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Le Pornographe

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les avis de Cinemasie

2 critiques: 4/5

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11 critiques: 4.09/5



Ordell Robbie 4.25 Drole, formellement audacieux et avec 20 dernières minutes extraordinaires
Xavier Chanoine 3.75 Visuellement ancré dans son époque et amusement de tous les instants
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Visuellement ancré dans son époque et amusement de tous les instants

Ce tourbillon dans l'esprit tordu d'un cinéaste raté du film porno est l'occasion pour Imamura de peaufiner son étude sur le sexe dans une société qui ne lui laisse plus beaucoup de place. L'étude est géniale, puisqu'en plus d'être acerbe et ludique, elle est d'une drôlerie rappelant les oeuvres populaires de la Nikkatsu à l'époque où Suzuki Seijun cassait la baraque avec ses polars et films d'action au rythme effréné. Le Pornographe c'est une sorte de documentaire sur une famille déjantée malgré elle : Ogata, le "père" de famille est l'aventure d'Haru, femme déséquilibrée depuis la mort de son mari. Elle n'est pas la seule à être déséquilibrée puisque ce même Ogata ne semble pas bien sûr de ses relations et éprouve quelques sentiments pervers pour sa belle fille, Keiko, sorte d'adolescente (elle est alors âgée de 15 ans) mollusque traînée sur les tournages clandestins de films pornos et incapable de se plonger dans ses études. Haru a aussi un fils, Koichi, mollusque lui aussi en pleine découverte de son corps, s'inventant des maladies pour avoir un "contact" charnel (même avec sa mère). Ogata n'est pas seulement qu'un réalisateur de film porno tournés en 8mm, il vend aussi des produits médicaux pour redonner vigueur et force à ces messieurs, mais paradoxalement, Ogata devient au fur et à mesure que le temps passe et que sa femme dégénère, impuissant. Imamura dépeint cette joyeuse famille non sans cynisme et casse les tabous sociaux avec la vigueur de l'homme fort : Ogata qui espionne sa belle fille en petite tenue jusqu'à renifler les petites culottes (ces dernières faisant encore aujourd'hui office de fantasme au Japon, au même titre que le sailor fuku traditionnel), le fantasme de casser les barrières légales en s'essayant à l'inceste "administratif" (Keiko n'étant pas sa fille de sang) ou en tournant des métrages pornographiques avec le premier gus venu, l'une des premières séquences rappelant encore que seul "l'engin" compte face à la caméra, puis la multiplication de petites scénettes amusantes ou imagées, notamment lorsque Ogata et Haru se touchent furtivement, la caméra étant placée de telle manière à ce que le visage de cette dernière fusionne avec l'eau de l'aquarium, filmage non sans évoquer l'idée du plaisir "humide" et de la tromperie, Haru s'étant promise de respecter la mort de son mari en restant veuve et l'aquarium (et la carpe à l'intérieur) de symboliser l'espace où git l'esprit de ce dernier. La séquence finale où Ogata finit de concevoir son objet qui lui redonnera peut-être du plaisir finit de nous achever quant à la représentation de la cassure des tabous.

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En plus d'être particulièrement loufoque tout en restant critique et drôlement sérieux dans ses propos, Le Pornographe est aussi une petite merveille de technicité. La Nikkatsu pouvait être encore une fois fière d'avoir dans ses rangs un cinéaste comme Imamura, ce dernier n'hésitant pas sur les moyens pour bouleverser le code visuel : filmage souvent très éloigné de l'action, derrière une paroi ou une porte laissant apparaître une petite brèche pour que le cinéaste -et le voyeur- puisse scruter les moindres faits et gestes des protagonistes, déstructuration du cadre dont un formidable plan de travers sur un rituel Bouddhiste, un autre en plongée sur un fauteuil tournoyant (ou comment donner la définition au pop'art), une belle part donnée à la profondeur de champ avec ce magnifique mannequin qui avance lentement vers le cadre avant de l'illuminer au sens propre et figuré par son sourire éclatant, ce plan en plongée à travers l'aquarium, ce plan-séquence dans une salle aux motifs baroques où des couples s'embrassent goulûment et où Ogata tente de retrouver un peu de fougue sexuelle accentuée par la réplique "Les orgies amènent à la liberté", admirable de sens et de représentation sexuelle métaphorique. De plus, Imamura semble privilégier les petits espaces, comme si les personnages étaient enfermés dans leur propre bêtise, leur propre délire. On apprécie aussi l'onirisme de certaines séquences, dont l'une des plus impressionnantes où Haru tente de franchir les barrières de sa folie, isolée en pleine rase campagne chimérique (sous une musique rock'n roll incroyablement punchy). Le film regorge de séquences audacieuses sur le plan formel et apportent du vrai à cette entreprise hypocrite sur le sexe. Imamura a frappé un joli coup avec Le Pornographe, frisant l'hystérie la plus totale lors de sa dernière demie heure. Soufflant, malgré quelques petites longueurs du fait de plans parfois trop étirés.



31 janvier 2008
par Xavier Chanoine


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