviner la cause de tous les maux ; et à partir de là, Peppermint Candy, qui semblait s’endormir sur ses lauriers du fait de son côté contemplatif parfois poussé, revêt à nos yeux une toute autre dimension. Petit à petit, la dénonciation se fait plus forte, la cause plus évidente, et le film en devient tragique, tel une pièce de théâtre de la Grèce Antique. Portée à bout de bras par un acteur attachant (Sol Kyung-Gu) qui passe de 40 à 20 ans sans que cela choque, même lorsqu’il est filmé en gros plan, l’œuvre se clôt sur une larme de bonheur, qui rend plus douloureux encore le suicide 20 ans plus tard. Si le spectateur occidental sera ému en tant qu’homme, les coréens ont, eux, été émus en tant que coréens, car ils partagent le même passé que Yongho. Pas étonnant dès lors que 500 000 entrées aient été enregistrées là-bas sur seulement 10 copies. Assurément, Peppermint Candy fait partie de la liste des films incontournables de l’an 2002 ; on ne peut que remercier Swift d’avoir eu le courage de le distribuer en France.



12 mai 2002
par Ghost Dog




Bonbons Amers

A défaut d'être la réussite majeure espérée au vu des belles promesses de Green Fish, Peppermint Candy contient néanmoins assez de très grands moments de cinéma pour s'imposer malgré ses défauts comme un film qui compte. On pourrait penser que Lee Chang Dong a été trop ambitieux pour un cinéaste débutant. Or Cimino et Coppola l'ont été tout autant en début de carrière avec la réussite qu'on sait. Peppermint Candy essaie de raconter rien de moins que 20 ans de l'histoire d'un pays au travers d'un destin individuel: l'instauration de la loi martiale et la répression qui en découla, l'accalmie démocratique, le décollage économique et enfin les désillusions de la crise asiatique des années 90.

Le film prolonge en cela ce qui n'était que suggéré dans un Green Fish dépeignant déjà comment des changements historiques rapides et brutaux pouvaient faire passer un homme du mauvais côté de la barrière (le suicide ici, l'illégalité dans Green Fish). Comme le héros de Green Fish, Yongho est un inadapté chronique. A l'instar des grandes figures de romans picaresques, il va occuper plusieurs positions dans la société au cours de ses "aventures" (cadre, policier, soldat) sans jamais sentir vraiment qu'elles lui correspondent. De ce point de vue, le film a une vraie dimension romanesque, point fort des films de cet ancien écrivain. Point fort qui le rapproche d'une certaine idée du cinéma ayant fait les beaux jours du cinéma américain et résumable par "premièrement un scénario écrit, deuxièmement un scénario écrit, troisièmement un cinéaste au pire bon technicien au mieux auteur inspiré". On va alors avoir droit pendant près de deux heures à un cours d'histoire coréenne racontée à l'envers.

Justement, c'est ce dernier choix scénaristique qui l'empêche d'être véritablement abouti. On devine bien les intentions de Lee Chang Dong: faire croitre l'intensité émotionnelle en se rapprochant progressivement du trauma originel qu'a été la répression du Tien An Men coréen de 1980 puis conclure sur l'innocence du héros que le spectateur sait irrémédiablement perdue. Raconter une histoire autrement que de façon linéaire, c'est alors substituer à la progression linéaire des événements un autre moteur narratif (qui peut etre le souvenir, l'interaction passé/présent...) qui décuple la force émotionnelle du récit. Or ici au contraire cette construction "à l'envers" pose problème durant la première partie du film parce que le scénario met du temps à mettre en place le crescendo dramatique voulu par le cinéaste. Le talent des acteurs et celui de Lee Chang Dong metteur en scène maintiennent alors néanmoins le film à niveau. On peut ainsi à ce stade mentionner le sens du cadre de Lee Chang Dong, sa capacité à créer la durée, sa mise en scène alternant effets discrets et quelques rares passages plus stylisés d'autant plus frappants dès lors.

Ce n'est pourtant que dans sa seconde partie que le film se met à tutoyer les sommets lorsque sa dramatisation fonctionne enfin: le scénario exploite alors au maximum le potentiel dramatique de toutes les situations, le rythme se fait plus reserré, la dimension de quête sentimentale/quête de l'innocence perdue s'installe vraiment et devient un véritable moteur dramatique. Du coup, la gradation émotionnelle forte d'un segment à l'autre est alors véritablement en place et va offrir des moments de cinéma poignants: les interrogatoires musclés d'opposants au régime, les moments d'intimité amoureuse, le karaoké suivi d'un dialogue au son d'un saxo hurlant ces nostalgiques Feuilles Mortes qui prennent alors une saveur amère, la rencontre à vélo à la poésie kitanienne, les tentatives de la compagne du héros de lui rendre visite durant la répression, l'action militaire durant cette période, l'étudiante croisée en pleine expédition punitive qui lui rappelle sa compagne, le beau final nostalgique. Le scénario du film comme ses acteurs (le tandem Sul Kyung Goo/Moon So Ri faisant des étincelles) sont alors toujours à deux doigts d'en faire trop dans le désespoir et la tristesse mais le film finit alors par se trouver et par émouvoir le spectateur.

Avec une attention plus grande apportée à la dramatisation durant le début du film, le film aurait été la superbe réponse de la Corée aux Edward Yang, Hou Hsiao Hsien et Ann Hui si talentueux dès qu'il s'agit d'élargir le quotidien le plus simple d'un individu aux dimensions de l'histoire d'un pays. Mais en offrant au cinéma et à la Corée une oeuvre poignante, Lee Chang Dong aura néanmoins confirmé qu'il est un cinéaste coréen à suivre.



17 juillet 2002
par Ordell Robbie




La douleur de toute une vie

La particularité de Peppermint Candy, c'est sa cohérence rarement prise à défaut malgré le risque de s'empêtrer dans le narratif décousu en retournant les époques par l'intermédiaire d'un voyage en train. Les voyages en train (dans le sens inverse) sont d'ailleurs les seuls moments que l'on pourrait qualifier de "poétiques" dans cet univers pessimiste et crasseux, où les chances de réussite de Yongho sont plus minces qu'autre chose. Ce qui explique d'ailleurs sont suicide en introduction, pari risqué de la part du cinéaste, mais à l'intention louable. Peppermint Candy retrace donc sur 20 ans les grandes étapes de la vie de notre héros, sans pour autant rentrer clairement dans les détails. Lee Chang-Dong préfère plutôt évoquer ces étapes par des scénettes qui prennent fin souvent par une action : le don d'un appareil photo, une prière qui se termine en larme, une visite dans une caserne qui tourne mal, un pique-nique près d'une rivière, etc. Ces séquences sont d'ailleurs précédées d'un écriteau nous informant de ces actions, et indiquant la date à laquelle nous tombons.

Mais le plus dérangeant dans Peppermint Candy c'est cette vision vraiment cruelle des choses. Par exemple, lorsque Yongho revoit une amie qu'il fréquentait à la caserne 15 avant, cette dernière se trouve entre la vie et la mort sur un lit d'hôpital. Son amie voulait le voir à tout prix pour lui donner un appareil photo (au contenu riche de souvenirs), et une fois reçu, Yongho s'empresse d'aller le revendre pour se faire quelques dizaines de milliers de wons. Ecoeurant. Lee Chang-Dong pousse donc le vice de la déchéance d'un homme si loin que son personnage ne se soucie plus de personne, et ce trois jours avant sa mort. La métaphore du retour dans le temps, évoquée par les voyages en train, nous permet de souffler quelques instants avant de retomber dans un passé fait de haine et de violence (les passages à tabac de et sur Yongho...), à l'image de la condition des coréens à cette époque, aussi bien du temps des hippies que de l'occupation militaire.



02 février 2007
par Xavier Chanoine


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